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Il neigeait

Il neigeait

Titel: Il neigeait
Autoren: Patrick Rambaud
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jamais Dumas. La jungle c’est Conrad. L’aiguille
creuse d’Étretat appartient à Maurice Leblanc et la route de Trouville à
Flaubert. Le brouillard de Londres, les cabs, c’est Conan Doyle ;
d’ailleurs, Sherlock Holmes reçoit encore du courrier au 221b Baker Street,
désormais un immeuble carré et disgracieux. L’histoire n’est pas une science
exacte, elle divague, il faut la laisser aux rêveurs qui la recomposent
d’instinct.
    Revenons à Napoléon. Aucun historien n’est objectif. Sa
légende, il la prépare depuis cette guerre de pillage qu’il mène en Italie pour
renflouer les caisses du Directoire. Il contrôle son image, il la fabrique en
s’entourant de publicistes, de dessinateurs, de peintres. Le pont d’Arcole, il
n’y est jamais monté ; il était tombé bien avant dans un fossé. Sur le
célèbre tableau, on le voit entraîner derrière son drapeau brandi l’infanterie
de Masséna. Dans la réalité, le rôle était tenu par Augereau. Quand les
Parisiens venaient contempler Le Sacre de David, ils s’en
amusaient : « Tiens, l’impératrice semble très jeune »,
disaient-ils en pouffant. Quant à la mère de l’Empereur, qui figure en bonne
place, elle n’assistait pas à la cérémonie ; elle boudait parce que son
fils ne lui avait pas attribué un titre. Napoléon a inventé la propagande
moderne en détachant l’histoire officielle des faits.
    Tableaux, dessins, croquis existent cependant et nous
décrivent la vie des gens. Ils m’ont été précieux pour voyager dans le temps,
comme autrefois, avant de savoir lire, je m’embarquais dans les lourds volumes
de l ’Histoire de France illustrée que Larousse publia vers 1910, où des
peintres pompiers reconstituaient avec une précision photographique Le
Pillage d’une villa gallo-romaine ou L’Excommunication de Robert le Pieux. Dans les albums que j’ai consultés, les illustrations, plus véridiques,
sont souvent l’œuvre de témoins directs :
     
    •  Campagne de Russie (1812) vue
par Albrecht Adam et Christian Wilhelm von Faber du Faur, Tradition
Magazine, hors série n° 3, disponible 25, rue Bargue, 75015, Paris.
Croquis pris sur le vif.
    •  Napoléon, 1812, la
campagne de Russie, un volume de la collection composée par Tranié et
Carmignani, chez Pygmalion (octobre 1997). Remarquable iconographie, près de
cinq cents illustrations.
    Viennent ensuite les récits des acteurs de l’épopée. Ils
foisonnent et il faut y naviguer pour en rapporter l’image, la scène, le
détail. Dans ce cas, j’oublie les jugements, je ne retiens que la couleur. Si
Castellane note chaque jour la météo, si Bausset détaille les appartements du
Kremlin et Ali les manies de l’Empereur, si Larrey nous enseigne les effets du
grand froid, dans ses Mémoires de chirurgie militaire, pourquoi
mentiraient-ils ?
    Les ouvrages que j’ai consultés au Service historique des armées,
à Vincennes, sont mentionnés avec la cote sous laquelle ils sont disponibles,
précédée de la lettre  V comme Vincennes.
     
     
    1. — Les témoins de la
campagne et de la retraite
     
    • Ségur, Histoire de
Napoléon et de la Grande Armée pendant l’année 1812, Turin, 1831, chez les
frères Reycent et Cie, librairie du Roi. Le texte le plus connu et le plus
écrit, qu’on peut compléter par le premier chapitre d’un autre Ségur, Du
Rhin à Fontainebleau, intitulé « Souvenirs personnels de 1812 ».
Gourgaud conteste Ségur, il y consacre un volume entier : Examen
critique de l’ouvrage de Monsieur le Comte Ph. de Ségur, Paris, Bossange
Frères (1825). Il nous a également donné un Napoléon et la Grande Armée en
Russie, V. 72794 à 98.
    • Caulaincourt, Mémoires, trois
volumes chez Plon (1933). Précis et précieux par sa multitude de détails,
surtout à l’occasion de la fuite de l’Empereur en traîneau ; il
l’accompagnait et a retenu ses conversations. À ce propos, dès que je l’ai pu,
j’ai placé dans la bouche de Napoléon des phrases que ses proches ont
rapportées.
    • Fain, Manuscrit de 1812, chez
Delaulay, Paris, 2 volumes (1827). Le baron Fain, secrétaire de
l’Empereur, est devenu malgré lui un personnage de ce roman, que j’ai traité
librement.
    • Méneval, Mémoires, V. 9851
à 53. L’autre secrétaire, plus imagé que son collègue mais qui, hélas, tombe
malade à Moscou.
    • Constant, Mémoires intimes
de Napoléon I er , Mercure de France (1967).
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