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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale
Autoren: Paul C. Doherty
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compagnie dans la salle.
    — Vous m’avez manqué, Corbett.
    Sa poigne se fit plus lourde ; il attira le clerc si près de lui que ce dernier sentit l’odeur du cuir, de la sueur et du parfum un peu écoeurant qui émanait des vêtements d’Édouard.
    — Je vous envoie des missives, mais vous ne répondez pas. Je vous convie à des réunions du conseil, mais vous n’y venez pas. Vous n’êtes qu’un bâtard pleurnicheur et morose.
    Les doigts du roi s’enfoncèrent dans l’épaule de Corbett.
    — Qu’êtes-vous en train de faire, Monseigneur ? s’étonna son ancien clerc en chef. Désirez-vous me parler ou m’étrangler ?
    Le roi esquissa un sourire et laissa retomber sa main. Il allait s’expliquer quand la porte s’ouvrit brutalement et qu’oncle Morgan Ap Llewellyn, vêtu plutôt ridiculement de drap vert de Lincoln et d’une cape militaire sombre qui voltigeait autour de lui, fit irruption dans le hall dans le tintement de ses éperons. L’un d’entre eux se prit dans la jonchée {5} . Oncle Morgan chancela et Corbett se mordit les lèvres pour réprimer son fou rire.
    — Satanée litière ! jura oncle Morgan qui se mit à donner des coups de pied dans l’insolente jonchée.
    Il avait le visage crasseux et de larges auréoles de transpiration tachaient sa poitrine et sa chemise. Il jeta sa cape sur la table.
    — Hugh, ne pouvez-vous pas vous offrir des tapis turcs ?...
    Il se rendit soudain compte de la personne qui se trouvait en face de lui. Il faillit bousculer le souverain en mettant un genou à terre et en repoussant ses cheveux trempés de sueur.
    — Sire, j’ignorais que vous étiez céans, haleta le Gallois. Je chassais...
    Le monarque prit la main de Morgan, l’aida à se relever et l’étreignit.
    — J’aurais aimé vous accompagner.
    Édouard planta un baiser sur la joue d’oncle Morgan puis le tint à bout de bras.
    — Ces jeunes chiens ne nous valent pas à la chasse, Morgan. Ils s’amollissent !
    Corbett ferma les yeux et pria pour garder son calme. Le roi, comme d’habitude, était charmant avec les gens envers lesquels il aurait pu se dispenser de l’être. Le seul résultat serait de provoquer oncle Morgan qui se lancerait dans son homélie habituelle : prouver à quel point Corbett et les autres avaient perdu toute énergie.
    — Sire, j’en ai déjà fait la remarque.
    Morgan leva un index boudiné et son visage rubicond et amical se fendit d’un sourire entendu.
    — Des mollassons. Ce n’est pas comme au pays de Galles, n’est-ce pas, Sire ? Quand vous me pourchassiez et que je vous pourchassais.
    « Oh, mon Dieu, oh, s’il vous plaît, qu’il ne recommence pas avec cette histoire ! » pria le magistrat par-devers lui.
    — Écoutez, dit le roi en enlaçant affectueusement Morgan tout en clignant de l’oeil à Corbett, les gens de mon escorte, là, dehors – bande de bougres de fainéants tous autant qu’ils sont ! Pouvez-vous vous assurer qu’ils ont de quoi se restaurer ? Et mettre un peu d’ordre parmi eux ?
    L’oncle de Maeve se redressa, se rengorgeant comme un ramier et rejetant la tête en arrière, ravi qu’on lui confiât une telle responsabilité. Il tourna les talons et bondit comme un lévrier vers la porte.
    — Ce cher Morgan ! souffla Édouard.
    — Ce cher Morgan, fit Corbett en écho, est un diable de fâcheux. De jour, il me chapitre. De nuit, il bamboche et narre à qui veut l’entendre l’histoire de sa vie !
    Le magistrat jeta un regard par-dessus son épaule, espérant que son épouse n’avait rien entendu.
    — Mais c’est un homme bon, ajouta-t-il. Il aime Maeve et Aliénor – même si lui et Ranulf sont tous les deux pétris de malice.
    Le roi passa son bras sous celui de Corbett qu’il entraîna vers l’autre bout de la salle.
    — C’est un soldat de valeur, remarqua-t-il. Rusé et astucieux. Il a longuement et durement combattu avant d’obtenir la grâce royale. Comme tant d’autres ! Tous morts à présent !
    Édouard se retourna.
    — Tous morts, Hugh ! Burnell, Pecham, mon frère, Edmund...
    « Il va se mettre à pleurer, pensa Corbett. Il essuiera doucement ses larmes et me serrera le bras. »
    — Je suis tout seul, geignit le roi d’une voix rauque. Vous me manquez, Hugh.
    Il s’essuya les yeux et prit le bras de son hôte.
    — Vous avez d’autres clercs, rétorqua Corbett. Sire, je ne peux pas retourner en campagne. Je fais encore des cauchemars : le pays
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