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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
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l’occasion
propice pour passer à l’action. Notre arrestation pourrait constituer un bon
prétexte. Le roi, qui tient à son trône, le sait et il feindra d’ignorer notre
comportement. Nous n’avons donc rien à craindre, contrairement à toi. Si tu le
souhaites, nous pouvons te faire passer en Phénicie où tu comptes de nombreux
partisans. Ce pays regorge de montagnes difficiles d’accès et il te sera facile
d’y trouver un refuge, au besoin en dissimulant ton identité. Il te suffirait
de changer la couleur de tes cheveux et de te raser la barbe.
    — Tu
oublies que je suis borgne et que cette infirmité me désignera aux espions qui
grouilleront tout autour de mon repaire. De plus, cette idée de travestissement
me répugne. Jadis, alors que j’étais en Italie, les Romains firent circuler le
bruit que, craignant les chefs gaulois au milieu desquels je vivais, j’avais
fait confectionner différentes perruques et changeais souvent de tenue afin de
surprendre à l’improviste mes adversaires au sein de mon propre camp. C’était
une pure calomnie et je ne tiens pas à l’authentifier par mon comportement
aujourd’hui. Je sais trop le parti que pourraient en tirer les historiens du
futur.
    — Je
comprends tes scrupules. Peut-être pourrais-tu alors gagner les côtes de Libye
et rallier à ta cause les cités puniques des Emporia ?
    — Carthage
enverrait immédiatement contre moi une armée et je ne veux pas me battre contre
mes concitoyens même si j’exècre leurs magistrats. Trop de sang punique a déjà
été versé et je ne veux pas être responsable de la mort de mes compatriotes. De
plus, Rome en profiterait pour débarquer un corps expéditionnaire et fonder des
comptoirs et des villes dans cette région. Tôt ou tard, ceux-ci constitueraient
des épines plantées dans le flanc de la cité d’Elissa et, avec l’appui des
Numides, leurs troupes viendraient mettre le siège sous les remparts de Mégara
pour s’emparer de ma ville.
    — Il
ne te reste plus qu’à partir à la recherche des comptoirs jadis fondés, près de
la Corne d’Occident, par Hannon dont tu m’as raconté le périple extraordinaire.
    — J’ai
oublié de te dire que mon père avait rencontré un capitaine parti leur porter
secours et qui était rentré bredouille de son voyage.
    — Il
faut bien pourtant que tu puisses trouver refuge quelque part.
    — Dès
ce soir, avec le reste de ma fortune, je ferai voile vers la Crète. C’est un
nid de pirates et de déserteurs et les navires évitent généralement de naviguer
dans ces parages. J’y accosterai et, moyennant quelques présents judicieusement
distribués, j’obtiendrai des chefs locaux l’autorisation de me cacher auprès
d’eux. Je profiterai de ce répit pour envoyer des messagers plaider ma cause
auprès des monarques des royaumes situés au-delà de celui d’Antiochos. L’un
d’entre eux prendra le risque de m’inviter à sa cour, soit pour bénéficier de
mes conseils, soit pour m’attirer dans un piège qu’il me sera facile de
déjouer. Les Romains se lasseront bien vite de dépenser des sommes folles en
vain pour me capturer et une nouvelle existence pourra alors commencer pour
moi.
    — Je
te le souhaite du fond du cœur. Sache que j’ai fait venir d’Éphèse en grand
secret toutes les richesses dissimulées dans ton palais. Elles sont à bord de
ton navire et je réponds de son équipage comme de moi-même. Ils me servent
depuis des années et savent que tu as accordé la liberté aux rameurs de la
quinquérème qui, jadis, te conduisit de Cercina à Tyr. Je suis sûr que tu
agiras de même envers eux dès lors que tu seras hors d’atteinte de tes
poursuivants. Si l’on me questionne sur la destination que tu as prise, je
répondrai que tu es parti en direction de la Libye. Cela te permettra de gagner
un temps précieux.
    — Merci,
Aristée. Je n’oublierai pas de te tenir au courant de mes pérégrinations et je
te remets cette bague. Présente-la à Tyr à mon ami Ariston. Il saura te
récompenser comme il se doit.
    La nuit
même, Hannibal fit voile en direction de la Crète dont les magistrats, si l’on
pouvait donner ce titre aux capitaines pirates dirigeant l’île, lui firent bon
accueil, moyennant quelques sacs d’or. Le fils d’Hamilcar s’installa dans une
propriété retirée où il fit transporter le contenu des cales de son navire. Il
put de la sorte dissimuler la plus grande partie de son or et de son
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