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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth
Autoren: Walter Scott
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depuis trois jours sur la roue… Bah ! verse-moi un verre de vin.
    – Je veux y aller, dit Foster, je veux examiner moi-même… Il prit la lampe, alla jusqu’à la porte, et là, hésitant, il s’arrêta : – Ne venez-vous pas avec moi ? demanda-t-il à Varney.
    – Et pourquoi ? répondit Varney ; j’en ai assez vu et assez senti pour m’ôter l’appétit. J’ai ouvert la fenêtre cependant et renouvelé l’air ; il est sorti des tourbillons de vapeurs sulfureuses, et d’autres matières étouffantes, comme si le diable y eût été.
    – Et cette mort ne serait-elle pas l’œuvre du démon lui-même ? ajouta Foster toujours en hésitant ; j’ai entendu dire qu’il est tout-puissant dans ces momens-là et avec de telles gens.
    – Si c’est en effet ce Satan auquel tu crois qui te trouble l’imagination, reprit Varney, tu peux être tranquille : à moins que ce ne soit un démon tout-à-fait déraisonnable ; il a eu deux bons morceaux ces jours-ci.
    – Comment, deux morceaux ! que voulez-vous dire ? demanda Foster ; que voulez-vous dire ?
    – Tu le sauras avec le temps, répliqua Varney ; et puis cet autre banquet : mais tu l’estimeras un mets trop délicat pour le gosier du diable. Elle aura ses psaumes, ses concerts célestes, ses séraphins, n’est-ce pas ?
    À ces mots Foster s’approcha lentement de la table.
    – Bon Dieu, sir Richard, dit-il à voix basse, faut-il donc en venir là ?
    – Oui sûrement, Tony, si tu veux gagner la propriété de ce domaine.
    – J’avais toujours prévu que cela finirait ainsi, dit Foster ; mais comment ferons-nous, sir Richard ? car pour tout au monde je ne voudrais pas porter la main sur elle.
    – Je ne puis t’en blâmer, dit Varney ; j’aurais la même répugnance à le faire moi même ; nous devons regretter Alasco et sa manne, et ce chien de Lambourne.
    – Comment ! où est donc Lambourne ? demanda Foster.
    – Ne m’adresse pas de questions ; tu le reverras un jour si la croyance est vraie. Mais revenons à des affaires plus sérieuses. Je veux t’apprendre un piège pour prendre une fauvette, Tony ; cette trappe là-haut, cette machine de ton invention, ne peut-elle point paraître sûre, quoique ses supports soient enlevés ?
    – Oui, sans doute ; elle peut rester tendue aussi longtemps qu’on n’y appuie pas le pied.
    – Et si la dame voulait passer dessus pour s’échapper, le poids de son corps ne la ferait-il pas trébucher ?
    – Il suffirait d’un rat, répondit Foster.
    – Eh bien, alors elle mourrait en essayant de se sauver. Que pourrions-nous faire à cela, toi ou moi, mon brave Tony ? Allons nous coucher… nous nous concerterons demain.
    Le lendemain, à l’approche du soir, Varney appela Foster pour exécuter leur plan.
    Tider et les vieux domestiques de Tony furent envoyés au village sous un prétexte, et Foster lui-même visita la prison de la comtesse, comme pour voir si elle ne manquait de rien.
    Il fut tellement ébranlé par sa douceur et sa patience qu’il ne put s’empêcher de lui recommander instamment de ne pas mettre le pied sur le seuil de la porte jusqu’à ce que lord Leicester arrivât : – Et j’espère, ajouta-t-il, que ce sera bientôt.
    Amy promit qu’elle se résignerait à sa captivité avec patience ; et Foster alla rejoindre son complice après avoir ainsi soulagé en partie sa conscience du poids qui l’accablait.
    – Je l’ai avertie, pensa-t-il ; sûrement c’est un piège inutile que celui qu’on laisse apercevoir à l’oiseau.
    Il laissa donc la porte de la chambre sans la fermer en dehors, et enleva les supports de la trappe, qui resta en équilibre par la simple adhésion de son extrémité contre les parois du palier.
    Ils se retirèrent au rez-de-chaussée pour attendre ce qui allait arriver ; mais ils attendirent vainement. Enfin, Varney, après s’être promené à grands pas, le visage caché sous son manteau, se découvrit soudain en disant : – Certes, jamais femme ne fut assez folle pour négliger une si belle occasion de s’échapper.
    – Peut-être est-elle résolue d’attendre que son mari soit venu, répondit Foster.
    – C’est vrai, très vrai, s’écria Varney en sortant ; je n’y avais pas encore pensé.
    En moins de deux minutes, Foster entendit le pas d’un cheval dans la cour, et un coup de sifflet semblable au signal ordinaire du comte. L’instant d’après, la porte d’Amy s’ouvrit, et
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