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La chambre ardente

La chambre ardente

Titel: La chambre ardente
Autoren: Max Gallo
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d'abord cédée à un mari, puis, celui-ci étant décédé, à un vieil homme fortuné.
    Ce dernier, un avocat du nom de Faurie, s'était lassé de la jeune femme et avait décidé de la chasser de son lit.
    Avec l'aide d'un prêtre, l'abbé Nail, la demoiselle avait fait croire qu'elle s'était mariée avec l'avocat, qu'il lui avait légué tous ses biens, puis elle avait empoisonné le vieil amant, s'emparant ainsi de sa fortune.
    La famille du défunt l'avait démasquée.
    Mais cette demoiselle, qu'était-elle d'autre sinon une criminelle sordide usant à sa manière d'une « poudre de succession » comme tant d'autres l'avaient fait avant elle ?
    Qu'est-ce qui permettait à La Reynie d'affirmer qu'elle était à l'origine de cette « mode des crimes » par le poison ?

    Lorsqu'elle a gravi les marches de l'échafaud à la lueur des torches, rares étaient les badauds.
    Il faisait froid.
    J'étais là, remarquant que le bourreau et son aide devaient aider la condamnée à marcher vers le gibet où elle serait pendue quelques minutes avant son complice, l'abbé Nail.
    C'est qu'on avait appliqué à l'une et à l'autre la question extraordinaire. Les coins de bois, enfoncés à coups de maillet par huit fois, entre les planches serrées autour des jambes, avaient brisé les genoux, les os, et creusé de sanglants sillons dans les chairs.
    Mais il n'y avait là rien que l'application de la loi à une criminelle commune qui, avant l'application de la question extraordinaire, avait avoué son crime. Et, sous la torture, elle n'en dit pas plus.
    L'abbé Nail fit de même et, après s'être évanoui aux premiers coups de maillet, il répéta, lorsqu'il reprit conscience, qu'il ignorait tout « de quelques entreprises considérables regardant la personne du Roi et la Maison royale ».

    Cette phrase énigmatique m'a conduit, Illustrissimes Seigneuries, à relire les copies des documents afin de découvrir le lien entre une demoiselle La Grange, meurtrière d'un vieil amant qui voulait la congédier, et des entreprises « considérables regardant la personne du Roi et la Maison royale ».
    Certes, La Reynie s'exprime avec prudence, comme si, une fois de plus, il estimait qu'évoquer une menace contre le Roi constituait déjà un acte sacrilège. Mais j'ai découvert que la demoiselle La Grange, emprisonnée, a écrit au ministre Louvois, assurant qu'elle avait des révélations à faire sur des complots et des « entreprises » visant Sa Majesté. Était-ce un moyen de retarder son exécution ? Ou bien suggérait-elle, comme l'avait déjà fait la marquise de Brinvilliers, que des « gens de condition » faisaient commerce de poisons et envisageaient de les utiliser sur la personne du Roi ?
    Louvois, en tout cas, écrit à La Reynie :
    « L'on ne saurait trop prendre de précautions sur les affaires dont La Grange a parlé. Sa Majesté m'a commandé de vous dire qu'elle s'attend que vous suivrez cette affaire avec application et que vous n'oublierez rien pour l'éclaircir. »

    La Reynie indique qu'exécutant les ordres de Sa Majesté, il a interrogé à la Bastille la demoiselle La Grange.
    Il l'écoute, se persuade d'abord qu'elle n'est qu'une « devineresse » cherchant par des prophéties, des visions que rien ne vient confirmer et qu'on ne peut prouver, à éviter de subir le châtiment qui l'attend.
    Puis, peu à peu, La Reynie découvre des liens avec des faux-monnayeurs – le chevalier Louis de Vanens – qui sont aussi des alchimistes, des suspects, lesquels ont séjourné à Turin peu de temps avant la mort étrange du duc de Savoie.
    Vanens était en relation avec un banquier – Cadelan – qui lui avait remis une lettre de change de 200 000 livres tirée sur une banque de Venise.
    J'ai cherché à connaître le nom de cette banque, Illustrissimes Seigneuries, sans pouvoir y parvenir.
    Mais la somme était assez importante pour que La Reynie, Louvois et Colbert pensent qu'il s'agissait là de la preuve d'« entreprises considérables ».
    Et ce d'autant plus qu'un étrange billet, remis à un jésuite qui le transmit au père La Chaise, confesseur du Roi, semble alors indiquer qu'une femme a tenté de convaincre un homme amoureux d'elle de renoncer à une « entreprise » périlleuse :
    « Souvenez-vous de ce prince infortuné que nous vîmes devant la Bastille, lit-on dans ce billet. Cette poudre blanche que vous voulez mettre sur la serviette de qui vous savez, ne peut-elle
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