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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812
Autoren: André Castelot
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des moyen d'empêcher que l'esprit
d'entreprise ne domina trop dans cette singulier entrevue... Peu de
jours avant celui qui avait été fixé pour mon
départ, le grand maréchal m'écrivit que
l'Empereur me faisait dire de me rendre le soir aux grandes entrées.
J'étais à peine dans le salon qu'il m'emmena chez lui.

    – Eh bien !
vous avez lu toute la correspondance de Russie, lui demanda aussitôt
l'Empereur. comment trouvez-vous que j'ai manœuvré avec
le tsar ?

    « Et
alors l'Empereur repasse, en s'y délectant, tout ce qu'il
avait dit, rapporte Talleyrand. et écrit depuis un an : il
finit en me faisant remarquer l'ascendant qu'il avait t pris sur ce
tsar, quoique, de son côté à lui, il n'eût
exercé que ce qui lui convenait du traité de Tilsit. »

    – D'Erfurt,
précise encore l'Empereur au prince de Bénévent,
je veux redevenir libre de faire en Espagne ce que je voudrai : je
veux être sûr que l'Autriche sera inquiète et
contenue, et je ne veux pas être engagé d'une manière
précise avec la Russie pour ce qui concerne les affaires du
Levant. Préparez-moi une convention qui contente l'empereur
Alexandrie, qui soit surtout dirigée contre l'Angleterre, et
dans laquelle je sois bien à mon aise sur le reste ; je vous
aiderai : le prestige ne manque pas.

    Ce prestige
annoncé par l'empereur déclenche une véritable
tempête : « Chacun, ironise le Diable boiteux. se
donne du mouvement pour en être. »

    – Il faut
que mon voyage soit très beau, répète chaque
jour Napoléon à Talleyrand. Il me semble qu'il n'y a
pas de grands noms : j'en veux. La vérité est qu'il n'y
a que ceux-là qui sachent représenter dans une cour. Il
faut rendre justice à la noblesse française : elle est
admirable pour cela.

    – Sire, vous
avez M. de Montesquiou.

    – Bon.

    – Le prince
Sapieha.

    – Pas
mauvais.

    – Il me
semble qu'ils suffiront, le voyage étant court. Votre Majesté
pourra les avoir toujours avec Elle.

    – À la bonne heure !

    Puis se tournant
vers Rémusat :

    – Il me
faudra tous les jours un spectacle. Envoyez chercher Dazincourt.
N'est-ce pas lui qui est le directeur ?

    – Oui, Sire.

    Et Napoléon
de lancer avec superbe :

    – Je veux
étonner l'Allemagne par ma magnificence.

    Les deux aides de
camp de l'Empereur, Savart et Lauriston, sont choisis les premiers.

    – Menez
aussi Bausset, ordonne Napoléon ; il faut bien quelqu'un pour
faire au grand-duc Constantin les honneurs de nos actrices ;
d'ailleurs, il fera au dîner son service de préfet du
palais. Puis c'est un nom !

    Talleyrand se rend
quelques jours plus tard chez l'Empereur pour lui lire le projet de
traité préconisant les « principes »,
que les deux empereurs devront être déterminés à
suivre en vue du partage de l'Europe...

    – Principes
est bien, interrompt l'empereur. Cela n'engage point !

    Ces principes
consistaient pour la Russie à aider la France à
appliquer le blocus afin de forcer l'Angleterre à demander la
paix. En échange, libre au tsar de rattacher à l'Empire
russe la Moldavie, la Valachie, et surtout la Finlande : « S.M.
l'empereur Napoléon ne s'y opposera point  »,
précise Talleyrand.

    – Je ne veux
pas de cet article-là : il est trop positif, interrompt
empereur.

    – Cependant,
Sire, ne s'opposera point est certainement une de ces
expressions qui engagent le moins : de plus, l'article suivant est un
grand correctif.

    L'empereur demande
alors à Talleyrand de quitter Paris pour l'Allemagne :

    – Faites vos
dispositions pour partir ; il faut que vous soyez à Erfurt un
jour ou deux avant moi. Pendant le temps que durera le voyage, vous
chercherez les moyens de voir souvent l'empereur Alexandre. vous le
connaissez bien, vous lui parlerez le langage qui convient. Vous lui
direz qu'à l'utilité dont notre alliance peut être
pour les hommes on reconnaît une des grandes vues de la
Providence. Ensemble, nous sommes destinés à rétablir
l'ordre général en Europe.

    Avant son départ,
Talleyrand suggère à Metternich – qu'il appelle
le Blafard – de conseiller à l'empereur François
de venir surprendre à Erfurt le tsar et Napoléon au
cours de leur entrevue.

    Le jeudi 22
septembre 1808, cinq jours avant Napoléon, Talleyrand atteint
la petite ville prussienne, mais le tsar s'attarde encore à
Weimar et le prince de Bénévent ne pourra pas le
rencontrer avant l'arrivée de l'empereur. Il se rabat sur son
ami et confident Caulaincourt qui s'est
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