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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur
Autoren: Jean Markale
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la reine Jandrée. » Or, comme ils entreprenaient de s’armer, un homme qui les regardait faire depuis l’entrée du château interpella la reine en lui criant : « Dame ! Vois ce chevalier ! Son bouclier est orné d’une croix vermeille ! Et voici qu’il débarque avec deux compagnons ! – Hélas ! soupira la reine, je crains fort qu’il ne soit celui dont on m’a parlé. Que fait-il maintenant ? – Tous trois s’avancent vers nous, répondit un chevalier. – Eh bien ! dit-elle, qu’on me les amène. Je suis curieuse d’entendre ce qu’ils me diront. »
    Galaad, Bohort et Perceval étaient arrivés devant la porte du château. Galaad s’avança et, se rappelant que la reine était aveugle et qu’elle ne se déplaçait que guidée par deux suivantes, il se présenta à elle en ces termes : « Reine, nous sommes des chevaliers étrangers et nous venons te saluer. – J’en suis fort aise, répliqua-t-elle. Mais que venez-vous faire ici ? – Rien d’autre que ton bien, si toutefois tu y consens. – Vous arrivez du Château Enragé, je suppose ? On y a tué les trois frères, de nobles chevaliers que j’aimais beaucoup. En seriez-vous les meurtriers ? – Non pas, reine, dit Galaad. Quand nous nous sommes présentés à eux, ils ont été pris d’un tel accès de rage qu’ils se sont entre-tués. – Cependant, reprit la reine, vous êtes chrétiens, et vous devriez le savoir, j’abhorre les chrétiens. – Certes, répliqua Galaad d’un ton calme, et je le savais. Aussi, mes compagnons et moi-même venons-nous te trouver dans l’espoir de te convaincre que nous sommes non des criminels mais des hommes fiers de servir leur seigneur. Car notre Dieu est le seigneur de tous les êtres et de toutes les choses. »
    La reine réfléchit un instant puis : « C’est toi qui l’affirmes, dit-elle, mais je n’en crois rien. Nos dieux à nous sont plus puissants que le tien. – Dans ce cas, répliqua Galaad, faisons-les juges de notre différend. Pourquoi es-tu aveugle, reine Jandrée ? – Parce que je l’ai voulu. – Comment cela ? – J’ai demandé à mes dieux de m’accorder la cécité jusqu’au jour où auront disparu les chrétiens. – Et si je priais mon Dieu, moi, de te rendre la vue malgré toi ? – C’est un défi ? s’écria la reine avec colère, eh bien, soit, je l’accepte. Et je vous prie de ne pas vous en aller avant la conclusion de l’épreuve. Vous serez mes hôtes, cette nuit. »
    Toujours guidée par ses suivantes, la reine Jandrée précéda dans le château ses hôtes, Galaad, Bohort et Perceval. Et les habitants furent bien étonnés qu’elle y eût admis ces chrétiens, surtout celui dont le bouclier était orné d’une croix vermeille, car, depuis qu’elle était aveugle, elle avait fait tuer tous ceux qui étaient tombés en son pouvoir. Et c’était même pour s’épargner la vue d’un adepte de la nouvelle religion qu’elle avait renoncé à l’usage de ses yeux. Or, voici qu’elle changeait soudain d’avis ! En fait, elle aurait bien aimé les voir, ces chevaliers étrangers, notamment celui qui lui avait parlé, car on le lui avait décrit comme le plus beau chevalier du monde, ainsi que le plus valeureux.
    Au demeurant, les trois compagnons furent traités avec les plus grands égards et se virent attribuer une grande chambre avec trois lits pour dormir à l’aise. La nuit fut calme et tranquille mais le matin, dès l’aube, la reine fit convoquer tous ses vassaux et, ceux-ci une fois rassemblés, elle sortit elle-même de sa chambre et se rendit dans la grande salle. Galaad, Bohort et Perceval s’y trouvaient au milieu des autres. Et tous furent abasourdis, car elle voyait à nouveau, aussi clair qu’autrefois. Et si tous s’en émerveillèrent, les plus satisfaits furent évidemment les trois compagnons.
    « Seigneurs, dit-elle, écoutez tous, que je vous raconte mon aventure. Quand je me suis couchée, hier soir, j’étais aveugle, je ne voyais rien. Je priai alors mes dieux de me rendre la vue. Il me sembla qu’ils me répondaient qu’ils n’en avaient pas le pouvoir mais m’ordonnaient de faire mettre à mort les trois chevaliers étrangers auxquels j’accordais l’hospitalité. Et ils me menaçaient de leur colère si je m’avisais de désobéir. Je compris alors que leur irritation provenait du fait qu’ils étaient incapables de m’exaucer. N’ayant désormais rien à perdre, je me tournai vers le
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