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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable
Autoren: Anne Tremblay
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des comtés de la province de Québec. Les premiers
     colons devaient portager sur leur dos ou en canot... On a vu des femmes
     faire 10 et 12 milles avec leur bébé dans les bras pour se rendre sur leurs
     lots. (Je connais une de celles-là, Mme Joseph Larouche, qui est morte il n’y a
     pas longtemps, presque centenaire). Puis nous avons eu un mauvais chemin de
     voiture pendant 30 ans conduisant à Chicoutimi, qui avait communication par eau
     pendant l’été, mais qui restait renfermé comme nous pendant tout l’hiver... Les
     débuts furent donc pénibles, et les colons manquèrent de bien des choses.
     En 1870 vint le « grand feu », qui dans une journée dévasta toute la région,
     depuis le nord du lac jusqu’en bas de Chicoutimi. De Roberval à Kénogami il
     n’est pas resté dix maisons. On a vu plus d’une famille passer deux semaines
     entières sans abrisur les grèves du lac. Les semences avaient
     péri. C’était partout la plus profonde misère. Sans le secours que la charité
     des autres places a promptement envoyé, plusieurs seraient morts de misère. Pas
     un seul colon n’a quitté le comté.
    Ils se sont remis à l’œuvre. Dieu a béni le courage de ces pionniers ; d’autres
     colons sont venus ; les paroisses se sont établies...
    Plus tard est venu le chemin de fer qui a amené une ère de prospérité. Nos
     établissements ont grandi à vue d’œil. Des paroisses se sont organisées tout le
     tour du lac. En peu d’années nous avons fait un des plus beaux et des plus
     riches comtés de la province. Notre région agricole fait l’envie et l’admiration
     de tous ceux qui viennent la visiter. On ne cesse pas d’en faire toutes sortes
     d’éloges. Elle a mérité d’être appelée par un de nos grands hommes d’état « Le
     grenier de la province de Québec ».
    Mais lorsque nous commençons à envisager l’avenir avec confiance, que nous
     commençons à recevoir la récompense de tant d’années de dur labeur, voilà qu’une
     compagnie étrangère obtient un privilège comme il ne s’en est jamais donné dans
     aucun pays du monde, un privilège sans précédent : celui d’inonder une partie de
     nos terres pour augmenter le nombre de forces d’un pouvoir hydraulique. Cette
     compagnie développe un pouvoir d’eau qui peut lui donner plus de 200,000 forces
     sans nuire à personne ; pour lui permettre d’en obtenir davantage, on lui a
     permis d’élever le niveau du lac et d’envahir par l’eau des étendues
     considérables de nos meilleures terres. On a permis à une industrie de dévaster
     l’agriculture.
    Je ne crains pas d’affirmer que jamais l’agriculture n’a été attaquée aussi
     considérablement et aussi violemment qu’elle l’est maintenant au Lac-Saint-Jean.
     Le comté du Lac-Saint-Jean est un comté agricole ; il est appelé à devenir aussi
     un comté industriel en même temps, vu les nombreux pouvoirs d’eau qu’il y a
     autour du lac.
    Nous aimons donc à voir l’industrie s’implanter dans notre région, puisque
     l’industrie doit contribuer pour sa part au développement de la
     région. Mais nous ne voulons pas qu’elle nuise à l’agriculture. Nous ne sommes
     pas opposés à l’industrie, pas du tout ; nous sommes opposés au dommage qu’elle
     nous cause.
    En 1915, lorsque cette question de monter le niveau du lac a été soulevée, nous
     avons protesté par des requêtes signées par un grand nombre de colons, appuyées
     par les conseils locaux et par les conseils de comté, et présentées au
     gouvernement. Nous avons aussi écrit dans les journaux.
    Dans nos requêtes et nos écrits, dans toutes nos démarches, nous avons demandé
     de ne pas permettre que le niveau du lac soit monté, mais que les écluses soient
     faites « de manière à conserver quelques pieds de niveau à la chute la plus
     voisine du lac », afin que l’écoulement des eaux du lac continue à se faire
     normalement. Nous avons donné les raisons de nos demandes ; nous avons énuméré
     les conséquences qui s’ensuivraient, les dommages que cela causerait à des
     centaines de cultivateurs, vu l’étendue des terres basses autour du lac, le tort
     qui serait fait à la région par la glace, qui se trouverait augmentée en
     superficie et retardée à disparaître le printemps.
    Tout ce que nous avons allégué dans nos requêtes avant les barrages se réalise
     maintenant à la lettre comme si nous
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