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Hommage à la Catalogne

Hommage à la Catalogne

Titel: Hommage à la Catalogne
Autoren: George Orwell
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qu’étaient, par exemple, au P.S.U.C., les J.S.U. Quant aux Amis de Durruti, c’était un petit groupement à l’intérieur de la F.A.I., et qui était généralement animé à l’égard du P.O.U.M. d’une âpre hostilité. Je n’ai jamais vu ni entendu dire que personne fît à la fois partie des deux organisations. Il ne serait guère plus faux de prétendre qu’en Angleterre l’Union socialiste est une organisation « contrôlée » par le parti libéral ! Est-ce qu’il y a là de la part de M. Langdon Davies ignorance ? Dans ce cas, il eût au moins dû faire preuve d’un peu plus de prudence en abordant ce sujet très complexe.
    Je n’accuse pas M. Langdon Davies de mauvaise foi ; mais, il ne s’en cache pas, il quitta Barcelone aussitôt après la fin des troubles, c’est-à-dire précisément au moment où il eût pu commencer une enquête sérieuse ; et à travers tout son récit il apparaît de façon indiscutable qu’il a accepté la version officielle d’une « sédition trotskyste » sans suffisante vérification. Cela crève les yeux, même en s’en tenant au passage que j’ai cité : « À la tombée de la nuit les barricades étaient élevées », dit-il, et « à dix heures » les premiers coups de feu éclatent. Voilà ce que n’eût certes pu dire un témoin oculaire ! D’après cela, nous devrions en conclure que c’est l’habitude d’attendre que son adversaire ait construit des barricades pour commencer à lui tirer dessus. De ce passage on retire l’impression qu’il s’est écoulé quelques heures entre le moment où l’on a élevé les barricades et le début de la fusillade – alors que, naturellement, c’est l’inverse qui a eu lieu. J’ai été témoin avec beaucoup d’autres des premiers coups de feu échangés, c’était de bonne heure dans l’après-midi. Et de même pour ce qui est de ces « individus isolés », « des fascistes en général » qui tiraient du haut des toits, M. Langdon Davies ne nous dit pas comment il put savoir que ces hommes étaient des fascistes. Il est probable qu’il n’a pas grimpé sur les toits pour le leur demander. Tout simplement il a répété ce qu’on lui a dit, et, comme cela cadre avec la version officielle, il ne le met pas en doute. À vrai dire, au début de son article, une allusion imprudente au ministre de la Propagande trahit l’une des sources probables de la plupart de ses informations. En Espagne les journalistes étrangers furent immanquablement manœuvrés par le ministère de la Propagande ; on pourrait pourtant croire que le nom même de ce ministère devrait suffire à rendre méfiant. Il va sans dire que le ministère de la Propagande était aussi désigné pour fournir des informations objectives sur les troubles de Barcelone que, disons, le défunt Lord Carson aurait pu l’être pour donner un compte rendu objectif du soulèvement de Dublin en 1916.
    J’ai indiqué quelles raisons l’on a de ne pouvoir prendre au sérieux la version communiste des troubles de Barcelone. Je dois en outre ajouter quelque chose au sujet de l’accusation générale portée contre le P.O.U.M. d’être une organisation fasciste secrète à la solde de Franco et de Hitler.
    Cette accusation a été mille et mille fois répétée dans la presse communiste, surtout à partir du début de 1937. Cela faisait partie de la chasse mondiale que le parti communiste officiel menait contre le « trotskysme », dont le P.O.U.M., à l’en croire, était censé être le représentant en Espagne. Le « trotskysme », selon Frente Rojo (le journal communiste de Valence), « n’est pas une doctrine politique. Le trotskysme est une organisation capitaliste officielle, une bande de terroristes fascistes s’occupant de crimes et de sabotages contre le peuple ». Le P.O.U.M. était une organisation alliée aux fascistes en faisant partie de la « cinquième colonne de Franco ». Ce qui est à remarquer dès le début, c’est qu’aucune preuve ne fut jamais fournie à l’appui de cette accusation ; on se contenta d’affirmer la chose sur un ton d’autorité. Et l’attaque fut menée tant qu’on put à coups de diffamations personnelles, et avec une totale insouciance des répercussions que cela pourrait avoir sur le cours de la guerre. Beaucoup d’écrivains communistes paraissent avoir estimé sans importance, comparée à la tâche de diffamer le P.O.U.M., la trahison de secrets militaires.
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