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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth
Autoren: Walter Scott
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mesure, non seulement par une copieuse libation de vin, mais encore par l’espèce d’entretien confidentiel qu’il venait d’avoir avec le comte, et surtout par la connaissance du secret dont sa curiosité s’était emparée.
    Oubliant toute sa docilité pour Varney, il osa lui répondre qu’il ne souffrirait pas de propos insolens du meilleur chevalier du monde. Lord Leicester l’avait retenu pour une affaire d’importance, et cette raison devait suffire à Varney, qui après tout n’était qu’un domestique comme lui.
    Varney ne fut pas médiocrement surpris de ce ton d’impertinence ; mais, l’attribuant à l’ivresse, il feignit de ne pas s’en apercevoir, et commença à sonder Lambourne pour savoir s’il consentirait à écarter le seul obstacle qui s’opposait, à ce que le comte parvînt à un rang assez élevé pour récompenser ses plus fidèles serviteurs au-delà de tous leurs désirs.
    Michel Lambourne ayant l’air de ne pas comprendre ce qui lui était proposé, Varney lui indiqua clairement que c’était la personne transportée dans la litière qui était l’obstacle en question.
    – Oui-dà, sir Richard ; faites bien attention à ceci, répondit Michel : il y a des gens qui en savent plus long que d’autres, entendez-vous, et il y en a qui sont plus méchans que d’autres. Je connais les intentions de milord sur ce point mieux que vous, car il m’a tout confié. Voici ses ordres dans cette lettre, et ses derniers mots sont ceux-ci : – Michel Lambourne, ma-t-il dit, car Sa Seigneurie me parle comme à un homme qui porte l’épée, et ne me traite pas d’ivrogne et de coquin, comme tel et tel qui se laissent gonfler par leurs nouvelles dignités ; – il faut, m’a-t-il dit, que Varney conserve tout le respect possible pour ma comtesse… Je vous charge d’y veiller, M. Lambourne, et de redemander expressément mon anneau à Varney.
    – Oui ! reprit Varney ; a-t-il en effet parlé ainsi ? tu sais donc tout ?
    – Tout, tout ; et vous ferez sagement de rester mon ami tant que le soleil luira pour nous deux.
    – Personne n’était présent pendant que milord te parlait ? demanda Varney.
    – Pas un être vivant, reprit Lambourne ; pensez-vous que milord confierait ses secrets à tout autre qu’à un homme éprouvé comme moi ?
    – En vérité ! dit Varney ; et s’arrêtant, il promena ses regards sur la route qu’éclairait la lumière de la lune. Ils traversaient une vaste bruyère. La litière était à un mille devant eux, et trop éloignée pour qu’ils pussent être vus ou entendus par ceux qui l’escortaient. Derrière eux régnait un morne silence ; tout annonçait qu’ils étaient sans témoins. Varney reprit son entretien avec Lambourne.
    – Tu voudrais donc, lui dit-il, te tourner contre ton maître, contre celui qui t’a ouvert la carrière des faveurs de la cour, contre celui dont tu as été en quelque sorte l’apprenti, Michel ; qui t’a, en un mot, montré les profondeurs et les écueils de l’intrigue ?
    – Ne m’appelez pas Michel tout court, répondit Lambourne ; j’ai un nom qui peut être précédé de monsieur tout aussi bien qu’un autre ; et quant au reste, si j’ai été en apprentissage, mon temps est fini, et je suis résolu de passer maître à mon tour.
    – Reçois d’abord tes gages, insensés dit Varney ; et prenant son pistolet, il traversa d’une balle le corps de Lambourne.
    Le misérable tomba de cheval sans pousser un seul soupir ; Varney, mettant pied à terre, fouilla ses poches, et en tourna la doublure pour faire croire à ceux qui le rencontreraient qu’il avait été assassiné par des voleurs. Il s’empara de la lettre du comte, et prit aussi la bourse de Lambourne, qui contenait encore quelques pièces d’or. Mais, par un singulier mélange de sentimens, il la porta jusqu’à une petite rivière qui traversait la route, et la jeta dans l’eau aussi loin qu’il put. Tels sont les étranges retours d’une conscience qui semble tout-à-fait subjuguée. Cet homme cruel et sans remords se serait cru dégradé s’il avait gardé quelques pièces d’or qui avaient appartenu au misérable qu’il venait de tuer sans pitié.
    Le meurtrier rechargea son pistolet après en avoir essuyé la platine et le canon pour faire disparaître tout indice d’une explosion récente, et il suivit tranquillement la litière de loin, satisfait de s’être si adroitement débarrassé du témoin
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