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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
Autoren: Marc Ferro
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n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est pas l’humiliation de l’homme ensoi, c’est le crime contre l’homme blanc […] ; d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique ( Discours sur le colonialisme ). »
    Dernière analogie sacrilège, récente, la proposition faite par le Premier ministre d’Australie occidentale en 1993 de soumettre à référendum populaire une décision de la Cour suprême de restituer certaines de leurs terres aux aborigènes spoliés au siècle dernier. « Le gouvernement de l’État utilise des méthodes nazies », a déclaré l’archevêque anglican de Perth… Ce recours à la volonté « démocratique » contre l’appel à l’équité, au juste droit — n’est-ce pas aussi une des pratiques du totalitarisme, un des problèmes de notre temps…
     
     
    Ces prémisses rendent compte du dispositif de cet ouvrage.
    Il aborde chaque problème depuis son apparition dans l’histoire, qu’il s’agisse des conquêtes, partages ou rivalités, examinés depuis les XII e et XIII e  siècles jusqu’au conflit actuel sur les Kouriles ; ou qu’il s’agisse de la vision des vaincus, de leur résistance, de la légende noire ou rose de la colonisation, des mouvements de colons, de la constitution de nouvelles sociétés, etc.
    Sans doute ce dispositif rompt-il quelque peu avec la vulgate qui examinait d’abord les Découvertes, puis l’expansion coloniale jusqu’au XIX e  siècle, l’impérialisme ensuite, enfin la « décolonisation ». Mais il aide à mieux rendre compte, croyons-nous, de la complexité de certains phénomènes, notamment de la nature de certaines nations, de leur apparition ou disparition dans l’histoire, des mentalités qui se sont lentement formées jusqu’à nos jours…
    En se plaçant du point de vue des différents protagonistes de cette histoire, nous n’avons pas pensé que le croisement de ces diverses mémoires suffisait à rendre compte des multiples problèmes que posent la colonisation et ses suites, mais qu’elles en constituent une donnée essentielle, pour autant que l’imaginaire est autant l’Histoire que l’Histoire ; et que la mémoire, même fourvoyée, constitue à la fois un élément et un agent de l’Histoire.
    C’est pour cette raison que cet ouvrage, comparatiste en son esprit, s’organise pour rendre compte des situations et des problèmes plutôt que d’obéir aux usages d’une construction formelle.
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    1 .
Cf. une autre similitude que révèlent les fictions, ici .

CHAPITRE I
Colonisation ou impérialisme
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    L’or ou le Christ
    La colonisation est associée à l’occupation d’une terre étrangère, à sa mise en culture, à l’installation de colons. Ainsi défini le terme de colonie, le phénomène date de l’époque grecque. De même, on parle d’« impérialisme » athénien, puis romain — l’expression a-t-elle changé de sens ?
    La tradition historique occidentale fait pourtant dater le fait colonial de l’époque des Grandes Découvertes. Ainsi, dans L’Histoire de la France coloniale , parue en 1991, la « véritable aventure coloniale » commence avec les explorateurs du XV e  siècle, quand Jean de Béthencourt reçoit de Enrique IV, roi de Castille, les Canaries en tant que fief ; l’exploration et les découvertes de l’Amérique, y lit-on, sont plus tardives, la baie de Rio de Janeiro, la côte de Floride ayant été occupées vers le milieu du XVI e  siècle, avant que l’intérêt ne se porte, sous Henri IV, et grâce à Champlain, sur le Canada. Cette manière de voir vaut également pour le Portugal, l’Espagne et l’Angleterre : la tradition historique associe l’expansion de ces pays à la découverte de terres lointaines aux Indes occidentales, puis à l’installation de comptoirs sur les routes de l’Afrique, de l’Inde, de l’Asie.
    Ainsi, des termes tels que colon, colonisation disparaissent du vocabulaire historique pour la période qui va de l’époque romaine au XV e  siècle — à moins d’évoquer, durant ces douze siècles, des colonies ou comptoirs de Venise ou de Gênes de l’autre côté de la Méditerranée ou en mer Noire, mais toujours lointains.
    Le cas de la Russie pourtant devrait faire réfléchir. « La colonisation est le facteur essentiel de notre Histoire, écrivait
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