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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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tout, elle l’attendait.
    Le regard fixé sur la table, le sénéchal tentait de se concentrer.
    — Je ne sais pas, marmonna-t-il. Le gars qui était resté avec moi s’en est retourné et l’autre écuyer aussi. De toute évidence, il avait distancé le roi et était arrivé au manoir. Pourquoi la reine ou lui n’ont pas pensé à organiser des recherches, ça, c’est un mystère.
    Son regard d’ivrogne se posa sur Corbett.
    — Toute cette affaire est un mystère, Messire, et peut-être que vous devriez essayer de le résoudre. Le désir qu’avait le roi d’être auprès de la reine est un mystère, ajouta-t-il amèrement, car il n’en aurait guère eu de plaisir.
    — Que voulez-vous dire ? demanda Corbett. La reine Yolande détestait-elle son époux ?
    Alexandre se contenta de grimacer, avant de laisser échapper un pet et de s’écrouler dans un sommeil d’ivrogne. Corbett se leva, étouffant un juron, puis, s’enroulant dans la cape élimée à la propreté douteuse, il choisit l’endroit le moins souillé de la pièce, se coucha et s’endormit.
    Il se réveilla le lendemain matin complètement endolori et se sentant sale. Il se leva, sortit pisser dans la cour et descendit aux cuisines mendier un gobelet de petite bière et une tranche de bacon fort gras pour calmer la faim qui le tenaillait, car il n’avait pas mangé depuis son départ, la veille, de l’abbaye de Holy Rood. Désireux de quitter le manoir de Kinghorn avant que le capitaine des gardes ou Alexandre se mettent à le questionner, il s’empressa de finir son repas et de se rendre à l’écurie. Là, il sella le poney et se dirigea vers l’entrée du manoir. Il l’avait presque atteinte, lorsqu’il s’entendit héler. Se retournant, il vit la Lennox, la dame de compagnie rouquine, sortir du corps de logis, un pot de grès à la main. Il s’arrêta, étouffant un grognement de dépit. Elle s’approcha.
    — Vous nous quittez bien tôt, Messire l’Anglais ! lui lança-t-elle en le toisant de la tête aux pieds de son regard impudent.
    — En effet, répliqua le clerc. Il le faut bien. La prochaine fois, peut-être... ?
    — La prochaine fois, murmura Agnes d’une voix rauque, nous pourrons bavarder et faire plus ample connaissance, n’est-ce pas ?
    — C’est cela, rétorqua Corbett, mais pas maintenant ! Adieu !
    — Au revoir, Messire, à très bientôt ! lança-t-elle effrontément.
    — Au revoir ! dit Corbett avec un soupir avant de tourner bride.
    Quelques instants plus tard, après une courte discussion avec un garde ensommeillé, il sortait du manoir de Kinghorn et se dirigeait vers l’embarcadère.
    Il l’atteignit sans incident, mais dut attendre en regardant l’aube se lever qu’arrive le passeur. Celui-ci accueillit chaleureusement Corbett, veilla à ce que le poney fût ramené à son écurie d’Inverkeithing et fit traverser le Firth of Forth au clerc. Cette fois-ci, ce fut lui qui se montra curieux et posa des questions sur la reine et les grands de ce monde. Corbett, transi et affamé, répondit du bout des lèvres et fut heureux quand ils débarquèrent à Queensferry. Il s’éloignait pour récupérer son cheval lorsqu’il se rappela quelque chose. Il revint rapidement vers le passeur...
    — Dites-moi, lança-t-il d’une voix tendue, avez-vous transporté quelqu’un d’autre le jour de la mort du roi ?
    L’homme hocha la tête.
    — Non, non ! La tempête a duré toute la journée. Je n’ai fait traverser que le roi.
    — Mais quelqu’un l’a fait, pourtant ! continua sèchement Corbett.
    — Oui, peut-être, répliqua le passeur, mais ce n’était pas moi.
    — Qui, alors ?
    L’homme grimaça un sourire.
    — Taggart, peut-être. Mais il est mort.
    Corbett tourna les talons avec irritation, passa chercher son cheval et revint péniblement vers l’abbaye de Holy Rood.
    Il ne traversa pas Édimbourg, mais prit le même chemin qu’à l’aller, évitant la cité et avançant lourdement sur le sol marécageux jusqu’à ce qu’il atteignît le sanctuaire blanc et propre de l’abbaye. Le prieur l’accueillit sur un ton moqueur, mais Corbett vit que les moines étaient sincèrement heureux de le revoir. Pour la première fois depuis longtemps, Corbett se sentit entouré d’amis et il éprouva une soudaine tendresse pour ces hommes à l’âme simple, mais à l’esprit subtil, plongés si intensément dans leur routine de prière, de travail et d’étude
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