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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu
Autoren: Daniel Tammet
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de l’autisme, j’espère aider d’autres jeunes gens, comme mon frère
Steven, à vivre leur autisme de haut niveau, à se sentir moins isolés et à
avoir confiance, en sachant qu’il est possible d’avoir finalement une vie riche
et heureuse. J’en suis la preuve vivante.

2

PREMIÈRES ANNÉES
     
    Un matin très froid de janvier, dans l’Est
de Londres. À la seule vraie fenêtre de leur appartement, ma mère, Jennifer, enceinte
de moi et proche du terme, contemple en silence la petite rue étroite et gelée.
Sorti acheter le journal du matin, mon père, Kevin, un homme matinal, rentre à
ce moment-là. Étonné de la voir déjà levée, il s’inquiète, s’approche d’elle
sans faire de bruit et lui prend la main. Elle a l’air fatiguée, comme souvent
ces dernières semaines. Elle ne bouge pas, absorbée dans sa contemplation silencieuse.
Enfin elle tourne la tête vers lui, lentement, le visage déformé par l’émotion.
Elle pose doucement ses mains sur son ventre et lui dit : « Nous l’aimerons,
quoi qu’il arrive. Nous l’aimerons, tout simplement. » Ma mère se mit
alors à pleurer et mon père approuva sans un mot en lui serrant la main, très
fort.
    Pendant toute son enfance, ma mère a
toujours pensé qu’elle n’était pas à sa place. Dans son souvenir, elle revoit
des frères trop grands pour jouer avec elle (elle est d’ailleurs très jeune
lorsqu’ils quittent la maison) et des parents froids, distants. Non qu’elle n’ait
pas été aimée, mais on n’a pas jugé nécessaire de le lui montrer. Trente ans
plus tard, elle ne sait toujours pas comment réagir à
ces souvenirs d’enfance ambigus.
    Dès leur première rencontre, par l’intermédiaire
d’amis communs, mon père est tombé en adoration devant ma mère. Après quelque
temps d’une étourdissante romance, ils ont décidé de s’installer ensemble. Il avait
bien pensé qu’il n’avait pas grand-chose à lui offrir, mais il l’aimait plus
que tout.
    Enfant, mon père avait dû contribuer à l’éducation
de ses frères et sœurs plus jeunes. Divorcée de mon grand-père, sa mère s’absentait
parfois longtemps pour travailler. Quand il eut 10 ans, ils déménagèrent dans
un foyer pour sans-abri et mon père veilla sur ses frères et sœurs. Il n’eut
pas vraiment le temps d’aller à l’école. On ne lui laissa pas l’opportunité d’avoir
des rêves ou des espoirs, comme n’importe quel enfant. Ainsi qu’il le dirait
plus tard : le jour où il a rencontré ma mère a été le plus beau de sa vie.
Bien que très différents, ils ont su se dire qu’ils tenaient profondément l’un
à l’autre. Tous les deux avaient été blessés par des enfances difficiles :
ils ne voulaient surtout pas de ça pour moi.
    ~
    Ma mère perdit les eaux quelques jours
plus tard. En rentrant, mon père la trouva effondrée de douleur. Terrifiée, elle
l’avait attendu jusqu’au soir. Il appela une ambulance et se précipita à l’hôpital,
sans quitter ses vêtements tachés d’huile et de graisse. Presque instantanément,
je vins au monde : à peine trois kilos.
    On dit que l’arrivée d’un enfant change
tout et, sans aucun doute, ma naissance bouleversa l’existence de mes parents
 – et pour toujours. J’étais leur premier enfant : il était naturel, bien
sûr, qu’ils placent autant d’espoir en moi, avant même ma naissance. À la recherche
de trucs et d’astuces, ma mère avait passé les derniers mois à compulser fébrilement
les pages des magazines féminins les plus populaires. Ensemble, ils avaient
économisé, sou après sou, pour un berceau.
    À l’hôpital, cependant, les premiers
jours ne correspondaient en rien à ce que ma mère avait imaginé. Je pleurais
sans discontinuer. Elle me prenait dans ses bras et me caressait doucement le
visage du bout des doigts, mais rien n’y faisait : je pleurais toujours.
    L’appartement de mes parents était petit.
Mon berceau se trouvait dans un coin de leur chambre à coucher. Dès leur retour
de l’hôpital, mes parents constatèrent que malheureusement il était impossible
de m’y coucher. Je ne voulais pas dormir, je pleurais sans arrêt (et d’une
traite). Ma mère m’allaita pendant dix-huit mois, en partie parce que c’était l’une
des seules manières de me calmer.
    Il est connu que l’allaitement aide au
développement des facultés cognitives et sensorielles, sans compter qu’il
renforce le système immunitaire. De même,
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