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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
Autoren: Marc Ferro
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l’historien Kljuchevski en 1911. Son développement explique à la fois la croissance et les changements qu’ont connus l’État et la société depuis Rus, la Russie de Dniepr » : les incursions de Novgorod, puis de Souzdal vers l’Oural et au-delà, commencées dès le XII e  siècle, avaient abouti à la soumission des Mordves et d’autres peuples encore : elles furent interrompues par l’invasion tatare (1220), mais reprirent en 1390, une fois qu’ils eurent été chassés, après la victoire de Koulikovo.
    Mais s’agit-il, au sens propre, d’expéditions « coloniales » ? Quoi qu’il en soit, Novgorod envoyait ses hommes jusqu’à la Petchora dès le début du XI e  siècle. Cette région, dite du Zavoloch’e, à l’est de la Dvina, recelait des renards et des zibelines pour lesquels il fallait payer tribut. Les colons résidaient à Matygory, Ukhto-Ostrov, recevant leurs instructions des fonctionnaires de la grande cité, les posadniki .
    Jusqu’au XII e  siècle, l’expansion se fit sans heurts particuliers, mais cela changea dès que la principauté de Souzdal-Rostov s’émancipa de Kiev et intercepta le trafic entre Novgorod et ses colonies. En 1169, elle suscita leur sécession, et ses colons se rallièrent à Souzdal. Simultanément, Souzdal-Rostov s’attaquait aux Bulgares alors centrés dans la région de l’actuel Perm, dans l’Oural, eux-mêmes aux prises avec les « autochtones », ces « Yura » ou « Yugia » des chroniques de l’époque ; bientôt, les Russes finissaient par conquérir le territoire des Mordves.
    C’est alors que surgirent les Tatars. Ceux-ci atteignaient Nijni-Novgorod, fondée en 1221, les territoires ex-mordves et les pays de la Dvina. Seule, à l’ouest, la cité de Novgorod leur résista (1232).
    Ainsi, le cas de la Russie signifierait qu’entre l’expansion territoriale vers la Sibérie et la conquête des pays tatars et turcs il existe, certes, une rupture, mais aussi une similitude, sauf dans la difficulté à vaincre. Expansion territoriale et colonisation sont quasi synonymes alors qu’en Occident on les distingue soigneusement — où l’espace dela mer est censé faire la différence entre la première qui relève de la question nationale et la question coloniale.
    L A   ROUTE DES   ÉPICES , QUE   VAUT CETTE EXPLICATION  ?
    Cet espace de la mer est-il un bon critère ? Ici, c’est le cas de l’Espagne et du Portugal qui fait problème… Dans ces pays, en effet, on considère les Amériques comme une terre de conquête, de colonisation. Mais en est-il autrement des ultimes avancées de la Reconquista, au-delà de Grenade, dans le Riff et sur les côtes atlantiques : depuis l’Algarve portugais, c’est-à-dire l’Al Gharb, jusqu’à Tanger et Mazagan — conquêtes reprises par Don Sebastien, et qui aboutissent en 1578 à la défaite catastrophique d’Alcazarquivir — la bataille des Trois Rois. Cette tentative tout comme l’avancée russe au-delà de la Volga se situent dans la continuité d’entreprises anciennes, il n’y a pas rupture.
    De sorte, on l’a compris, qu’on ne saurait faire commencer l’histoire de la colonisation avec les Grandes Découvertes d’outre-mer, c’est-à-dire avec la recherche d’une route vers l’Inde. Certes, les découvertes ont changé la mesure du phénomène de la colonisation, et sa nature quelquefois, mais l’expansionnisme lui est antérieur. La nécessité de contourner l’Empire turc, avec ses conséquences, ne rend pas compte à elle seule des différentes dimensions du phénomène expansionniste colonial.
    C’est bien ce que juge la tradition arabe. Celle-ci considère que l’expansion européenne commence avec les Croisades, première expression de l’« impérialisme ». Alors que la tradition occidentale tient au contraire les Croisades pour une tentative de reconquête de la Terre sainte sur l’Islam, qui s’était emparé d’une terre chrétienne. Ainsi, en tout état de cause, une histoire européenne de la colonisation part nécessairement de ces pourtours de la Chrétienté.
     
     
    Depuis le VII e  siècle, l’Islam arabe avait réunifié la plus grande partie de ce monde méditerranéen, fragmenté depuis la division de l’Empire romain et amputé par lapénétration des « Barbares ». A l’Est et à l’Ouest, Byzance et l’Empire carolingien constituaient, face à l’Islam et aux Arabes, les deux pôles de résistance du
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