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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812
Autoren: André Castelot
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le tsar de donner sa
sœur en mariage à l'ancien lieutenant en second
d'artillerie. Prenant sa revanche, l'Empereur est tout heureux de
montrer sa mauvaise humeur en faisant échouer l'emprunt que la
Russie s'apprêtait à lancer en France. Or, le rouble se
trouve malade par suite de l'application du blocus, une application
pleine d'infractions, mais suffisante pour gêner
considérablement le commerce russe.

    Au même
moment, l'affaire polonaise rebondit et cette pomme de discorde
refroidit encore les rapports entre les deux pays. Napoléon
refuse de signer la convention par laquelle il s'engage « à
empêcher à tout jamais la reconstruction de la
Pologne ».

    – Ce serait
là, estime-t-il, contraire à ma dignité et à
mon honneur ! Il faudrait que je fusse Dieu pour décider que
jamais une Pologne n'existera !

    Napoléon
propose alors au tsar de s'engager simplement « à
ne jamais donner aucun secours ni assistance à quelque
puissance ou à quelque soulèvement intérieur que
ce puisse être, qui tendraient à rétablir le
royaume de Pologne ». Alexandre confirme le texte primitif
de la convention. Napoléon fait attendre longtemps sa réponse
et, avec raison, maintient ses propres modifications. Finalement, la
négociation demeure en suspens – et le tsar, déjà
vexé par l'expectative que Napoléon lui a infligée,
est au surplus contrarié de n'avoir pu se montrer indiscret
vis-à-vis des Polonais. Afin de les attirer à lui,
nouveau Machiavel, il eût été heureux de leur
faire passer sous le manteau le premier texte signé par leur
soi-disant protecteur.

    *****

    À l'automne
de cette même année 1810, un immense convoi de douze
cents bâtiments marchands anglais – voyageant bien
entendu sous pavillon neutre, et escortés jusqu'au Sund par
vingt vaisseaux de guerre britanniques – navigue à
travers la Baltique à la recherche d'un port.

    Où
débarquer les marchandises dont les cales sont remplies ? Le
Danemark, la Prusse et la Suède ne veulent – ou ne
peuvent – déplaire à Napoléon. D'autre
part, les gabelous impériaux, protégés par les
baïonnettes de Davout, gardent la côte de Dantzig à
Memel. Aussi les douze cents bâtiments prétendus neutres
se mettent-ils à errer de port en port « comme les
débris d'une armée en déroute ». Le
tsar acceptera-t-il de les recevoir ?

    « Si
Votre Majesté les admet, écrit l'Empereur à
Alexandre, le mardi 23 Octobre 1810, la guerre dure encore ; si elle
les séquestre et confisque leur chargement, le contrecoup qui
frappera l'Angleterre sera terrible ; toutes ces marchandises sont
pour le compte des Anglais. Il dépend de Votre Majesté
d'avoir la paix ou de faire durer la guerre. »

    Mais les navires
ne voguaient-ils pas sous pavillon neutre ? « Quelques
papiers qu'ils aient, fait remarquer Napoléon au tsar, sous
quelque nom qu'ils soient masqués – français,
allemand, espagnol, danois, russe, suédois –, Votre
Majesté peut être sûre qu'ils sont anglais. »

    Le tsar, on s'en
doute, refuse de fermer ses ports aux douze cents. Napoléon en
est avisé le 11 novembre 1810 et, dès le lendemain,
toujours pour fermer l'Angleterre dans son île, prend cette
grave décision : l'annexion des villes hanséatiques. Il
donne alors l'ordre de saisir le duché d'Oldenbourg, situé
entre Brême et la mer du Nord. Le duc n'accepte pas la
compensation territoriale que l'Empereur veut lui donner et se
réfugie à Saint-Pétersbourg, puisque son fils a
non seulement épousé Catherine, sœur du tsar,
mais qu'il tient son duché de son cousin l'empereur Paul 1er,
père d'Alexandre. L'affaire aura de graves conséquences,
car elle permettra à Alexandre de trouver le grief qu'il
cherchait – ce qui ne l'empêchera pas de déclarer
à Caulaincourt, en faisant patte de velours :

    – Il est
évident que c'est à dessein de faire une chose
offensante pour la Russie. Est-ce pour me forcer à changer de
route ? On se trompe bien : d'autres circonstances aussi peu
agréables pour mon Empire ne m'ont pas fait dévier du
système et de mes principes ! Celle-ci ne me fera pas aller
plus à gauche que les autres. Si la tranquillité du
monde est troublée, on ne pourra pas m'en accuser, car j'ai
tout fait pour la conserver.

    Certes, Napoléon
s'est mis dans son tort en signant le décret annexant le duché
d'Oldenbourg – de ce fait, l'Elbe devenait frontière
française – mais le tsar, tout en déclarant qu'il
faisait « tout pour
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