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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome
Autoren: Patrick Girard
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rassemblèrent sous un soleil brûlant. L’on voyait l’infanterie, les
lourdes phalanges macédoniennes dont les soldats étaient armés de la sarisse,
une lance longue de six mètres. Des centaines de fantassins formaient un bloc
compact, quasiment inexpugnable, semblable à un gigantesque porc-épic ou à un
hérisson. Quand ces phalanges se mirent en mouvement, elles soulevèrent un
formidable nuage de poussière et Antiochos leur ordonna bientôt de
s’immobiliser pour laisser la place à sa cavalerie légère. Derrière elle, l’on
distinguait les chars de combat aux roues munies de faux qui semaient la
panique dans les rangs ennemis ainsi que des dizaines d’éléphants lourdement
caparaçonnés. Chacun d’entre eux était équipé d’une tour où des archers et des
lanceurs de javelots prenaient place. Se tournant vers le chef punique, le
souverain lui demanda :
    — Penses-tu
que les Romains se satisferont d’avoir à affronter pareil ennemi ?
    — Je
n’en doute pas un seul instant. Et pour une seule raison.
    — Laquelle ?
    — Ils
sont cupides et toute cette armée constituera pour eux un butin suffisant.
    — Qu’entends-tu
par là ?
    — Tu
possèdes des troupes aguerries et bien entraînées. Mais elles sont trop
difficiles à manœuvrer. La guerre, de nos jours, se remporte grâce à l’action
de petites unités très rapides capables d’attaquer l’ennemi quand il ne s’y
attend pas. Toi, il te faut au moins une journée pour disposer tes hommes en
ordre de bataille, à condition, bien entendu, que l’ennemi accepte de te
rencontrer en terrain découvert. Tes phalanges sont redoutables mais que se
passera-t-il si elles sont attaquées par surprise et contraintes de se
redéployer ? Le temps qu’elles le fassent, elles auront été taillées en
pièces par ton adversaire. Crois-moi, si j’avais eu à commander de telles
unités, je n’aurais jamais remporté mes victoires à Trasimène et à Cannae.
    Vexé,
Antiochos ignora dès lors Hannibal, lui préférant ostensiblement Thoas, le chef
de la Confédération étolienne, un Grec fourbe et rusé, qui se contentait de
dire au monarque ce que ce dernier souhaitait entendre. Son influence à la Cour
s’accrut considérablement lorsqu’il obtint des cités membres de sa
Confédération la rédaction d’un appel au souverain séleucide. Protecteur de
l’hellénisme, ce dernier se devait de voler au secours de la Grèce et de ses libertés
menacées par les Romains. En un mot, il lui revenait d’être un nouvel
Alexandre. Tout en se méfiant de la flagornerie et de la flatterie, Antiochos
ne resta pas insensible à cette déclaration sans pour autant se décider à
ouvrir les hostilités.
    Thoas eut
alors recours à la ruse. Disposant de grosses sommes d’argent, il acheta le
chef de la garnison romaine de Demetrias en Thessalie qui livra la place et ses
hommes, déclarant se placer sous la protection du Séleucide. Fort de ce premier
succès, l’Étolien entreprit de convaincre le roi que confier une flotte à
Hannibal afin de mener une opération de diversion en Afrique était inutile. Les
navires devaient servir à transporter en Grèce un corps expéditionnaire composé
de dix mille fantassins, de cinq cents cavaliers et de quelques éléphants. Dès
qu’il foulerait le sol hellène, toutes les cités se soulèveraient et se
rangeraient sous la bannière d’Antochios.
    Cette
fois-ci, ce dernier ne résista pas à la tentation et envoya le contingent
souhaité occuper Demetrias, puis Chalcis et l’île d’Eubée. En fait de
soulèvement spontané des cités grecques, Thoas ne put s’enorgueillir que du
massacre de la garnison romaine de Delium, en Béotie, par les habitants de la
ville dont il avait acheté le forfait. Les trois cents légionnaires laissés là
par Titus Quinctius Flaminius furent égorgés dans leur sommeil par des hordes
déchaînées commandées par Menippe, un officier au service de la Cour d’Éphèse.
Le crime était ainsi signé et ce massacre constituait une véritable déclaration
de guerre.
    Sitôt
connue, la tuerie provoqua une grave crise politique à Rome où les partisans
des Scipions reprochèrent aux consuls en exercice leur passivité et l’abandon
dans lequel ils avaient laissé la garnison de Delium. Les mécontents firent
élire pour consul Manius Acilius Glabrio, un ancien tribun de la plèbe, proche
de Scipion l’Africain. Le Sénat n’osa pas s’opposer à cette
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