Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu
Autoren: Daniel Tammet
Vom Netzwerk:
Dans son livre Extraordinary People , le Dr Darold
Treffert, un médecin du Wisconsin, spécialiste du syndrome savant, rapporte notamment
le cas d’un aveugle « dont les capacités de calcul relevaient quasiment du
miracle ».
    Quand on lui demanda combien de
grains de blé il y avait dans 64 boîtes  – si l’on partait du principe qu’il
y en avait 1 dans la première, 2 dans la deuxième, 4 dans la troisième, 8 dans
la quatrième et ainsi de suite  –, il donna instantanément la réponse pour
la dix-huitième (8192) et pour la vingt-quatrième (8 388 608). Il
calcula la quarante-huitième (140 737 488 355 328) en six
secondes. Et il fit la somme correcte des 64 boîtes en quarante-cinq secondes :
18 446 744 073 709 551.
    ~
    En ce qui me concerne, j’aime tout
particulièrement le calcul des puissances, c’est-à-dire la multiplication d’un
nombre par lui-même, une ou plusieurs fois. Le carré d’un nombre est le
résultat de sa multiplication simple par lui-même. Par exemple : le carré
de 72 est 72 x 72 = 5 184. Dans mon esprit, les carrés ont toujours des
formes symétriques, ce qui les rend particulièrement beaux. Quant au cube d’un
nombre, il est le résultat de sa double multiplication par lui-même. On dit
aussi « élever » un nombre à la puissance trois, ou au cube. Ainsi, le
cube de 51 équivaut à 51 x 51 x 51 = 132 651. Pour moi, chaque résultat d’un
calcul de puissance donne naissance à une forme singulière que je visualise. À
mesure que les opérations et leurs résultats augmentent, je fais l’expérience
de formes mentales, de couleurs, de plus en plus complexes. Ainsi, quand j’élève
37 à la puissance 5 (37 x 37 x 37 x 37 x 37 = 69   343   957), je vois un grand cercle, composé de
petits cercles qui tournent dans le sens des aiguilles d’une montre, depuis son
sommet.
    Quand je divise un nombre par un autre, je
vois une spirale qui s’élargit vers le bas en cercles toujours plus
concentriques et déformés. Chaque division produit des spirales de tailles et
de formes différentes. Grâce à mon imagerie mentale, je peux diviser 13 par 97
(0,1340206…) et voir peu ou prou jusqu’à une centaine de décimales.
    Je n’écris presque jamais ce que je
calcule. J’ai toujours calculé de tête et il m’est beaucoup plus facile de
visualiser les réponses par synesthésie que d’essayer de suivre la technique du
« je retiens un » qu’on nous enseigne à l’école. Quand je fais une
multiplication, je visualise les deux nombres et leurs deux formes distinctes. Puis
l’image change. Une troisième forme apparaît : la réponse. Le processus
prend quelques secondes et s’effectue de lui-même. C’est comme faire des maths
sans y penser.

    L’image ci-dessus illustre la façon dont
je multiplie 53 par 131. Je « vois » chacun des deux nombres telle
une forme unique et distincte que je dispose à l’opposé l’une de l’autre. De l’espace
ainsi créé entre les deux formes résulte une troisième  – que je perçois
comme un nouveau nombre : 6   943, le résultat.
    Selon les opérations, les formes
diffèrent. De même, selon les nombres, j’éprouve des sensations et des
sentiments distincts. Lorsque je multiplie par 11, je vois toujours des
chiffres qui dégringolent dans ma tête. Les 6, quant à eux, sont les plus
difficiles à mémoriser de tous, parce que ce sont pour moi de minuscules points
noirs sans aucune forme ni texture. Pour les décrire, je dirais qu’ils
ressemblent à de petits trous ou à des creux. J’ai des réponses visuelles, et
parfois émotionnelles, pour chaque nombre jusqu’à 10000. Je possède mon propre
vocabulaire numérique et visuel, si l’on veut. De la même manière qu’un poète
associe certains mots plutôt que d’autres, certaines
combinaisons numériques sont pour moi plus belles que d’autres. Il y a des
nombres qui se marient bien avec des nombres noirs comme les 8 et les 9, mais
moins bien avec des 6. Un numéro de téléphone comportant la séquence 189 est
bien plus beau qu’un numéro comportant une séquence 116.
    Cette dimension esthétique de ma
synesthésie a de bons et de mauvais côtés. Un nombre particulièrement beau sur
une plaque minéralogique ou sur une enseigne provoque chez moi un frisson d’excitation
et de plaisir. Tout comme voir des nombres sous une forme qui ne correspond pas
à l’expérience que j’ai d’eux  – par exemple le prix d’un
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher