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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812
Autoren: André Castelot
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Alexandre –
elle le considérait comme un vrai dieu – Louise était
une épouse modèle. « Les conditions sont
effroyables », lui fait savoir son mari en la suppliant de
prendre au plus vite le chemin de Tilsit. Louise fond en larmes et
obéit au désir de son époux. Elle se met
bravement en route afin d'affronter le « monstre ».
Le lundi 6 juillet 1807, la souveraine, tout de blanc vêtue –
le deuil des reines –, arrive à midi au « palais »
de son mari, qui n'est qu'un ancien moulin branlant. À midi et
demi, Napoléon se fait annoncer. C'est à peine s'il lui
demande des nouvelles de son voyage. Il considères Louise
comme seule responsable du conflit qui lui a été
imposé, et attaque aussitôt la reine en lui posant cette
question :

    – Comment
avez-vous osé me déclarer la guerre ?

    – Sire, la
gloire du Grand Frédéric nous a trompé, elle
était si éclatante que cette erreur nous était
vraiment permise.

    Elle s'enhardit et
demande :

    – Ne nous
laisserez-vous pas Magdebourg et la la Whesphalie ?

    – Vous
demandez beaucoup, madame, mais je vous promets d'y songer... Vous
avez une bien jolie robe. Comment appelez-vous cette étoffe-là
?... Est-ce du crêpe ou de la gaze d'Italie ?

    La reine Louise
l'interrompt, les larmes aux yeux :

    – Sire,
parlerons-nous chiffons dans un moment aussi solennel ?

    Le soir, au dîner,
assise à côté du vainqueur, elle épuise
tous ses moyens de séduction. N'est-elle pas la plus belle
reine de son temps ? Mais Napoléon se contente de lui demander
:

    – Pourquoi
donc portez-vous un turban ? Ce n'est pas pour faire la cour à
l'empereur Alexandre puisqu'il est en guerre avec les Turcs.

    Faire la cour à
Alexandre ? Non, le tsar l'a déçue, terriblement déçue
! Conquis par Napoléon, du moins il le paraissait, l'empereur
de Russie pactise avec l'ennemi commun ! Elle le dira d'ailleurs sans
ambages à Alexandre :

    – Vous
m'avez cruellement trompée.

    Le dîner
terminé, Napoléon tend une rose à la reine :

    – Je
l'accepte, murmure-t-elle, mais au moins avec Magdebourg.

    Mais il n'a rien
promis ! « La reine de Prusse est réellement
charmante, écrira-t-il à Joséphine, elle est
pleine de coquetterie pour moi, mais n'en sois point jalouse, je suis
une toile cirée sur laquelle cela ne fait que glisser. Il en
coûterait trop cher pour faire le galant. »

    Lorsqu'il se
quittent, Louise supplie encore :

    – Est-ce
possible qu'ayant vu d'aussi près l'homme du siècle, il
ne me laisse pas la satisfaction de pouvoir l'assurer qu'il m'a
attachée pour la vie ?

    – Je suis à
plaindre, madame, c'est un effet de ma mauvaise étoile.

    Mais il est
heureux comme il ne l'a jamais été – et ne le
sera jamais plus.

    Puisque la Prusse
a déclaré la guerre à la France, le royaume de
Frédéric-Guillaume subit donc un véritable
écrasement. « S.M. l'empereur Napoléon,
stipulera le traité, par égard pour S.M. l'Empereur de
toutes les Russies, et voulant donner une preuve du désir
sincère qu'il avait d'unir les deux nations par les liens
d'une confiance et d'une amitié inaltérables »,
condescend simplement, si j'ose dire, à ne retirer au royaume
prussien, que ses places fortes – dont Magdebourg –, les
territoires à l'ouest entre le Rhin et l'Elbe, et toute la
part du gâteau polonais successivement découpé
lors des trop fameux partages. C'était « un
chef-d'œuvre de destruction », ainsi que le
constatait, horrifié, le conseiller privé d'Alexandre,
Pozzo di Borgo. Et ce n'était pas tout : la Prusse se trouvait
contrainte d'entrer dans l'alliance française, et par
conséquent d'appliquer le blocus contre l'Angleterre. Quant
aux provinces qui lui étaient arrachées, celles-ci
formeraient un royaume pour Jérôme, le médiocre
frère de Napoléon, qui va se prendre pour un vrai
souverain, alors qu'il ne sera qu'un roi bouffi...

    Assurément,
Alexandre avait peur de certaines réactions que pourrait avoir
Frédéric-Guillaume, car il écrit au même
moment au roi de Prusse afin de le calmer : « Ayez de la
patience. Nous reprendrons ce que nous avons perdu. Il se rompra le
cou... » Et ceci nous prouve bien le double jeu mené
par le tsar qui poursuit : « Malgré toutes mes
démonstrations d'amitié et mes agissements extérieurs,
je suis au fond votre ami et j'espère vous le prouver par des
actes. »

    Dès son
retour à Saint-Pétersbourg, le tsar, en dépit
des illuminations de la ville, doit
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