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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812
Autoren: André Castelot
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comédienne du Théâtre-Français,
Antoinette Bourgoin, qu'on appelle « la déesse de
la joie et des plaisirs ». Un soir, le tsar fait
comprendre à Napoléon qu'il serait heureux de se rendre
compte par lui-même – et de fort près – de
la valeur exacte de cette réputation.

    – Je ne vous
conseille pas de lui faire des avances, lui répond l'Empereur.

    – Vous
croyez qu'elle refuserait ?

    – Oh ! non.
Mais c'est demain jour de poste ; et dans cinq jours tout Paris
saurait comment, des pieds à la tête, est faite Votre
Majesté ; et puis votre santé m'intéresse...
Aussi je souhaite que vous puissiez résister à la
tentation.

    Napoléon se
souvenait que, maîtresse de Chaptal, Mlle Bourgoin connaissait
fort bien ses goûts – et pour cause... –
puisqu'elle l'avait surnommé Papa Clystère...

    Le mardi 4 octobre
a lieu la fameuse représentation d' Œdipe . Au
moment où est lancé le vers de la première scène
: « L'amitié d'un grand homme est un bienfait des
dieux », le tsar se lève et tend la main avec grâce
à l'Empereur. Aussitôt les applaudissements de
crépiter...

    Le 6 octobre 1808,
sur le champ de bataille d'léna, une carte à la main,
Napoléon explique ce que fut la rencontre sanglante avec la
Prusse. Ensuite, raconte le prince de Bénévent, « il
y eut un grand dîner servi sur une table en fer à cheval
à laquelle n'étaient placés que les princes régnants . Je remarque ce mot, car cette qualité
fait que l'on rendit un hommage de plus à Napoléon en y
appelant le prince de Neufchâtel – Berthier – et
moi ». Au cours du dîner, le roi Max-Joseph de
Bavière risque une remarque désobligeante sur
l'Autriche :

    – Autrefois,
les princes de cette famille se trouvaient heureux de compter au
nombre des serviteurs de ma maison.

    – Taisez-vous,
roi de Bavière, lui lance Napoléon. Regardez l'homme
vivant sans vous occuper de ses ancêtres !

    À ce même
repas, le grand-duc Constantin est stupéfait en entendant
Napoléon traiter les souverains qu'il avait invités en
les appelant : Roi de Bavière ! Roi de Saxe ! Roi de
Wurtemberg !...

    – Il n'y eut
que ce dernier, raconte le grand-duc, qui témoigna de
l'humeur.

    Un jour,
Alexandre, en franchissant à cheval un fossé, laisse
tomber son épée. Le jeune page Victor Oudinot la
ramasse.

    – Garde
cette arme, tu l'apporteras chez moi, ordonne l'Empereur.

    Le tsar, surpris,
laisse faire. Mais en regagnant son palais, Napoléon dit à
son valet de chambre Constant :

    – Conservez
cette épée d'Alexandre et remettez une des miennes à
Oudinot.

    Ensuite,
s'adressant au page, il ajoute :

    – Porte
cette arme à mon frère de Russie, tu le prieras en mon
nom de consentir à l'échange de nos armes.

    Le page repart
auprès du tsar qui remercie, apparemment ému, et le
grand-duc Constantin, qui se trouve présent, s'exclame :

    – Sachez,
monsieur Oudinot, que si votre auguste maître me donnait une de
ses épées, je coucherais avec elle !

    Puis ce fut une
chasse donnée sur les lieux mêmes de la bataille d'Iéna.
Une « boucherie de sangliers et de bêtes fauves,
rapporte Talleyrand, était là pour rappeler aux yeux du
vainqueur le succès de cette bataille ».

    Au retour à
Erfurt, Napoléon « fut plus prévenant, plus
amical, plus abandonné avec l'empereur Alexandre. La vie
agitée le fatiguait, lui aurait-il confié ; il avait
besoin de repos, et il n'aspirait qu'à arriver au moment où
il pourrait sans inquiétude se livrer aux douceurs de la vie
intérieure, à laquelle tous ses goûts
l'appelaient ».

    – Mais ce
bonheur-là, ajoutait-il avec l'air pénétré,
n'est pas. fait pour moi. Y a-t-il un intérieur sans enfants ?
Et puis-je en avoir ? Ma femme a dix ans de plus que moi. Je vous
demande pardon : tout ce que je dis là est peut-être
ridicule, mais je cède au mouvement de mon cœur qui se
plaît à s'épancher dans le vôtre.

    « Le
soir, poursuit Talleyrand, l'empereur Alexandre était encore
sous le charme de cette conversation intime. Je ne pus le voir que
tard. Napoléon, qui était content de sa journée,
m'avait fait rester chez lui, longtemps après son coucher. Son
agitation avait quelque chose de singulier : il me faisait des
questions sans attendre ma réponse ; il essayait de me parler
; il voulait dire autre chose que ce qu'il disait ; enfin il prononça
le mot de divorce  » – le divorce d'avec la
chère Joséphine.

    – Ma
destinée l'exige, précise
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