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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812
Autoren: André Castelot
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même d'une alliance entre les deux
Empires !

    Les conditions de
paix paraissent au tsar étonnamment favorables. « Il
nous a sauvés, écrit-il à sa sœur,
l'espiègle et brune grande-duchesse Catherine aux yeux noirs
impertinents. Au lieu d'être contraints à des
sacrifices, nous nous retirons de la lutte avec quelque lustre. Mais
que dites-vous de ces événements ? Je passe des jours
entiers avec Bonaparte, je demeure seul à seul avec lui
pendant des heures. Avouez que cela ressemble à un songe.
Hier, il m'a quitté à minuit ! Que j'aurais aimé
vous voir assister, invisible, à ce qui se passe ici... »

    Sans doute le roi
de Saxe reçoit-il le grand-duché de Varsovie, mais
Alexandre se tire d'affaires en abandonnant ses possessions
méditerranéennes auxquelles Napoléon tient
par-dessus tout, car, en bon Corse, il désire que la
Méditerranée devienne une mer française pour la
Plus grande partie de ses rivages. Un traité d'alliance entre
la France et la Russie est prévu et – surtout – le
tsar prend l'engagement d'essayer de se placer en médiateur
entre la France et l'Angleterre. Si son rôle d'arbitre ne
parvenait à aucun résultat, la Russie déclarerait
la guerre à Londres et adhérerait au blocus
continental.

    Une seule pierre
d'achoppement : le tsar, actuellement en guerre avec les Turcs, veut
s'emparer de Constantinople, mais Napoléon s'y oppose. Pour
lui. l'ancienne Byzance est « la clé de l'empire
universel ». En revanche, la Russie pourrait augmenter son
territoire au nord en s'emparant de la Suède :

    – C'est
votre ennemi géographique, essaie de lui démontrer
l'Empereur.

    Henri Troyat, dans
son admirable ouvrage sur le tsar Alexandre, « Ces
démonstrations de sympathie, l'admiration envers Napoléon
ne sont que jeu. A Tilsit, Alexandre est sur une scène, il
campe un personnage et berne son public. En vérité,
d'un caractère sournois et vindicatif, il ne peut pardonner la
lettre de Talleyrand, écrite naguère sur les
instructions du Premier consul, en réponse à la note
russe sur l'exécution du duc d'Enghien, lettre qui rappelait
au tsar, en termes très durs, l'assassinat de son propre
père. »

    Les discussions se
poursuivent : le tsar reconnaît la confédération
du Rhin, ainsi que les royaumes satellites napoléoniens, et
approuve la mutilation projetée de la Prusse. Napoléon
a même pensé à détrôner
Frédéric-Guillaume. « Un petit Hohenzollern
qui figurait à l'état-major de Berthier, racontera plus
tard l'Empereur, me demande à l'asseoir sur le trône. Je
l'y aurais bien mis, s'il fût descendu de Frédéric,
mais sa branche était depuis trois cents ans séparée
de sa branche aînée et je crus aux protestations que me
prodigua le roi de Prusse. »

    Le tsar, en effet,
a pu obtenir non sans mal que l'on fasse enfin venir auprès
d'eux Frédéric-Guillaume. Le malheureux qu'Alexandre
« mène en laisse », selon l'expression
de Chateaubriand, traverse enfin le Niémen et arrive à
Tilsit fort piteux et telle une victime. Le sergent Coignet s'exclame
même :

    – Le vilain
souverain !

    Lorsque les trois
monarques sortent à cheval, les deux empereurs, meilleurs
cavaliers, distancent le roi. Et Napoléon de constater,
impitoyable :

    – C'est un
homme entièrement borné, sans caractère, sans
moyens, un vrai benêt, un balourd, un ennuyeux !

    Le tsar avoue son
impuissance au triste souverain venu mendier un morceau de sa
couronne :

    – J'ai fait
tout ce qui était possible humainement. Il m'est cruel de
perdre jusqu'à l'espoir de vous être utile autant que
mon cœur l'aurait désiré.

    Pour le punir
d'avoir déclenché le conflit, Napoléon enlève
en effet à Frédéric-Guillaume la moitié
de ses États, en expliquant ainsi son attitude au ministre de
Prusse :

    – Ayant
achevé mes affaires avec l'empereur Alexandre, je n'ai même
pas l'intention de négocier avec la Prusse. Votre roi doit
tout à l'attachement chevaleresque de l'empereur Alexandre ;
sans lui, la dynastie royale aurait perdu le trône et j'aurais
donné la Prusse à mon frère Jérôme.
Dans ces circonstances. votre souverain doit accepter comme une
faveur de ma part si je laisse encore quelque chose en sa possession.

    Il ne demeure au
roi qu'un espoir : faire venir à Tilsit sa femme, la
ravissante, sentimentale et intelligente reine Louise, en espérant
que la beauté de son épouse pourra attendrir le
vainqueur. Bien qu'elle aimât d'un amour platonique
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