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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus
Autoren: Matilde Asensi
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très bel anneau pastoral fait d’un énorme rubis pour que
nous le baisions.
    — Pax vobiscum..., murmura-t-il
d’un ton routinier.
    — Et cum spirituo
tuo, répondis-je en même temps que frère Robert.
    — Levez-vous, chevaliers, et prenez place.
    Le valet de chambre nous offrit une coupe de vin
chaud. Nous la prîmes avidement, prêts à écouter ce que le Saint-Père voulait
nous dire.
    — Vous devez être Galcerán de Born,
commença-t-il en s’adressant à moi, celui que tous appellent le Perquisitore.
    — Oui, Votre Sainteté.
    — Vous devez être fier, chevalier de Born,
reprit-il d’un ton acrimonieux et d’une voix aiguë, tout en tambourinant des
doigts sur les bras de son fauteuil. Votre grand maître ne tarit pas d’éloges
sur vous. Lorsque je me suis adressé à lui, il m’a répondu que vous étiez
l’homme parfait pour la mission délicate dont nous allons vous charger. Il a
dit, autant que vous le sachiez, que vous étiez un moine dévot, un homme de
ressources, un stratège doté d’une extraordinaire capacité pour découvrir la
vérité, et que non seulement vous jouissiez d’une grande réputation comme
médecin, mais que vous saviez mener une enquête dans la plus grande discrétion
et résoudre les énigmes comme personne n’était capable de le faire. Tout cela
est-il vrai, chevalier Galcerán ?
    — Je ne saurais dire, Votre Sainteté,
murmurai-je un peu écrasé sous cette avalanche de compliments. Mais il est vrai
que j’ai participé avec succès à l’éclaircissement de certaines énigmes. Vous
savez bien qu’en fin de compte les hommes ne sont que des hommes, bien que
l’Esprit veille au salut de leurs âmes.
    Le pape fit un geste d’ennui, et ramassa les
pans de sa cape. Je pensais que j’avais assez parlé et me dis que je
n’ouvrirais plus la bouche tant que l’on ne me l’aurait pas demandé
expressément.
    — Bien, chevalier Galcerán. C’est donc en
toute confiance que je vais vous confier une mission importante qui peut
altérer le cours de mon règne. Rien de ce qui se dira aujourd’hui ici ne devra
sortir d’entre ces quatre murs. J’en appelle à votre voeu d’obéissance.
    — Il ne parlera pas, Votre Sainteté, assura
mon supérieur.
    Le pape hocha la tête plusieurs fois.
    — Je suppose que vous êtes au courant des
désagréables événements qui ont amené mon prédécesseur à dissoudre le dangereux
ordre du Temple, n’est-ce pas ? me demanda-t-il en me regardant droit dans
les yeux.
    Je ne pus retenir une expression de surprise
incrédule et de mécontentement que j’essayai de chasser immédiatement. Si la
mission que le pape voulait me confier était liée aux Templiers, je venais de
me jeter dans la gueule du loup.
    J’avais entendu tant de fois l’histoire de cet
ordre que tous ses horribles détails me revinrent aussitôt en mémoire malgré le
regard froid et inquisiteur de Jean XXII.
    Trois ans plus tôt, le 19 mars 1314, Jacques de
Molay, grand maître de l’ordre du Temple, et Geoffroy de Charney, précepteur de
Normandie, mouraient sur le bûcher, accusés de parjure et d’hérésie. Tel fut le
tragique dénouement des sept années de persécutions et de tortures qui mirent
fin à l’ordre militaire le plus puissant de la chrétienté. Pendant deux
siècles, les Templiers avaient été les maîtres de plus de la moitié des
territoires d’Europe, possédant des richesses incalculables. Le Temple,
principal banquier des grands seigneurs et de certains royaumes chrétiens
d’Occident, gérait, depuis Louis IX, le trésor royal de France. Pour beaucoup,
c’était là précisément ce qui avait causé sa disgrâce. Le petit-fils de Saint
Louis, Philippe le Bel, accablé de dettes, avait chargé son garde des Sceaux et
homme de confiance, Guillaume de Nogaret, de créer lentement les conditions
favorables au démantèlement et à la disparition définitive de l’ordre du
Temple. Les premières arrestations eurent lieu en octobre 1307.
    Pour se justifier devant toutes les cours
d’Europe surprises d’un tel affront contre l’ordre tout-puissant, Philippe IV
prétendit détenir des preuves irréfutables démontrant que les Templiers avaient
commis de terribles délits : hérésie, sacrilège, sodomie, idolâtrie,
blasphème, sorcellerie et apostasie... En tout, quatorze actes d’accusation
avoués par les Templiers eux-mêmes sous la torture. Tandis que les rois
d’Angleterre, d’Allemagne, d’Aragon,
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