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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu
Autoren: Daniel Tammet
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on considère que l’allaitement
profite au développement des émotions chez l’enfant autiste. Il permet en effet
de garder un contact étroit, émotionnel et physique, avec la mère. Des
chercheurs ont remarqué que les enfants autistes nourris au sein sont plus
autonomes, plus adaptés socialement et plus affectueux que lorsqu’on les nourrit
au biberon.
    Le mouvement était une autre façon d’apaiser
mes pleurs. Mon père me berçait régulièrement dans ses bras, parfois pendant
plus d’une heure. Parfois il mangeait d’une main pendant que, de l’autre, il
continuait à me bercer. De même, il me promenait longuement dans les rues après
son travail, et souvent aux premières heures du jour. En revanche, dès que le
landau s’immobilisait, je recommençais à hurler.
    Bientôt il n’y eut plus ni de jour ni de
nuit car la vie de mes parents s’organisa en fonction de mes pleurs. Je leur ai
certainement fait perdre en partie la raison. Il arrivait que, de désespoir, ils
me placent dans une couverture pour me balancer, ma mère tenant l’une des
extrémités, mon père l’ autre. La répétition du
mouvement finissait toujours par m’apaiser.
    ~
    On me baptisa l’été suivant. Bien que mes
parents ne soient pas pratiquants, j’étais leur premier-né et ils pensaient que
c’était la meilleure chose à faire. Par une belle journée claire et chaude, les
amis, les familles et les voisins se rendirent à l’église. Pendant la messe, je
pleurai sans discontinuer, couvrant la bénédiction de sanglots  – au grand
embarras de mon père et de ma mère.
    Quand mes grands-parents maternels nous
rendirent visite, ils s’étonnèrent que je sois un bébé si difficile. Ils
suggérèrent à ma mère de ne plus me prendre dans ses bras au moindre sanglot. « Il
finira bien par se calmer tout seul », disaient-ils. Le seul résultat de
ce conseil, que ma mère s’efforça de suivre, fut la multiplication de mes pleurs
par deux.
    À plusieurs reprises, mes parents
consultèrent leur médecin. À chaque fois, il diagnostiqua des coliques et que
cela ne pouvait que s’arranger. Les coliques sont en effet l’une des raisons
les plus communément avancées aux « pleurs inexplicables ». D’autant
que les pleurs persistent et que l’enfant est difficile à consoler. Un
nourrisson sur cinq pleure comme s’il avait des coliques. Depuis des décennies,
les médecins et les chercheurs tentent de percer le mystère de ces pleurs. Les
études les plus récentes penchent pour des douleurs neurologiques, en rapport
direct avec le développement cérébral. Rien à voir avec les troubles du système
digestif de l’enfant, comme le croient beaucoup de parents. Ces nourrissons qui
pleurent sont aussi anormalement sensibles aux stimulations et très vulnérables
à un surcroît d’informations sensorielles.
    La durée de mes pleurs excessifs  – qui
perdurèrent après mon premier anniversaire  – était tout à fait
inhabituelle, même pour des enfants souffrant de coliques. Récemment, des
chercheurs, étudiant le rapport entre développement de l’enfant et pleurs
anormaux, ont considéré qu’ils pouvaient être le signe avant-coureur de futurs
problèmes comportementaux. Comparés à ceux qui pleurent normalement, les
enfants qui pleurent trop présentent, vers 5 ans, des retards de la
coordination œil/main, ainsi que, généralement, de l’hyperactivité et des
problèmes de discipline.
    Pourtant, dans d’autres domaines, je me
développai de façon tout à fait normale : peu après mon premier anniversaire,
je me mis à marcher et je dis mes premiers mots. Le syndrome d’Asperger, en
effet, n’entraîne pas de retard notable dans l’apprentissage du langage (contrairement
à d’autres formes d’autisme, plus lourdes, où le langage peut prendre beaucoup de
retard, voire ne jamais se développer).
    À la même époque, j’ai souffert d’otites
chroniques qu’on soigna aux antibiotiques. À cause de ces douleurs, je fus un enfant
geignard, maladif et capricieux jusqu’à ma deuxième année. Pendant tout ce
temps, mes parents, bien qu’épuisés, continuèrent à me bercer tous les jours
dans ma couverture et dans leurs bras.
    Et puis, au beau milieu de ces pleurs et
de ces maladies qui ne cessaient jamais, ma mère découvrit qu’elle était encore
enceinte. Mes parents demandèrent à la municipalité un logement plus spacieux
et nous déménageâmes dans un appartement du
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