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George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis
Autoren: Albert le Roy
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devant moi en me disant : «Embrasse-moi, console ta pauvre mère, qui a du chagrin !» Pouvait-elle s'imaginer que j'en ignorais la cause ?»
    Cependant, il est un passage où les analogies se précisent et semblent devenir de formelles allusions. Carmen d'Ortosa indique ce qu'elle rêve, ce qu'elle veut être, ce qu'elle sera. «Ce but normal et logique pour moi, ce n'est pas l'argent, ce n'est pas l'amour, ce n'est pas le plaisir ; c'est le temple où ces biens sont des accessoires nécessaires, mais secondaires : c'est un état libre, brillant, splendide, suprême. Cela se résume pour moi dans un mot qui me plaît : l'éclat ! Je veux épouser un homme riche, beau, jeune, éperdument épris de moi, à jamais soumis à moi, et portant avec éclat dans le monde un nom très illustre. Je veux aussi qu'il ait la puissance, je veux qu'il soit roi, empereur, tout au moins héritier présomptif ou prince régnant. Tous mes soins s'appliqueront désormais à le rechercher, et, quand je l'aurai trouvé, je suis sûre de m'emparer de lui, mon éducation est faite.»
    Malgré tout était publié quelques mois ou plutôt quelques semaines avant la guerre de 1870, et certes, si George Sand avait eu d'aventure la pensée de prendre la souveraine pour modèle, elle eût été vite désolée d'avoir atteint celle qui devait tomber du trône, parmi la plus lamentable des catastrophes nationales. La dynastie allait sombrer, en manquant d'entraîner la patrie dans sa ruine. Ici, la Correspondance de George Sand nous sert de fil conducteur, pour suivre les sinuosités de sa pensée. Le 14 juillet, elle est opposée à la guerre, où elle ne voit «qu'une question d'amour-propre, à savoir qui aura le meilleur fusil.» C'est un jeu de princes. Elle proteste contre «cette Marseillaise autorisée» que l'on chante sur les boulevards et qui lui paraît sacrilège. Le 18 août, elle écrit à Jérôme Napoléon, au camp de Châlons : «Quel que soit le sort de nos armes, et j'espère qu'elles triompheront, l'Empire est fini, à moins de se maintenir par la violence, s'il le peut... Sachez bien que la République va renaître et que rien ne pourra l'empêcher. Viable ou non, elle est dans tous les esprits, même quand elle devrait s'appeler d'un nom nouveau, j'ignore lequel. Moi, je voudrais qu'une fois vos devoirs de famille remplis, vous puissiez vous réserver, je ne dis pas comme prétendant,-vous ne le voulez pas plus que moi, vous avez la fibre républicaine,-mais comme citoyen véritable d'un état social qui aura besoin de lumière, d'éloquence, de probité.» En même temps, et par une étonnante contradiction-est-ce un regain de ses opinions de 1848 ?-elle déclare à son ami Boutet : «Je suis, moi, de la sociale la plus rouge, aujourd'hui comme jadis.» A l'en croire, elle avait toujours prévu un dénouement sinistre à l'ivresse aveugle de l'Empire ; mais le 31 août, dans une lettre à Edmond Plauchut, elle se prononce pour les moyens de légalité constitutionnelle :
    «Faire une révolution maintenant serait coupable ; elle était possible à la nouvelle de nos premiers revers, quand les fautes du pouvoir étaient flagrantes ; à présent, il cherche à les réparer. Il faut l'aider. La France comptera avec lui après.» Elle proclame que désorganiser et réorganiser le gouvernement en face de l'ennemi, ce serait le comble de la démence. Cinq jours plus tard, avec une mobilité bien féminine, elle salue de ses voeux enthousiastes la République nouvelle. «Quelle grande chose, écrit-elle à Plauchut le 5 septembre, quelle belle journée au milieu de tant de désastres ! Je n'espérais pas cette victoire de la liberté sans résistance. Voilà pourquoi je disais : «N'ensanglantons pas le sol que nous voulons défendre.» Mais, devant les grandes et vraies manifestations, tout s'efface. Paris s'est enfin levé comme un seul homme ! Voilà ce qu'il eût dû faire, il y a quinze jours. Nous n'eussions pas perdu tant de braves. Mais c'est fait : vive Paris ! Je t'embrasse de toute mon âme. Nous sommes un peu ivres.» Cette ivresse sera de courte durée. Sans doute elle charge André Boutet, le 15 septembre, de porter mille francs, de son mois prochain, au gouvernement pour les blessés ou pour la défense ; mais les préoccupations de famille l'assiègent et dominent le zèle républicain. Une épidémie de petite vérole charbonneuse sévit à Nohant et la détermine à se retirer, avec tous les
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