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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus
Autoren: Matilde Asensi
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rapides dans les écuries de tout monastère, paroisse ou maison
chrétienne situés entre Ponç de Riba et Avignon... Bref, on m’attendait à
Avignon dans deux semaines... Admirable.
    Je me chargeai de trouver un logement pour mes
frères, puis, l’après-midi étant bien avancé, m’enfermai dans l’église pour
méditer. Il n’est jamais bon d’agir sans avoir prévu auparavant tous les
mouvements probables de la partie, sans en avoir calculé toutes les
possibilités – les plus vraisemblables du moins –, sans avoir réfléchi avec
soin aux pertes et bénéfices probables, aux éventuelles conséquences et
répercussions de votre action sur votre vie et celle de ceux dont vous êtes
responsable... même s’ils l’ignorent, comme c’était le cas pour Jonas. Je
passai ainsi la fin de l’après-midi et toute la nuit seul dans l’église, vêtu
pour la dernière fois de l’habit blanc que je comptais abandonner au lever du
jour pour reprendre définitivement ma tenue de chevalier et renaître sous les
traits du Galcerán qui avait débarqué à Barcelone dix-sept mois plus tôt.
    Je chantai les mâtines avec les moines dans la
salle capitulaire, et demandai au prieur qu’il voulût bien me recevoir quelques
instants pour l’informer de mon départ précipité. Je ne lui aurais jamais donné
de détails sur les raisons de ce brusque changement si je n’avais espéré
obtenir en contrepartie un gain d’une plus grande valeur. J’exhibai donc sous
ses yeux la lettre du pape qui le laissa bouche bée, et lui fis croire que je
me confiais à lui comme à un ami. Je lui avouai que cette nomination me
troublait beaucoup et que j’étais déçu de devoir quitter Ponç de Riba au moment
précis où il allait être élu abbé. Avant qu’il ne puisse dire un mot, profitant
de ce que je le tenais tout étourdi et plein d’illusions, je lui demandai la
permission d’emmener le novice Garcia afin de ne pas interrompre son
apprentissage, l’assurant qu’il reviendrait dans un an, mûr et instruit, prêt à
prendre les voeux. Je lui jurai que le garçon résiderait toujours dans le
monastère mauricien le plus proche du lieu où je me trouverais, et qu’il
accomplirait toutes les obligations et pratiques propres à son ordre.
    Il va sans dire que je commis un parjure
sciemment et que toutes ces belles paroles n’étaient qu’un long tissu de
mensonges. Mais il me fallait obtenir la garde de Jonas des mains du prieur et
le sortir de ces murs derrière lesquels il ne retournerait jamais.
    Et c’est ainsi qu’à midi un cortège formé par
trois chevaliers hospitaliers, deux écuyers, un novice de bientôt quatorze ans,
et deux mules chargées de l’équipage, quittait le couvent sous un soleil
accablant et se dirigeait vers le nord, jusqu’à Barcelone.

 
II
    Les luttes incessantes entre les familles
Gaetani et Colonna qui avaient converti Rome en un champ de bataille obligèrent
le pape Benoît XI à chercher un abri plus sûr hors du royaume d’Italie. Son
successeur, Clément V, ancien archevêque de Bordeaux, décida de ne pas quitter
la France tant que la situation à Rome serait aussi dangereuse. Ainsi commença
la période connue, on ne sait pourquoi, sous le nom de « la seconde
captivité de Babylone ». La situation ne s’améliorant guère, Jean XXII, élu
deux ans après la mort de Clément – années durant lesquelles le siège de saint
Pierre demeura vide pour la première fois de son histoire –, choisit de rester
dans son palais épiscopal d’Avignon qui devint ainsi le centre de la
chrétienté. Personne ne pouvait dire si le pontificat reviendrait jamais en
Italie...
    Ce qui était bien clair par contre en ce mois
d’avril 1317, c’est que Jonas et moi devions parcourir quatre cent soixante
milles à dos de cheval, en passant par les dangereux défilés pyrénéens. Nous
n’avions pas de temps à perdre, mais je m’attardais bien plus longtemps qu’il
n’eût été souhaitable à Barcelone pour faire mes adieux à Johannot et Gérard
qui devaient retourner à Rhodes.
    Puis, sans prendre plus de répit, je traversai
avec Jonas Foix et le Languedoc avant de faire une halte de deux jours à
Narbonne pour nous reposer et changer nos montures. En général, nous dormions
près de la route, sur nos capes, à l’abri d’un bon feu. Au début, Jonas se
plaignait souvent des désagréments auxquels il n’était pas habitué. Mais il
découvrit rapidement le plaisir de
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