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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
Autoren: Marc Ferro
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Ceylan, une partie de la Péninsule indochinoise et des îles de la Sonde. Sans parler des Chinois, qui ontexploré les côtes orientales de l’Afrique, au XV e  siècle, et colonisé le Tibet ; voire des Japonais qui ont conquis et colonisé Yeso juste avant que les Russes n’arrivent à Sakhaline et les Français au Canada.
    Au vrai, notre projet ne consiste pas à établir un inventaire de tous les phénomènes d’expansion, ou de colonisation, ou à banaliser le phénomène colonial européen ; mais bien, à l’occasion, à le confronter à d’autres.
    Ce parti pris de mondialisation est un souci de ne pas reproduire une vision européocentrique de l’Histoire. Il en détermine d’autres.
    Considérer, d’abord, la colonisation comme un phénomène qui ne saurait être dissocié de l’impérialisme, c’est-à-dire de formes de domination qui ont pu prendre, ou non, la figure de la colonisation. D’un côté, en effet, pour des populations soumises sans interruption du XVI e au XX e  siècle — en Inde, en Angola, aux Antilles —, il y a eu continuité dans la dépendance — et non rupture ; même si, à l’âge de l’impérialisme, c’est-à-dire depuis la fin du XIX e  siècle, cette dépendance a pris de nouvelles formes. Par ailleurs, d’autres ensembles, historiques ou géographiques, qui n’étaient pas des colonies — l’Empire ottoman juste avant 1914, l’Iran, certains États d’Amérique centrale ou du Sud, etc. —, ont vécu leur histoire comme celle d’une lutte contre les puissances impérialistes.
    Autre parti pris : ne pas se soumettre à la vulgate qui fait se succéder uniformément l’histoire de la colonisation et celle de la lutte des peuples pour leur indépendance. Celles-ci ont pu être synchrones, en Bénin comme en Birmanie ou au Vietnam, par exemple. Et s’il est vrai que le discours colonial a pu recouvrir la vision des vaincus, cela ne signifiait pas que, aux temps où ils étaient soumis, ceux-ci eussent perdu l’idée de retrouver la maîtrise de leur propre histoire. C’est pour cela aussi que, dans ce livre, le terme de décolonisation n’est utilisé qu’avec circonspection, car il recèle une certaine survivance d’européocentrisme.
    Dernier parti pris. En analysant ces problèmes, il nous est apparu urgent de sortir l’histoire de la colonisation du ghetto dans lequel la tradition l’a enfermée. N’est-il passymptomatique que, dans les grandes œuvres de réflexion sur la mémoire ou sur le passé — de la France —, il n’est jamais question des sociétés coloniales : est-ce une omission, un acte manqué, ou un tabou ?
    Sans doute, s’agissant de la colonisation européenne, de nombreux travaux ont bien analysé certains de ses effets de retour, économiques surtout. On pense aux travaux sur Séville, Bordeaux, Bristol, Nantes, etc.
    Mais on ne s’est guère demandé si les types de relations nouées avec les colonies étaient tous spécifiques, s’ils ne devaient pas être comparés à d’autres… Ainsi, première question, l’exemple de l’Empire russe permet de se demander si le problème national et le problème colonial sont différents. — Est-ce le statut particulier des peuples soumis, la non-participation des élites au pouvoir central qui les différencie ?
    Surtout, une seconde question demeure ouverte : en Europe même, certains régimes ne se sont-ils pas comportés avec les populations soumises comme on a pu procéder aux colonies… On a pu observer que le racisme s’y est accentué avec le temps. N’a-t-il pas créé des situations similaires à celles qu’ont instituées les nazis ? La question mérite-t-elle d’être posée ? Certains indices y invitent.
    Quand on regarde les images de la présence britannique en Inde, et notamment celles du Grand Durbar , de 1911, conservées au National Film Archive , de Londres, on est saisi par une analogie sacrilège : ce défilé, ces casques, cette discipline, l’espace théâtral savamment et esthétiquement ordonnancé en plongée vers l’empereur George V, le public tenu à distance par des cordons de sentinelles — irrésistiblement, ce couronnement apparaît comme une sorte de préfiguration de ce que furent, vingt ans plus tard, les cérémonies hitlériennes. Est-ce fortuit  1  ?
    Autre parallèle, inverse, et établi par Aimé Césaire, en 1955 : « Ce que le très chrétien bourgeois du XX e  siècle ne pardonne pas à Hitler, ce
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