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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse
Autoren: Louis Noir
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sang, la prise de la ville. Allez donc vous mettre à sa disposition et rappelez-lui que je ne suis plus que son premier soldat.
    – Ah   ! vous avez un cœur de patriote, vous   ! s’écria Mouton.
    – Oui, tout pour la patrie   ! mais, le jour venu, je n’oublierai jamais ni le châtiment que Lyon mérite ni la haine que je dois à Couthon.
    Sur cette double menace qu’il devait si terriblement réaliser, Dubois-Crancé congédia Mouton qui s’en alla en maugréant trouver celui qu’il appelait le « médecin général. »
    Mouton, très impressionné par la scène qui venait de se passer entre lui et Dubois-Crancé, se rendit néanmoins à l’état-major de Doppet.
    Là se trouvaient réunis le nouveau général en chef, Couthon, Châteauneuf-Randon et Javogue, les trois représentants qui formaient le parti opposé à Dubois-Crancé et à Gauthier.
    La délibération entre eux venait à peine de commencer.
    Mouton s’était fait annoncer et Doppet avait donné l’ordre de le faire entrer.
    – Bonjour, capitaine, lui dit familièrement Doppet. Tu es un soldat de profession, toi   ! Sois le bienvenu   ! Tu vas m’aider à mettre à la raison les citoyens représentants.
    Mouton étonné regarda Couthon.
    Celui-ci semblait très animé.
    Il n’était pas cul-de-jatte comme le prétendait Dubois-Crancé   : il avait les jambes en partie paralysées par des rhumatismes.
    On le traînait dans une petite voiture, mais il pouvait marcher appuyé sur des béquilles.
    Il avait une jolie figure, loyale et très expressive   : il inspirait la sympathie.
    Plein d’aspirations généreuses, il se trompa souvent comme tant d’autres, mais il fut toujours sincère et animé par le patriotisme.
    Quant à Doppet, c’était un médecin, nous l’avons dit, un Savoyard auquel certains ont dénié le droit d’être Français, en ce moment même où la Savoie était enfin réunie à la France par la main puissante de la République.
    Homme d’activité, d’énergie, de grand vouloir, il devait emporter Lyon, gagner plus tard des batailles rangées dans les Pyrénées   ; puis, après une défaite, tomber en disgrâce.
    Il venait de soumettre Marseille, malgré l’incapacité de son général en chef Carteaux.
    On s’est beaucoup moqué de ces civils devenus généraux.
    Certes, Carteaux prête à rire, et n’avoir jamais commandé une armée ne saurait être un titre à la capacité militaire.
    Mais combien, sous la Révolution, ont prouvé que le génie des batailles peut éclore tout à coup dans un cerveau, sans études préalables.
    Kléber était architecte.
    Davoust était un homme de bureau, porte-lunettes.
    Et combien d’autres   ?
    Doppet, sans être à la taille de ces grands hommes, a mérité, nous l’avons vu, les éloges de Jomini. Bonaparte le haïssait   : aussi ne lui a-t-il jamais rendu justice.
    Mouton était resté assez interloqué devant l’interpellation de Doppet.
    Toutefois, il n’était pas homme à demeurer longtemps embarrassé.
    – Mon général, dit-il, par le petit mot que je vous ai fait passer, je suis venu vous offrir mes services.
    – Et je les accepte avec joie, sacrebleu   ! dit Doppet. J’ai consulté les citoyens représentants et leur opinion, citoyen capitaine, est que vous avez le grand mérite, étant bon militaire et officier d’expérience, d’être un républicain et un patriote au-dessus de tout soupçon. Dès lors, je vais vous questionner nettement, certain que vous répondrez franchement.
    – Oui, franchement, dit Mouton, même devant un canon chargé à mitraille.
    – Eh bien, dit Doppet, je suis général et j’arrive. Je suis improvisé comme tant d’autres, parce que la situation oblige la Nation à tout improviser, généraux et soldats. Mais je ne suis point si sot que de me croire un foudre de guerre né avec la science infuse des batailles.
    – Ah   ! ah   ! dit Mouton d’un air ravi.
    – Seulement, la guerre civile n’étant pas tout à fait la même chose que la guerre étrangère, je rachète peut-être ce qui me manque par certaines qualités de tempérament   : ainsi, à la tête de ma colonne opérant sous Marseille, je me suis dit que je devais, selon le mot de Danton, avoir de l’audace pour déconcerter les insurrections.
    – Hum   ! hum   ! fit Mouton se refroidissant.
    – Sans l’audace, dit Doppet en souriant, dans la position où nous étions avec quelques milliers d’hommes, nous étions
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