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La chambre ardente

La chambre ardente

Titel: La chambre ardente
Autoren: Max Gallo
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être reconnue propre à l'effet auquel vous la destinez ? Je vous laisse à juger ce qui en arriverait ! Si vous ne perdez pour toujours un dessein si criminel, vous me perdez pour jamais. J'épouserai votre rival devant vos yeux... Je crains extrêmement que nos lettres ne soient vues et qu'on ne me croie coupable, quoique je sois fort innocente, car à tous les autres crimes il faut être complice pour être puni, mais à celui-ci il ne faut qu'avoir su. »
    De fait, la seule connaissance d'un projet de crime de lèse-majesté vaut complicité, et puisque ce crime-là n'admet jamais ni excuse ni pardon, en connaître le projet vaut peine de mort, administrée dans les plus atroces conditions. On se souvenait encore dans tout le royaume de France des supplices infligés au moine Ravaillac, assassin d'Henri IV, de son corps tailladé, du plomb fondu versé dans ses plaies, des chevaux écartelant ses membres.
    La Reynie fit donc étudier avec minutie ce billet et des savants en écriture conclurent qu'il avait été écrit par l'abbé Nail. Le prêtre avait habilement déguisé son écriture sans parvenir cependant à la transformer au point de la rendre méconnaissable.
    Quel était son but ?
    On l'interrogea. Il nia. Mais les présomptions qu'il fût mêlé, avec la demoiselle La Grange, à un complot contre la personne du Roi, se trouvèrent renforcées.
    Questionnant à nouveau la demoiselle La Grange, le lieutenant général de police s'entendit répondre qu'en effet « ceux qui veulent mettre de la poudre blanche sur la serviette de qui vous savez, ceux qui peuvent avoir ce malheureux dessein, sont capables d'aller plus loin ».
    Pourtant, la demoiselle La Grange ne reconnut pas avoir inspiré ce billet, prétendant que seules des visions lui faisaient connaître les « projets criminels ».
    Poursuivant son enquête, La Reynie apprit de ses espions qui surveillaient les herboristes, les apothicaires et autres personnes faisant commerce de drogues, que jamais autant de devineresses, de femmes sans aveu n'avaient acheté autant de poudre, de venin de crapauds et de serpents.
    On lui dit qu'il se murmurait qu'on pouvait tuer en effet en répandant de la poudre d'arsenic ou d'autres poisons sur les vêtements, les chemises, à l'intérieur des gants, en tapissant les assiettes et les bols. Que des maris avaient ainsi été empoisonnés, le bas de leur chemise de nuit enduit de poudres, leurs cuisses se couvrant d'ulcères, leur bas-ventre et leur sexe rongés, leurs épouses prétendant qu'ils étaient atteints du mal honteux que donnent les fornications adultères avec des femmes de la lie du peuple. Et le mari se mourait, couvert d'opprobre.

    La Reynie ne l'avoue pas, mais j'ai perçu, en le lisant, son effroi.
    Une maîtresse du Roi était-elle capable d'un tel projet régicide pour se venger d'avoir été rejetée ?
    Quelle était la part de la demoiselle La Grange dans ces projets ?
    Il apprit qu'à la prison du Châtelet où, avant d'être enfermée à la Bastille, la demoiselle La Grange avait été détenue, l'une des acheteuses de venins et de poisons, une femme au corps difforme, ivrognesse et gueularde, Marie Bosse, était venue visiter à plusieurs reprises la prisonnière.
    Et les espions du lieutenant général de police qui surveillaient cette sorcière rapportèrent qu'en ripaillant chez une femme Vigoureux, elle aussi devineresse, la Bosse avait déclaré de sa voix éraillée de poissarde :
    – Quel beau métier, quelle clientèle ! Je ne vois chez moi que duchesses, marquises, princes et seigneurs ! Encore trois empoisonnements et je me retire fortune faite !

    Il m'a semblé que la main de Nicolas Gabriel de La Reynie tremblait lorsqu'il écrivit que « la Bosse avait relation sur le fait de poison avec la demoiselle La Grange ». Lorsqu'il rappela que la marquise de Brinvilliers, comme la demoiselle La Grange, et comme la Bosse, avaient évoqué les « gens de condition » qui faisaient commerce de poisons, ou bien parlé du crime de lèse-majesté, ou mentionné les duchesses, marquises, princes et seigneurs qui rendaient visite aux devineresses et aux faiseurs de drogues. Et lorsqu'il avait conclu qu'il y avait bien en effet, entre des criminelles, le chevalier Louis de Vanens et le banquier Cadelan, des liens – peut-être ceux d'un complot visant la personne du Roi.

    En outre, La Reynie apprend que la demoiselle La Grange, en compagnie de la devineresse la Bosse,
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