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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
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l’avant des quinquérèmes et, en les
manœuvrant, les Romains et leurs alliés incendiaient les voiles, provoquant
l’embrasement du bateau que les hommes se hâtaient d’évacuer en se jetant à
l’eau. Personne ne prêtait attention aux cris de terreur des rameurs demeurés
attachés à leurs bancs et qui périrent tous noyés. Comme ces hommes étaient
pour la quasi-totalité des prisonniers ennemis, les capitaines n’éprouvaient
aucun scrupule à les abandonner. C’étaient là autant de soldats que
l’adversaire ne pourrait récupérer.
    Désormais,
les Romains étaient maîtres de la mer Égée et Scipion, parvenu sur les bords de
l’Hellespont, le franchit à l’automne, pénétrant dans le royaume séleucide,
pillant et mettant à feu et à sang les principales cités qu’il rencontrait en
route. Antiochos fut repris par ses vieux démons. L’idée de la défaite lui
était insupportable et il redoutait d’avoir à subir le sort infligé par Rome
aux monarques vaincus. Aussi dépêcha-t-il auprès des consuls un émissaire,
Hérakleidès de Byzance, l’un des personnages les plus importants de sa Cour,
muni d’instructions précises. Reconnaissant les revers qu’il avait subis et
prétendant vouloir épargner des vies humaines dans les deux camps, Antiochos
s’offrait à payer aux Romains la moitié de leurs frais de guerre, à renoncer à
toutes ses possessions en Europe, y compris la Thrace, et à abandonner ses
revendications sur les deux cités grecques d’Asie qui avaient appelé à leur
secours, au début du conflit le Sénat, à savoir Lampsaque et Smyrne.
    Après
avoir pris l’avis de son frère, Publius l’Africain, Lucius Cornélius Scipion
rejeta en bloc ces propositions. S’il voulait réellement la fin des hostilités,
Antiochos devait abandonner toutes les contrées situées en deçà du fleuve
Taurus, c’est-à-dire livrer toute l’Asie Mineure. Hérakleidès, qui savait ces
exigences impossibles à satisfaire, demanda une entrevue séparée avec Publius
Cornélius Scipion. À l’Africain, il fit part d’un message confidentiel
d’Antiochos. Le fils du vainqueur de Zama était prisonnier des troupes
séleucides depuis le début des combats. Reconnu, il avait été séparé des autres
captifs et traité avec tous les honneurs dus à son illustre lignage. Il avait
été mis au secret à l’intérieur du palais d’Éphèse et ne manquait de rien, pas
même de compagnie féminine pour le distraire de l’ennui de sa captivité. Son
geôlier était prêt à le rendre sans rançon à son père et le jeune homme
repartirait porteur d’une forte somme d’argent destinée à l’auteur de ses
jours, à charge pour ce dernier de convaincre les autres chefs romains de conclure
la paix aux conditions initiales proposées par Antiochos. Bien mieux, ce
dernier offrait à Publius Cornélius Scipion de partager les revenus financiers
de son royaume.
    L’Africain
ne se formalisa pas outre mesure de cette offre. Il remercia le monarque
séleucide pour avoir rendu d’ores et déjà la liberté à son fils. En échange de
cette bonne manière, il le pressait d’accepter les propositions que lui avait
faites son frère. S’agissant de l’argent, il n’en dit mot. Il avait appris que
les Orientaux croyaient que nul être normalement constitué ne pouvait résister
à l’offre de fortunes considérables. Mais les Romains n’étaient pas des êtres
ordinaires. Ils se battaient pour leur cité et ne se souciaient pas, du moins
pas encore, d’accumuler des richesses gigantesques en pillant les pays tombés
sous leur domination. Refuser le présent eût toutefois été insulter gravement
le donateur. Aussi Publius Cornélius Scipion entreprit de le distribuer aux
légionnaires, prétextant qu’il s’agissait d’une prime exceptionnelle, prise sur
sa cassette personnelle, pour récompenser leur zèle. Seul Marcus Porcius Caton,
son ennemi irréductible, prit soin de lui faire une remarque à ce sujet :
    — Ta
famille est riche, très riche, mais pas au point de gaspiller autant d’argent. Je
serais ravi d’apprendre d’où te vient cette soudaine fortune.
    — Mais
de mes économies car, ainsi que tu ne l’ignores pas, j’ai décidé de modeler ma
conduite sur la tienne. Je suis devenu aussi économe que toi, pour ne pas dire
avaricieux. Tu ne pourras plus prétendre que je fais toujours le contraire de
tes agissements. En ce domaine au moins, je suis devenu ton
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