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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
Autoren: Marc Ferro
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quiconque et ne répandant point ni ce qu’il devait faire ni où il devait s’en aller. Il se faisait passer pour un marchand de peaux, afin d’accomplir plus sûrement ce qui lui avait été donné à exécuter. De temps à autre, cependant, il achetait des bijoux indiens, qu’il envoyait en cachette à la reine Eléni. Sous ce prétexte il parcourait diverses régions de divers pays, faisant cela assurément afin que, protégé des embûches des ennemis, à travers les royaumes et États des nombreux adversaires du nom lusitanien, il puisse atteindre les Portugais et s’acquitter du devoir de l’ambassade entreprise, puisqu’il n’y avait pas d’autre moyen d’exécuter la chose… »
    Une quatrième route , celle du nord, commença à se tracer aux débuts du XV e  siècle. Des Russes vivant sous le joug mongol, envoyés à Pékin en qualité de guides de chasse, de gardes… découvrent les richesses de la Chine, puis celles de l’Inde quand ils en reviennent par Samarcande. L’information circule jusqu’à Tver, où Afanasi Nikitine organise, dès 1466, une première expédition vers l’Inde. A cette date, c’est Astrakhan qui, avec Boukhara et Khiva, constitue le point de contact encore ténu entre les produits de Chine ou d’Inde d’une part, et ceux de la Russie ou de la Baltique de l’autre… Ultérieurement, Zotov pouvait ainsi écrire à la Cour de Russie que « ces cités nous conviendraient hautement, car s’y trouvent les richesses de la Chine et de l’Inde »…
    Cette route-là est la seule qui, à cette date, ne sécrète aucun relent de croisade. Mais cela changea ultérieurement : aux temps de l’impérialisme, c’est au nom de l’orthodoxie que le tsar veut coloniser l’Extrême-Orient.
    U NE   CAUSE SOCIALE  : LE   DÉPÉRISSEMENT DE   LA   NOBLESSE
    On connaît l’inventaire des données qui rendent compte des Découvertes et de la colonisation : passion religieuse, goût de l’aventure, appétit de richesses, revanche conquérante, etc. Ce faisceau de raisons rend-il compte, à lui seul, de l’élan que fut ce grand moment du XV e - XVI e  siècle ?
    Oui, sans doute, en ce qui concerne les comportementsindividuels, conscients ou non. Mais il existe également des données plus lourdes, qui prédéterminent la capacité des uns, plutôt que des autres, à agir…
    Les conflits du XIV e et du XV e  siècle — la guerre de Cent Ans entre autres — avaient eu pour effet de déplacer les grandes voies du commerce ; elles avaient dû quitter en partie la route de terre, entre la Flandre et l’Italie notamment, pour emprunter celle de la mer, entre Gênes, Barcelone, Lisbonne, Bruges, Anvers, Amsterdam. C’est ainsi que Ceuta devint à cette date un point stratégique… Grâce à ce déplacement, les ports des côtes atlantiques se sont considérablement enrichis, et Lisbonne en particulier, dont la « nation » s’installa à Bruges dès le XIV e  siècle. De sorte que, toujours à Lisbonne, on rencontrait des marchands italiens, de Gênes surtout, qui avaient l’œil sur le commerce d’Orient, mais peu de moyens pour organiser des expéditions d’une certaine ampleur — elles risquaient d’ailleurs d’être verrouillées par les Vénitiens, à moins d’être bloquées, comme on sait, par les Ottomans.
    On trouvait des capitaux dans la Péninsule ibérique ; or, la route qui menait au grand Nord ne débouchait que sur des forêts — alors qu’au sud les liens avec l’Islam demeuraient actifs malgré les guerres ; en outre, la navigation était aisée jusqu’au sud du Maroc. Par ailleurs, à cette date, Castille et Portugal étaient des États en voie de renforcement, alors que la France, la Bourgogne et l’Empire se déchiraient. Furent ainsi intéressés par ces entreprises commerciales d’enrichissement ces cadets de la noblesse portugaise ou castillane, sans terres, et qui avaient besoin d’entreprendre pour ne pas être déclassés. Ils s’associèrent aux marchands.
    Ce phénomène social intervient ainsi, à côté des données proprement scientifiques ou techniques — liées à la Renaissance — et des données économiques ou religieuses. L’historien polonais Marian Malowist s’est demandé si la colonisation d’outre-mer pour le Portugal, l’Espagne et Gênes, les guerres d’Italie pour la France, l’expansion vers le nord et l’est pour les Germaniques, voire les Polonais et les Russes, ne sont pas des
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