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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812
Autoren: André Castelot
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le terrain, tâchant de
découvrir jusqu'où allaient les prétentions de
son adversaire sans pouvoir le pénétrer
entièrement... »

    On s'observe.

    Les affaires
d'Espagne se trouvent toujours en tiers entre les deux interlocuteurs
et Napoléon s'en explique avec Caulaincourt :

    – Sans
doute, il y a eu un concours de circonstances fâcheuses, même
désagréables, mais qu'importe aux Russes ? Ils n'ont
pas été si délicats sur les moyens de partage et
de soumission de la Pologne. Cela m'occupe loin d'eux ; voilà
ce qu'il leur faut ; ils en sont donc enchantés.

    Au cours de cette
même conversation, Caulaincourt se permet de montrer à
l'Empereur que « ses projets » effrayaient
aussi bien le tsar que l'Autriche :

    – Chacun se
croit menacé, la peur fait taire les petits États, mais
l'Autriche ne court aux armes que par la peur qu'elle a, comme tout
le monde.

    – Quel
projet me croit-on donc ? demande Napoléon.

    – De dominer
seul, affirme l'ambassade.

    – Mais la
France est assez grande ! Que puis-je désirer ? N'ai-je pas
assez de mes affaires d'Espagne et de la guerre contre l'Angleterre ?

    – Il y en
aurait, sans doute, plus qu'il n'en faudrait pour occuper tout autre
que Votre Majesté ; mais la présence de ses troupes en
Allemagne, sa détermination de garder ses positions sur
l'Oder, tout porte à croire, comme, pour mon compte, je
l'avoue à Votre Majesté, j'en suis convaincu, qu'elle a
d'autres projets et que son ambition n'est pas satisfaite.

    Comment apaiser
ces craintes que l'Empereur considère comme injustifiées
?

    – Quelle
solution voyez-vous, Caulaincourt ?

    – Retirez
vos troupes d'Allemagne, Sire, ne gardez qu'une place comme garantie
des contributions que doit vous verser le roi de Prusse et le monde
restera en paix.

    Ainsi que nous le
rapporte Caulaincourt, Napoléon se plaint ensuite de ce que
l'empereur Alexandre n'abonde pas dans ses idées contre
l'Autriche :

    – Le tsar
est changé, soupire-t-il. Il me paraît avoir une
arrière-pensée, puisque le seul moyen d'empêcher
l'Autriche de faire la guerre et de se compromettre de nouveau est de
la menacer aujourd'hui et de se montrer décidé à
agir contre elle d'un commun accord. Le premier intérêt
est de donner, par tous les moyens, de la couleur à l'alliance
pour obtenir ce résultat...

    Le point de
friction entre le tsar et Napoléon réside à la
fois dans la question des provinces danubiennes, qu'Alexandre désire
envahir, et dans le refus de l'Empereur d'évacuer les places
de l'Oder.

    – Puis-je
abandonner ma position en Prusse, essaye-t-il d'expliquer au tsar, en
un mot m'affaiblir en Allemagne dans le moment où, profitant
de mes embarras en Espagne, l'Autriche me menace ?... N'est-il pas
dans l'intérêt de l'alliance, au moment où nous
allons faire une grande démarche pour amener l'Angleterre à
la paix, que nous paraissions amis, et moi fort aux yeux de notre
ennemi commun ?

    Le tsar n'en eût
certes pas moins préféré voir la France moins
avancée au cœur de l'Europe...

    – Mon allié,
répond Napoléon avec une gentillesse calculée,
mon ami peut-il me proposer d'abandonner la seule position d'où
je menace les flancs de l'Autriche, si elle m'attaque pendant que mes
troupes sont au midi de l'Europe, à quatre cents lieues de
chez elles ? Ce que j'étais disposé à faire il y
a quatre mois, je ne puis l'exécuter aujourd'hui... Le séjour
prolongé de quelques troupes en Prusse ne peut inquiéter
la Russie, quand je tire toutes mes forces de l'Allemagne pour les
porter dans la péninsule Ibérique.

    Assurément
cette franchise aurait pu émouvoir Alexandre, si Talleyrand ne
s'était point chargé d'ouvrir et d'élargir son
horizon. Napoléon sent la réserve du vaincu
d'Austerlitz et de Friedland. Il insiste :

    – Ces
mesures vous prouvent ma confiance en vous. Ayez-en donc aussi en
moi, et ne détruisez pas, par des inquiétudes non
fondées, le bon effet de notre accord... Si j'évacuais
les places de l'Oder, vous évacueriez celles du Danube. Il est
de votre intérêt d'y rester, puisque vous avez la
certitude de vous faire céder la Valachie et la moldavie. La
Porte ottomane, voyant qu'elle n'a aucune intervention à
espérer de ma part, sera pressée de souscrire aux
conditions que vous lui dicterez...

    L'argument
présente quelque poids, mais le tsar a du mal à se
résigner. Napoléon le sent de plus en plus réticent.
Un jour, l'Empereur s'emporte et jette son
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