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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville
Autoren: Jean-Pierre Charland
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s'il était arrivé quelque chose à Blanche. Vous avez des raisons de penser qu'un malheur puisse survenir ?
    —    Ce n'est pas le genre de fille à se sauver. Si elle était arrivée à se convaincre de quitter la maison, elle serait venue ici. Si vous ne la trouvez nulle part, c'est qu'il lui est arrivé quelque chose.
    Gagnon sortit. Sur le balcon, il demanda encore :
    —    Mais vous, vous avez une petite idée de ce qui a pu survenir ?
    —    Demandez à son beau-père, ou à ses fils. Ce sont des monstres.
    Elle avait dit cela d'un jet, très vite et très bas, puis avait fermé la porte. Gagnon avait envie de frapper de nouveau, de lui demander de préciser ses soupçons, mais ce n'était pas vraiment nécessaire. S'ils étaient à l'origine de la disparition de Blanche, pourquoi ses beaux-parents avaient-ils signalé la chose ? L'événement serait passé tout à fait inaperçu sans cette initiative. Peut-être n'était-ce qu'une ruse, pour donner le change. Oui, Germain était suffisamment retors pour signaler la disparition d'une jeune femme dont il connaissait bien le sort.
    Dans la rue Saint-Jean, après la porte, de nombreux commerces avaient pignon sur rue - librairies, magasins d'alimentation, de disques, de matériel de photographie. Cette section de la ville se situait comme à mi-chemin entre deux mondes, entre la Basse-Ville et la Haute-Ville. La falaise se trouvait à un pâté de maisons à droite. Çà et là des escaliers réunissaient les deux univers; plus rarement des rues permettaient aux véhicules d'aller de l'un à l'autre. C'était le cas à la hauteur de la rue de la Couronne comme de la rue
    Langelier.
    A cette réalité géographique correspondait une réalité sociale: si la Basse-Ville revenait aux ouvriers et la Haute-Ville de la Grande Allée à la bourgeoisie, aux abords de la rue Saint-Jean, c'étaient des travailleurs qualifiés, des employés des administrations municipale et provinciale, des gens des services. Tous ceux qui ne pouvaient payer les loyers - ou les hypothèques - plus dispendieux de la rue Saint-Cyrille ou plus encore de la Grande Allée, mais capables de se procurer mieux que les loyers exigus des rues sans végétation aucune au bas de la falaise, habitaient là.
    Daigle parcourut ce quartier avec intérêt. Il pouvait se loger convenablement, à bon compte, dans cette partie de la ville, ou un peu plus loin dans la paroisse Saint-Jean-Baptiste. Quand il atteignit la Grande Allée, ses préjugés de classe prirent le dessus. Ce que Québec comptait de notables y habitait: des hommes d'affaires - très souvent de langue anglaise quand ils étaient vraiment riches -, des ministres, des professionnels qui vendaient leurs services à prix fort et complétaient leurs revenus grâce à des placements judicieux. La fortune dont il venait d'hériter lui permettait de vivre là. Pas dans les maisons victoriennes contenant vingt pièces et dont l'entretien exigeait une importante domesticité, bien sûr, mais dans ces deux ou trois immeubles de dix étages construits depuis la guerre, susceptibles d'accueillir des gens comme lui : prospères et célibataires, ou à tout le moins sans enfants.
    En revenant vers la vieille ville, il se rappela ne pas avoir vraiment dormi depuis plus de trente heures ni mangé depuis le petit-déjeuner. La somnolence de la nuit dernière sur le pont du navire ne comptait pas. Mieux valait rentrer à l'hôtel pour se restaurer et se reposer. Au moment de se coucher, peu après sept heures, il se passa la remarque que, si la ville était un peu plus grande, elle restait aussi calme qu'en 1914.
    Cette fois, Germaine Caron était là. Le lieutenant Gagnon la trouva dans le rayon des vêtements pour dames. C'était une femme assez grande, brune, plutôt ronde. Elle portait ses cheveux longs attachés sur la nuque, en chignon. Ses yeux étaient presque noirs, sa bouche charnue et mobile. Un peu à l'écart, le policier lui avait montré sa carte. Elle ne semblait guère surprise que la police veuille lui parler de Blanche Girard. Les parents adoptifs étaient passés là aussi.
    —    Il y a longtemps que vous avez eu de ses nouvelles ? demanda-t-il.
    —    Je l'ai vue samedi dernier, à la fermeture du magasin. Nous nous sommes arrêtées près de l'église Saint-Roch pour parler. Elle est partie un peu avant sept heures.
    —    Vous a-t-elle dit où elle allait? Dans quelle direction est-elle partie ?
    —    Elle
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