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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812
Autoren: André Castelot
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chapeau par terre.

    – Vous êtes
violent, moi je suis entêté, remarque calmement
Alexandre. Avec moi, la colère ne gagne rien. Causons,
raisonnons, ou je pars.

    Napoléon le
retient. Mais à Talleyrand, qui doit rire sous cape, Napoléon
avouera :

    – Je n'ai
rien fait. Je l'ai retourné dans tous les sens, mais il a
l'esprit court ; je n'ai pu avancer d'un pas !

    – Sire,
soutient Talleyrand avec le plus grand sérieux – et
flagorneur à souhait –, je crois que Votre Majesté
en a fait beaucoup depuis qu'elle est ici, car l'empereur Alexandre
est complètement sous le charme !

    – Vous êtes
sa dupe, constate Napoléon. S'il m'aime tant, pourquoi ne
signe-t-il pas ?

    – Sire, il y
a en lui quelque chose de chevaleresque qui fait que trop de
précautions le choquent ; il se croit, par sa parole et par
son affection pour vous, plus engagé avec vous que par des
traités. Sa correspondance, que Votre Majesté m'a
donnée à lire, est pleine de traits qui le prouvent.

    – Balivernes
que tout cela !

    Et, peu après,
Caulaincourt entend son maître soupirer :

    – Votre
empereur Alexandre est têtu comme une mule. Il fait le sourd
pour les choses qu'il ne veut pas entendre. Ces diables d'affaires
d'Espagne me coûtent cher !

    Finalement,
Napoléon et Alexandre cèdent l'un et l'autre. Un traité
est signé : la Russie peut s'emparer de la Finlande et des
provinces danubiennes : libre à la France d'occuper en
Allemagne les places prises après Iéna et de conquérir
l'Espagne ! Quant à l'Autriche, si elle se montre par trop
réticente devant le partage de l'Europe napoléonienne,
ou si elle ose s'attaquer à l'Empire français, le tsar
et Napoléon uniront leurs forces contre elle.

    *****

    Les deux empereurs
se séparent sur le chemin de Weimar de l'endroit où a
eu lieu leur première rencontre. Lorsque le tsar monte dans sa
berline, Talleyrand lui murmure :

    – Si vous
pouviez vous tromper de voiture !

    Mais Napoléon
ne monte pas en carrosse : il reprend le chemin d'Erfurt au pas de
son cheval et « on le vit s'absorber dans une méditation
nuancée de tristesse ». Il semblait toujours se
demander pour quel motif le tsar avait tant changé...

    Ils ne devaient
d'ailleurs plus se revoir.

Bruit de bottes
    Dès le
retour du tsar à Saint-Pétersbourg, le souverain a mis
au courant sa mère des intentions matrimoniales de Napoléon.
Aussi la tsarine Maria Feodorovna se hâte-t-elle de marier sa
fille aînée Catherine à son cousin le prince
Charles d'Oldenbourg dont le père règne sur un
grand-duché d'opérette. Napoléon espère
« se rabattre » sur la jeune Anna, âgée
seulement de quatorze ans, l'âge de Marie-Antoinette
puisqu'elle épousa le dauphin... mais le futur Louis XVI avait
dix-huit ans et Napoléon a dépassé la
quarantaine – ce qui, à l'époque, est déjà
un âge mûr !... Caulaincourt est chargé des
premières démarches. Le tsar, mis au courant, se
dérobe. Quant à l'impératrice douairière,
elle est horrifiée que sa chère petite « Annette »
puisse être livrée à un homme doué « d'un
caractère scélérat, pour qui rien n'est sacré ».
« Nous avons débattu des réponses à
donner à Caulaincourt, écrit-elle, nous nous sommes
arrêtés à celle-ci : la jeunesse de ma fille, qui
n'est même pas formée vu l'irrégularité de
certaines périodes.. »

    Et l'on annonce
officiellement à Caulaincourt que le projet ne peut être
réalisé immédiatement : il faut attendre,
puisque la grande-duchesse Anna n'est pas encore nubile ! Aussitôt
Napoléon, qui menait deux négociations conjointement,
demande à Autriche la main de l'archiduchesse Marie-Louise et
joue la comédie avec le tsar. Il dicte deux dépêches
à vingt-quatre heures d'intervalle. Dans la première,
il annonce à Alexandre qu'il a renoncé à épouser
la grande-duchesse Anna, étant donné son très
jeune âge – comme s'il venait seulement de le découvrir
– tandis que, le lendemain, une seconde dépêche
fait part au tsar de son prochain mariage avec l'archiduchesse
Marie-Louise.

    – Vous lui
ferez connaître, dit-il à son ministre des Affaires
étrangères Champagny, duc de Cadore, que je me suis
décidé pour l'Autrichienne.

    Voici Alexandre
quelque peu inquiet. Il n'est pas de l'intérêt de la
Russie d'assister à un pareil rapprochement entre la France et
l'Autriche !

    *****

    Le drame
franco-russe est en marche.

    Il a commencé,
donc, à poindre dès le refus par
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