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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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« Sire, restez donc ici ! Vous ne manquerez pas de belles dames à aimer jusqu’au matin. « Benstede m’a raconté cela pour me montrer la lubricité du roi. Je ne comprends pas pourquoi le souverain refusa cette offre et préféra affronter les dangers du trajet, d’autant plus que, selon les bruits qui courent, le roi et la reine n ‘étaient pas passionnément attachés l’un à l’autre.
    — Il semblerait qu’Alexandre ait décidé spontanément de partir pour Kinghorn, mais, dans ce cas, comment se fait-il que le sénéchal l’attendait de l’autre côté du Firth of Forth ? »
    Avec un soupir, Corbett relut ses notes avant de continuer : «  Toutes ces questions doivent avoir leurs réponses ; j’essaierai de les trouver et de vous en faire part, sans éveiller les soupçons, ce qui sera difficile. La situation générale en Ecosse s’est stabilisée. Le roi Alexandre n’a pas laissé de fils héritier, mais les barons ont déjà prêté serment d’allégeance à la jeune princesse de Norvège, qui peut prétendre au trône par sa mère, fille d’Alexandre et épouse du roi Eric de Norvège. Étant donné que ce n’est qu’une enfant et qu’elle ne réside pas dans le pays, un Conseil de régence a été mis en place. En font partie Lord Stewart, Lord Comyn, le comte de Buchan et celui de Fife ainsi que les évêques de St Andrews et de Glasgow. Vous aurez d’autres lettres. Dieu soit avec vous. Écrit à l’abbaye de Holy Rood, 16 mai 1286. »
    Corbett relut le parchemin avant de le rouler et de le sceller maladroitement à la cire. Le froid et la longue séance d’écriture lui avaient engourdi les doigts. Il se leva, se versa un gobelet d’une amère piquette et alla s’asseoir sur son étroite paillasse. Il avait dit à Burnell que tout allait bien. Ce n’était pas vrai. Une certaine tension, une impression de solitude et de menace planaient sur le palais royal. D’abord il y avait eu trop de prophéties annonçant la mort d’Alexandre ; ensuite, bien que la jeune Marguerite de Norvège eût été reconnue comme l’héritière de la couronne, il y avait d’autres prétendants au trône et, enfin, nombreux étaient ceux qui étaient prêts à tirer parti de la confusion née des querelles de succession, et en tout premier lieu les puissants clans écossais qu’Alexandre avait fermement tenus en laisse pendant son long règne. Corbett étendit ses jambes sur le lit et pensa à la question que posait le grand Cicéron à propos de chaque meurtre : Cui bono ? « A qui profite le crime ? » Qui avait tiré avantage de la chute du roi Alexandre dans les ténèbres d’une profonde nuit ? Était-ce un accident ou le brutal assassinat d’un souverain, l’Oint du Seigneur ? Corbett réfléchissait encore lorsqu’il s’endormit d’un sommeil agité.

CHAPITRE II
    Le lendemain, Corbett se sentit assez reposé pour commencer à chercher les réponses aux problèmes qu’il avait soulevés dans sa lettre. Il employa son temps à récupérer, bavardant avec les moines, furetant dans leur petite bibliothèque et dans leur scriptorium où certains frères, exemptés des offices de terce, sixte et none, travaillaient toute la journée pour profiter le plus possible des heures d’ensoleillement. Corbett aimait les bibliothèques, l’odeur du parchemin, du vélin et des peaux, les étagères bien rangées, l’atmosphère de ces lieux tout entiers consacrés à l’étude. Il se sentait à l’aise, assis à un modeste bureau, entouré de ces objets si prisés par n’importe quel clerc zélé : encriers, plumes bien taillées, fins canifs et petites pierres ponce pour égaliser le parchemin rugueux et blanc. Il s’entretenait avec les moines ; certes, il ne comprenait pas leur langue maternelle, mais nombre d’entre eux parlaient couramment latin ou français. Ils le mirent au courant des divisions régnant dans leur pays, de la différence entre les Highlands tenues par les descendants des anciens Celtes et les Lowlands du sud dominées par les familles d’origine anglo-normande, comme les Bruce, Comyn, Stewart et Lennox, dont la façon de vivre était proche de celle des grandes familles d’Angleterre qui servaient le noble roi Edouard. En fait, comme le souligna le prieur, homme austère et de haute taille, à l’humour sec et corrosif, la plupart des moines ne différaient en rien de Corbett de par leur origine, leur éducation et leur tradition
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