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Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Titel: Jeanne d'Arc Vérités et légendes
Autoren: Colette Beaune
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vierge que Jeanne est
indifférente à la fatigue, robuste, jamais malade (encore qu’elle puisse être
blessée). C’est la virginité de la Pucelle qui donne la victoire. Elle a en
elle une espèce de baraka qui se transmet à ceux qui l’entourent. Autour
d’elle, nul ne risque d’être blessé ou tué. Et, quand elle rentre au logis, les
femmes se précipitent pour lui faire toucher médailles et colliers qu’elles
rapportent chez elles pour protéger leur foyer ou guérir leurs enfants. Jeanne
n’y croit pas, d’ailleurs. Tant que Jeanne est vivante, c’est de son corps que
nous entendons parler et non de son âme. Celle-ci n’apparaît dans les récits
que sur le bûcher de Rouen : quand ce corps disparaît, l’âme voit s’ouvrir
devant elle le Paradis.
     

Une fille sans
portrait…
    Le corps de Jeanne a fasciné ses contemporains et il fut
très visible. Nous en avons de très nombreuses descriptions, qui confirment le
peu que nous savons par ailleurs (elle était brune, portait les cheveux coupés
en rond comme les hommes de guerre de son temps, elle mesurait 1,60 m
selon le devis du tailleur). Ainsi dans la Chronique de la Pucelle :
«  Elle était âgée de dix-sept à dix-huit ans, bien compassée et
forte », c’est-à-dire solidement charpentée. Séduisante ?
Peut-être : « Bien qu’elle fût jeune fille belle et bien formée et
que par plusieurs fois, en l’aidant à s’armer, il lui ait vu les tétins et
quelquefois les jambes nues… », Jean d’Aulon n’eut jamais pour elle de
désir charnel. Même absence de réaction pour Jean d’Alençon : « Dans
les camps, il dormit avec elle à la paillade et quand elle s’habillait, il vit
quelquefois ses seins qui étaient beaux, mais jamais il n’eut pour elle de
concupiscence. » Quant au médecin Guillaume de La Chambre, il donne un
avis de professionnel : « Il la vit quasi nue quand elle était
malade. Il la palpa dans les reins où elle était très étroite, selon ce qu’il
put voir. » D’autres notent qu’elle avait le cou très court marqué d’une
tache rouge et parlait d’une voix douce. Et c’est absolument tout ce que nous
savons, si nous nous limitons aux descriptions de ceux qui l’ont vue. Seuls les
miniaturistes ou les polygraphes italiens des années 1500 la croient blonde,
grande et mince comme la Jeanne de Luc Besson ou toutes les héroïnes des romans
de chevalerie.
    Trois images (dont il n’est pas sûr qu’elles soient des
portraits) ont existé de son vivant. Quand, le 3 mars 1431, un des juges lui
demande si elle a fait faire un portrait d’elle (ce qui serait présomption,
seuls les rois et les grands ont accès au portrait), Jeanne lui répond « avoir
vu, à Arras, une peinture de la main d’un Ecossais : y avait la semblance
d’elle tout armée et présentait une lettre à son roi et était agenouillée d’un
genou. Dit que oncques ne vit ou fit faire autre image ou peinture à sa
semblance ». Si l’Ecossais est James Poulvoir, qui a peint l’étendard de
Jeanne, il est possible qu’il s’agisse d’un portrait.
    Une autre image (de Jeanne combattant les Anglais cette
fois) circule à Ratisbonne, en 1429, où des forains la montrent à la suite de
l’empereur moyennant 24 pfennigs. Ils gagnent leur vie en la promenant par
villes et campagnes.
    Une troisième image fut griffonnée le 10 mai 1429 par le
greffier du Parlement de Paris dans la marge de son registre : une
silhouette féminine de profil en robe et cheveux longs, mais portant bien
l’épée et l’étendard au nom de Jésus. C’est la Pucelle telle qu’il se
l’imagine, d’après les rares renseignements alors parvenus dans la capitale.
    Puis le modèle meurt. Toutes les images postérieures ne sont
donc pas des portraits, même si des traditions sur le physique de Jeanne ont pu
être conservées en Lorraine ou à Orléans qui la disaient petite, brune, visage
rond, sportive. À Orléans, en effet, les dames et demoiselles de la ville, dont
rares étaient celles qui avaient encore connu Jeanne, financèrent en 1501 le
monument élevé sur le pont où la Pucelle avait combattu. Soixante-dix ans déjà
s’étaient écoulés. Le duc d’Orléans à gauche et Jeanne à droite, les cheveux
longs, en armure, s’agenouillaient tous deux devant une Vierge de pitié. Le
monument fut détruit par les protestants en 1562. La tête fut semble-t-il
sauvegardée et réutilisée pour le second monument, lequel ne
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