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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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où louer un cheval dans le village proche d’Inverkeithing. Cela revint cher à Corbett bien qu’il ne trouvât qu’un simple poney non ferré ; comme, en plus, sa monture n’était guère plus haute qu’une mule, il se sentait ridicule en la chevauchant, car ses bottes touchaient presque le sol. En revanche, l’animal avait le pied sûr. Une grande qualité, se disait Corbett en gravissant la falaise qui s’élevait devant eux. Lorsqu’il atteignit le sentier tout en haut, le clerc se retourna et comprit pourquoi le roi avait emprunté cet itinéraire : la mer qu’il gardait à main droite lui servait de repère infaillible le long de la côte. Cela était de loin préférable à l’intérieur des terres où l’on pouvait s’égarer dans une lande sauvage qui s’étendait des falaises jusqu’à l’horizon, et ce, encore plus facilement par une sombre nuit de tempête. Corbett regarda le ciel, estima que c’était l’après-midi et laissa le poney se frayer un chemin, tout en veillant à ce qu’il ne s’approche pas du bord. Il traversa le village d’Aberdour, et le chemin se mit à grimper. Corbett comprit qu’il arrivait à Kinghorn Ness, là où était mort le roi. Il faisait chaud à présent, mais en sentant les rafales de vent lui fouetter le visage et en entendant les vagues gronder en contrebas, Corbett se demanda ce qui avait bien pu pousser un homme sain d’esprit à s’aventurer sur ce sentier dangereux et à braver, en pleine nuit, les éléments déchaînés.
    Il atteignit enfin le sommet ; le sentier était étroit avec d’un côté l’à-pic et de l’autre un épais enchevêtrement de buissons épineux et rabougris. Corbett mit pied à terre, entrava son poney et observa les alentours. Le sentier, recouvert à cet endroit de plaques de schiste, était à son point culminant et descendait ensuite abruptement vers le manoir royal fortifié de Kinghorn, que Corbett apercevait vaguement en contrebas. Un cheval pouvait facilement glisser et expédier son cavalier sur les rochers noirs qui surgissaient, gueule ouverte, du sable argenté balayé par la mer. Le clerc s’agenouilla et s’approcha à croupetons de l’à-pic. Il passa ses doigts le long du rebord, tâtant la végétation tenace qui poussait sur la paroi rocheuse. C’était des touffes d’herbe dure et résistante qui s’accrochaient agressivement à la vie, toutes sauf une, à moitié déracinée, où s’attachaient encore les torons déchiquetés et effilochés d’une corde. Corbett recula prestement, se redressa et se dirigea vers les buissons d’épineux. Quelqu’un s’était tenu là ; les branches étaient brisées et écrasées à l’endroit où on s’était accroupi. Mais il savait que cela avait pu être fait par n’importe quel curieux venu voir le lieu où était mort le roi Alexandre, ou encore par la corde qu’on avait dû utiliser pour remonter finalement le corps du souverain.
    Satisfait, Corbett désentrava son poney, remonta en selle et descendit prudemment le sentier abrupt qui menait à Kinghorn. Les moines lui avaient donné le nom de forteresse, le passeur celui de palais. En fait, c’était un manoir fortifié, avec une tour en pierre surmontant le corps de logis à un étage également en pierre ; les communs étaient en bois et le tout était protégé par un énorme et long rempart et par des douves profondes. Il s’approcha de la porte principale, mais le carreau d’une arbalète, se fichant en terre devant lui, l’arrêta brusquement. Il mit pied à terre, leva les bras et cria qu’il venait avec des intentions pacifiques saluer la veuve du roi, la reine Yolande, de la part du chancelier d’Angleterre. Il douta fort que le garde l’eût entendu, encore moins compris, mais, au bout d’un moment, une silhouette apparut sur le chemin de ronde au-dessus de l’entrée et lui fit signe de franchir l’étroit pont-levis qui enjambait les douves. La porte s’ouvrit juste assez pour lui permettre d’entrer. A l’intérieur, c’était l’animation et le fracas habituels de toute cour de château, mais en plus il y avait force soldats bien armés arborant les armoiries royales de l’Écosse, un lion blanc rampant. Un capitaine, portant bassinet d’acier et presque toute son armure, examina les lettres de créance de Corbett, lui ôta son poignard et écouta attentivement les explications du clerc. Satisfait, il lui fît brutalement signe de le suivre dans la cour
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