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Hommage à la Catalogne

Hommage à la Catalogne

Titel: Hommage à la Catalogne
Autoren: George Orwell
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quatre cents morts et mille cinq cents blessés. Le parti communiste double la mise et ajoute encore quelques centaines à tout hasard.
    Les journaux capitalistes à l’étranger rejetèrent en général la responsabilité des troubles sur les anarchistes ; quelques-uns cependant adoptèrent la « ligne » communiste. L’un de ceux-ci fut le journal anglais News Chronicle , dont le correspondant, M. John Langdon Davies, se trouvait à Barcelone à l’époque. Voici des extraits de son article :
     
    U NE SÉDITION TROTSKYSTE
     
    « ... Non, il ne s’est pas agi d’un soulèvement anarchiste ; mais bien d’un putsch , heureusement déjoué, du P.O.U.M. « trotskyste » ayant pour agents d’exécution les organisations qu’il contrôle : les Amis de Durruti et la Jeunesse libertaire... La tragédie commença le lundi après-midi, lorsque le gouvernement envoya de la police armée au Central téléphonique pour en désarmer les employés, hommes pour la plupart de la C.N.T. De graves irrégularités dans le service y faisaient depuis un certain temps scandale. Une grande foule se rassembla à l’extérieur du Central, sur la place d’Espagne, cependant que les hommes de la C.N.T. résistaient, se retirant d’étage en étage jusqu’en haut de l’immeuble... Ce n’était qu’un obscur incident, mais le bruit courut que le gouvernement était sur pied contre les anarchistes. Les rues se remplirent d’hommes armés... À la tombée de la nuit, tous les centres ouvriers et tous les immeubles du gouvernement étaient barricadés, et à dix heures les premiers coups de feu éclatèrent, et les premières ambulances commencèrent à sillonner les rues en se frayant passage à coups de sirène. À l’aube la fusillade avait gagné tout Barcelone. Vers la fin du jour, et alors que le nombre des morts dépassait la centaine, on commença à saisir ce qui se passait. La C.N.T. anarchiste et l’U.G.T. socialiste n’étaient pas précisément, au sens technique de l’expression, « descendues dans la rue ». Tant qu’elles restèrent derrière les barricades, elles s’en tinrent à une attitude d’attente vigilante, attitude qui n’excluait pas le droit de tirer sur tout passant armé... Les fusillades qui se déclenchaient un peu partout furent immanquablement aggravées par des pacos  – des individus isolés, cachés, des fascistes en général, qui tiraient du haut des toits sans viser rien en particulier, mais dans le but d’accroître autant qu’ils le pouvaient la panique générale. Mais le mercredi soir, on commença à comprendre quels étaient les instigateurs de cette sédition. Tous les murs avaient été tapissés d’une affiche incendiaire, appelant à la révolution immédiate et réclamant l’exécution des chefs républicains et socialistes. Elle portait la signature des « Amis de Durruti ». Le jeudi matin le quotidien anarchiste nia toute connivence de sa part au sujet de cette affiche, déclarant n’en avoir pas eu connaissance et la désapprouver, mais La Batalla , le journal du P.O.U.M., en reproduisit le texte, avec force éloges. Ainsi Barcelone, la première ville d’Espagne, fut jetée au carnage par des agents provocateurs se servant de cette organisation subversive ! »
    Tout cela ne s’accorde guère avec les versions communistes que j’ai précédemment citées, mais on va voir que même en ne considérant que ce texte, on y trouve des contradictions. L’affaire est tout d’abord dépeinte comme une « sédition trotskyste », puis présentée comme résultant du raid sur le Central téléphonique et de la croyance générale que le gouvernement « était sur pied contre les anarchistes ». La ville se couvre de barricades et derrière ces barricades se trouvent à la fois la C.N.T. et l’U.G.T. ; deux jours après paraît l’affiche incendiaire (un tract en réalité), et l’on y veut voir par implication le point de départ de toute l’affaire – un effet précédant la cause, quoi ! Mais voici, en fait de présentation erronée des faits, quelque chose de très grave : M. Langdon Davies parle des Amis de Durruti et des Jeunesses libertaires comme d’« organisations contrôlées » par le P.O.U.M. Or elles étaient, l’une et l’autre, des organisations anarchistes et n’avaient aucun lien avec le P.O.U.M. Les Jeunesses libertaires, c’était, au sein des anarchistes, l’Union des Jeunes ; elle était aux anarchistes ce
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