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Inaccessible Étoile

Inaccessible Étoile

Titel: Inaccessible Étoile
Autoren: Claude Cotard
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banlieue.
Trop de laisser-aller dans l’autorité parentale, nombreux parents baisseront les bras par la suite. Et puis la politique et l'histoire de cette guerre d'Algérie sont encore trop fraîches.
Le dénouement, c’est la délinquance, le manque de considération des parents, ce que je n’impute pas uniquement aux familles d’origine maghrébine, mais aussi françaises.
Si beaucoup des premiers émigrés se sont adaptés, la dernière génération s’y refuse généralement.
Admettons que les mentalités n'ont que très peu évolué au niveau de l'embauche ou du logement, selon notre prénom, Jean ou Mohamed. Les guerres de religion et les agissements des extrémistes n'ont rien arrangé.
Parquée depuis trop longtemps dans ces cités dortoirs, et sans cette ténacité qu’avaient leurs parents ou grands-parents. Parents ou grands-parents qui n’avaient rien, que leurs deux mains pour s’en sortir. Leurs deux mains et leurs souvenirs de l’Algérie !
En tout cas, en ces années 60, notre environnement est inter racial. Nous grandissons avec des Algériens, des Marocains, des Tunisiens, des Africains, des Antillais, des Juifs aussi, sans aucune controverse, ni culturelle ni religieuse, si ce n’est, je le souligne encore, l'ascendant de discutables parents racistes et intolérants. Seuls les Turcs ont une image assez défavorable dans notre environnement du fait qu'il s'y trouve beaucoup d'Arméniens pour nous compter l'holocauste qu'ils avaient subi de la part de ces Ottomans.
C'est oublier un peu vite notre propre histoire, tant en Indochine qu'en Algérie.
Je dois concéder beaucoup de mérites à ces parents émigrés ayant tout perdu, jusqu'à leurs rêves, et s'étant relevés à la force de leurs mains, de travail, pour leur famille.
Et puis il y eut aussi la douce Patricia H, Patou pour moi.
En 1967, Patricia réside au onzième étage, dans le même immeuble que moi, le bâtiment H du 4 mail Maurice de Fontenay.
Je tombe amoureux dès que je la vois, comme on peut l'être à neuf ans.
Quand, le mot « amour » dans tous les sens du terme, est un mot pleinement abstrait, sans signification, sans existence, tout au moins pour moi, ça ne facilite pas les rapprochements pourtant. Nous ne nous posons pas de questions, nous sommes heureux ensemble et tout se fait fraîchement, naturellement, nous sommes amoureux c’est tout.
Nous allons à la piscine du Bourget régulièrement, main dans la main, seuls, en prenant le bus. Nous conversons beaucoup, de tous nos secrets, nos états d'âme. Il n'est pas question de flirt ou même de bisous, nous ne savons pas ce que c'est.
La tendresse est de toute façon un mot occulte pour moi, tout au moins dans sa réception. La seule tendresse que je découvre, c'est la douceur de sa main dans la mienne.
Pour moi, Patou est un petit oisillon à protéger.
Ça se limite à ça.
Puis, après plus d'un an d'amour platonique avec Patou, ses parents ne veulent plus que l'on se fréquente à cause de mon attitude, intra scolaire, de notre mauvaise réputation à moi et à Pierrette, qui fraye déjà avec les voyous de la cité. De plus, Patou a une soeur, Jocelyne, avec qui Pierrette fait les quatre cents coups.
C’est une déchirure, pour moi.
Ses parents me disent qu’elle est décédée d’une grave maladie (la leucémie) dans la nuit.
C’est trop pour moi, je conçois un cocktail d'acide, d'essence trouvée dans le cagibi, dans l’outillage de Papa (couvreur plombier zingueur).
Je vidange le tout dans le vide-ordures de l'immeuble, et enfin embrase une allumette... Et boum !
Les cheveux brûlés, les cils aussi, c’est plus impressionnant que grave. Un mystère !
Habitant au deuxième étage, même la porte du cellier du onzième étage (celui des parents de Patou), saute de ses gonds.
Ce sera ma dernière tentative de suicide, en 1967. J'ai neuf ans.
Personne ne comprend la signification de ce geste, à l’exception de Muguette, que je considère comme ma mère (je consacre un chapitre à vous parler d’elle), de Pierrette et de Jocelyne, la soeur de Patou, que je reverrai, des années plus tard, par hasard. Après l’explosion, on me conduit à l’hôpital Saint-Denis.
On m'étend sur la table pour examiner mes yeux, savoir s'il n'y a rien de touché, rien de grave.
Le médecin se tourne pour préparer un désinfectant et lorsque, à nouveau, il se retourne, plus personne, j'ai fichu le camp tout seul comme un grand, à pied.
J'ai dépassé les bornes
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