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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare
Autoren: Pierre Naudin
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et, une longue épée dans sa dextre, marcha à très grand-peine vers Maingot pour l’occire en l’accusant d’avoir reculé devant les Goddons, huit ans plus tôt, époque où il était capitaine de Saint-Jean d’Angély…
    –  Puis il trouva le défaut de l’armure !
    – Non, maître Goussot. Il releva la ventaille de Maingot pour croiser son regard avant de le meurtrir… Or, Maingot était mort, frappé de popelésie (197) .
    –  La main de Dieu.
    – Je ne le sais… Comme souvent, c’était le meilleur qui mourait… Le cheval de Maingot appartenait de droit à Archiac. C’était, je dois le dire, un coursier magnifique. Le dauphin, présent, le voulut. Il était bienséant qu’Archiac le lui offrit, même avec regret et douleur…
    – Il le lui vendit ? Il eut cette outrecuidance ?
    Tristan hocha la tête et, s’adressant aux aides de maître Goussot, attentifs et suffoqués :
    – Il le vendit très cher : quatre cents deniers d’or.
    – Merdaille ! soupira Yvain. Il me faut plusieurs années d’ouvrage pour gagner cela…
    – Moi qui voulais lui faire un prix… grommela maître Goussot.
    Et se tournant un peu, il frémit. Et tout bas :
    – Quand on parle du loup…
    Fouquant d’Archiac venait d’entrer dans l’atelier.
    D’un pas leste, il marcha jusqu’à l’enclume, vit l’épée de passot mais n’osa la toucher :
    – Belle allumelle (198) … Quand auras-tu fini ?
    –  Demain, en fin de matinée.
    – Trop tard. Je veux partir à l’aube.
    – Impossible, messire.
    – Passe la nuit. Ta femme, demain soir, te paraîtra meilleure.
    –  Même si j’achevais cette épée avant l’aube, votre armure ne serait point réparée.
    –  Tes aides, eux aussi, n’ont qu’à passer la nuit. Yvain, Guyot et Flourens grimacèrent. Soudain, à bout d’arguments, Fouquant d’Archiac s’avisa d’une présence importune :
    –  A moins que cet homme n’ait ta préférence ! D’une main, il avait saisi maître Goussot par le cou.
    Tristan vit l’armurier chercher sur son enclume un marteau qui ne s’y trouvait plus. Et pour cause : il le tenait dans sa dextre.
    – Holà, messire ! dit-il tout en tapotant ostensiblement sa paume senestre avec la panne de l’outil. Je suis l’hôte de maître Goussot. Je suis passé le voir avant de regagner ma chambre. C’est un ami. En tant que tel, je vous prie de le lâcher promptement.
    – Qui es-tu pour oser me parler sur ce ton ?
    – Je suis chevalier. Je te connais et tu me connais. Tristan fit deux pas vers le seuil de l’atelier. Il était certain, en s’exposant à la lumière, de provoquer un « Oh ! » qu’effectivement il entendit.
    –  Si ton nom ne me revient pas, je reconnais ton visage.
    – Mon nom est Castelreng et mon prénom Tristan. Nous n’avons jamais cousiné ensemble.
    – C’est vrai.
    – Tu fus l’ami de Guillonnet de Salbris et de Thomas d’Orgeville.
    – C’est vrai.
    – Orgeville est mort à Brignais.
    « A quoi bon dire à ce rioteux que je l’ai occis parce qu’il m’avait assailli. »
    –  Dieu ait son âme, dit Archiac en se signant. Et Salbris ?
    – Je l’ai percé d’un carreau d’arbalète. Il me cherchait, je l’ai trouvé.
    Archiac, cette fois, ne se signa point.
    –  Tout de même, dit-il, je t’ai connu à Auxerre lors de cette soirée chez Perrette Damichot.
    – C’est vrai. Je l’avais oublié.
    – Puis je t’ai perdu de vue… J’avais quitté Paris avec Tancarville, le 30 novembre.
    – J’en suis parti avec le roi Jean le 5 décembre.
    – Cette soirée a eu lieu le 17 (199) …
    Archiac avait bonne mémoire. Il ajouta :
    – J’ai rejoint le roi à Dijon six jours plus tard : le 23. Tu n’étais plus là… Où étais-tu passé ?… Demeuré avec la Perrette qui te faisait du charme ?
    Tristan, soudain, fut las d’un tutoiement qui l’indisposait. Il s’était toujours écarté de cet homme lorsqu’il l’avait deviné enclin à lui adresser la parole. Pour ce jour d’hui, il s’était montré suffisamment disert. Il en éprouvait du regret. Son mépris survivait. Le seul fait concernant Archiac dont il gardait souvenance, c’était sa riote avec Maingot Maubert. Il retrouvait d’ailleurs, trait pour trait, le présomptueux de ce jour de fureur et de soleil. Un grand hutin aux épaules larges, aux jambes tordues par d’innombrables chevauchées. Il scrutait sans plaisir ce visage rond et glabre
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