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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville
Autoren: Jean-Pierre Charland
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marché avant de décider quoi que ce soit.
    —    Oui, bien sûr.
    Pendant quelques instants, le banquier se consacra à la conversion des pounds en dollars, puis il inscrivit le montant dans un petit carnet blanc qu'il tendit à Daigle. Celui-ci jeta un coup d'œil sur la rassurante colonne des crédits. Conscient qu'il ne ferait pas d'affaires significatives avec lui, le gérant se leva. La main tendue, il lui rappela encore une fois son nom.
    Le commis se chargerait de lui remettre un chéquier et environ deux cents dollars, la valeur de ses dernières livres.
    Le lieutenant Gagnon s'était dirigé vers l'établissement THIVIERGE, un grand magasin où l'on trouvait à peu près de tout, mais surtout des vêtements et des tissus à la verge. Il chercha Germaine Caron un long moment. Puis l'une de ses collègues se souvint qu'elle devait être partie dîner. Il décida d'aller manger aussi dans un petit restaurant de la rue de la Couronne dont il était un habitué.
    Moins d'une heure plus tard, il gagnait la rue Langelier. Il se retrouva dans la section commerciale de la Basse-Ville : les magasins se voisinaient dans la rue Saint-Joseph, de la rue Langelier jusqu'à la partie du port donnant sur l'embouchure de la rivière Saint-Charles. Aussi les trottoirs étaient-ils relativement achalandés: des ménagères accompagnées de leur marmaille, des enfants qui profitaient de leur dernier été de liberté - à douze ou treize ans la plupart allaient entrer à l'usine ou dans un commerce pour travailler -, des employés qui se trouvaient une raison quelconque pour interrompre leur travail et mettre le nez dehors. Vers l'ouest se multipliaient les usines, de chaussures souvent, mais aussi de textiles, de matériel d'emballage, de cigarettes, et les logis des travailleurs. Plus au nord, de l'autre côté de la rivière Saint-Charles, se développait lentement Limoilou, une ville-dortoir destinée aux ouvriers ou encore aux modestes employés du gouvernement provincial ou des entreprises de services. Mais il ne fallait pas aller bien loin avant de trouver des champs cultivés. La campagne séparait encore Limoilou du village de Charlesbourg.
    Les voies de la rue Langelier étaient séparées par un espace herbeux, assez vaste pour que l'administration municipale y ait mis des bancs publics. On y organisait parfois des courses de chevaux après avoir interrompu la circulation, le dimanche.
    Les deux voies parallèles procuraient des droits où pousser les bêtes à leur vitesse maximale, mais aux extrémités les chevaux devaient faire des virages en épingle à cheveux; cela donnait des compétitions enlevées. On assistait, surtout quand on utilisait des chevaux attelés à des buggies, à de terribles accidents qui
    assuraient une grande popularité à ces événements.
    Sur le joli boulevard, en direction de Saint- Va Hier, se trouvait le logement de l'oncle de Blanche, Edmond Girard. Il habitait un deuxième. Quand l'agent Gagnon sonna, il fallut deux bonnes minutes avant qu'une main ne glisse doucement le rideau de la fenêtre la plus proche, pour vérifier l'identité de ce visiteur inattendu, puis une autre minute pour voir la porte s'ouvrir à demi sur un visage méfiant. On n'avait pas l'habitude de recevoir ainsi, à l'improviste, des inconnus en plein après-midi.
    —    Lieutenant Gagnon, de la police municipale, fit le policier en montrant sa carte à la dame d'une cinquantaine d'années. Je peux entrer?
    —    Il est arrivé quelque chose à Blanche.
    Ce n'était même pas une question, mais un triste constat. Gagnon avait l'habitude de ces visites. La conversation se déroulait à mi-voix, comme une confession. Après tout, à la façon d'un curé, il venait fouiller dans les affaires privées d'une famille, attirant souvent des confidences auxquelles même les prêtres n'avaient pas droit.
    —    Non, il n'est rien arrivé. J'essaie simplement de savoir où elle est passée. Comment savez-vous qu'il s'agit d'elle ?
    Il avait pris place dans un fauteuil, en face de lui la dame s'asseyait au bout d'un divan. La pièce, et sans doute tout l'appartement, était relativement bien meublée: ces gens vivaient dans une certaine aisance. Il y avait même un phonographe dans un coin. Aux murs, en plus des photos de famille, pendaient les inévitables illustrations religieuses qui venaient le plus souvent de calendriers ou de revues pieuses. Souvent, ces gravures avaient été peintes à la main
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