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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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jusqu’à ce qu’il l’interrompît doucement.
    — Madame, mon maître et souverain le roi Édouard sera ravi d’apprendre que vous êtes enceinte*. Une petite consolation en ces temps de grande tristesse.
    La reine eut un sourire presque narquois en caressant son ventre.
    — Mes pensées ne vont pas à votre roi, Messire Corbett, mais à un futur souverain d’Écosse !
    Corbett perçut le ricanement étouffé que laissa échapper la dame de compagnie rousse, mais feignit de ne pas l’avoir entendu. Ce que ne fit pas la reine, qui se retourna d’un bloc et jeta un coup d’oeil furieux à sa suivante avant de revenir à Corbett et de lui tendre la main pour lui donner congé. Corbett s’inclina, effleura de ses lèvres la main blanche et fraîche et se retira, ignorant le regard insolent de la dame de compagnie qui avait mis soudainement fin à cet entretien.

CHAPITRE III
    En sortant, Corbett retrouva le capitaine des gardes qui l’attendait, un peu moins tendu depuis qu’il avait vu le clerc accepté par la reine douairière.
    — Avez-vous l’intention de repartir ce soir ? demanda-t-il dans un anglais guttural.
    — Pourquoi ? s’enquit Corbett avec un sourire. Aurais-je le choix ?
    Le soldat haussa les épaules.
    — Vous pouvez passer la nuit ici et retraverser le Firth of Forth à l’aube, c’est à vous de décider.
    — Eh bien ! je vous remercie, répondit courtoisement Corbett, je vais rester ici. Mais dites-moi, ajouta-t-il, qui donc est cette dame de compagnie aux cheveux roux ? Elle a l’air d’une fieffée coquine !
    Le sourire du capitaine dévoila ses dents jaunes et adoucit la sévérité de son visage.
    — Vous parlez d’Agnes Lennox ? ironisa-t-il. Vous avez raison. C’est une fieffée coquine. La reine et elle ne s’aiment pas beaucoup. Pourquoi ?
    — Pour rien, murmura Corbett. Mais écoutez ! Étiez-vous de service la nuit où le roi est mort ?
    — Bien sûr. Mais je n’ai pas bougé d’ici. C’est un messager qui est venu annoncer sa mort.
    — Le même homme, interrompit Corbett, qui avait apporté le message disant qu’Alexandre avait l’intention de rejoindre Kinghorn ?
    — Oh ! que non ! rétorqua le soldat. Ça, on l’a su simplement par une lettre donnée au portier juste à la tombée de la nuit. Dieu sait qui l’a apportée. Vous feriez mieux de poser cette question au sénéchal.
    Corbett sentit son coeur battre plus vite.
    — Le sénéchal qui attendait le roi au débarcadère ?
    — Lui-même, Alexandre. Il a le même prénom que le défunt roi. Pourquoi cette question ?
    Il plissa les yeux et son regard se durcit.
    — Vous posez beaucoup de questions, Messire l’Anglais !
    Corbett sourit et s’excusa :
    — Je suis désolé, mais la cour d’Angleterre a été si bouleversée par la mort de votre roi qu’elle avait peine à y croire. Mes maîtres m’ont ordonné de partir à la chasse aux nouvelles.
    Le soldat se détendit et lui donna une petite tape protectrice sur l’épaule.
    — Oui, je sais ! Nous avons tous des ordres. Moi-même, j’ai du mal à croire que le roi est mort et à ne pas penser que c’est une simple rumeur. Mais venez ! Je vais vous présenter à Alexandre. Il a raconté son histoire plus d’une fois et je suis sûr qu’il adorera la redire.
    A la suite du capitaine des gardes, Corbett descendit l’escalier à vis et pénétra dans la grand-salle. Celle-ci avait dû être, en des jours plus fastes, une salle princière, voire royale, avec son estrade trônant au bout, dominée par une immense tapisserie représentant les armoiries du royaume d’Écosse. Mais à présent, elle avait piètre allure. Les herbes jonchant le sol n’avaient pas été changées, des lévriers affamés y cherchaient des restes de nourriture, et Corbett entendit des couinements et des trottinements de rats ; les tables sur tréteaux, de chaque côté de la pièce, étaient constellées de taches de vin et de reliefs de repas. Les torches fichées au mur grésillaient férocement, faute d’avoir été nettoyées, et Corbett se rendit compte que les serviteurs profitaient sans scrupules de la situation dans laquelle la mort du roi avait laissé sa veuve, seule et isolée. Attablés devant gobelets et pichets, un groupe d’hommes lançaient les dés, avec force jurons et exclamations. Prenant Corbett par la manche, le capitaine l’entraîna vers les joueurs. Il frappa l’un d’eux sur l’épaule en
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