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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur
Autoren: Jean Markale
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descendant à terre, se dirigèrent vers la forteresse dans l’enceinte de laquelle se dressait une haute tour d’aspect fort ancien. Aux abords de la grande porte, ils remarquèrent un jeune homme qui portait un collier de fer relié à une grosse barre de fer fixée dans la porte par une chaîne aussi longue que le pont qui franchissait un fossé très profond. En les apercevant, le captif s’avança vers eux autant que le lui permettait sa chaîne. « Seigneurs ! s’écria-t-il, puisque vous êtes chrétiens, je le vois à la croix vermeille que l’un de vous porte sur son bouclier, ne pénétrez pas dans cette forteresse, pour l’amour du ciel. – Et pourquoi donc ? demanda Galaad. – Seigneur, reprit le jeune homme, je vais te le dire. Chrétien comme vous, je suis tombé au pouvoir des gens qui possèdent ce pays, et ils m’ont obligé à garder leur porte de la façon que vous voyez. Sachez, au reste, chevaliers, que cette forteresse est la plus horrible que je connaisse et qu’on ne la nomme pas pour rien le Château Enragé. Trois chevaliers y résident, trois frères, aussi jeunes que beaux ; mais dès qu’ils aperçoivent un chevalier chrétien, ils perdent la tête et deviennent furieux. Alors, rien ni personne ne peut leur résister. Leur sœur habite aussi dans cette forteresse. Cette jeune fille, l’une des plus belles que j’aie jamais vue, les surveille lorsqu’ils sont pris de rage et tente de les modérer. Eux la redoutent trop pour oser lui désobéir en rien. Et, assurément, sans elle, ils maltraiteraient autrement plus les gens qu’ils ne font. Comme je suis leur esclave, ils parviennent à me supporter, et je n’ai rien à craindre de leur part. Mais je vous assure que, des chevaliers chrétiens qui sont entrés ici, aucun n’est jamais ressorti.
    — Ami, répondit Galaad, mes compagnons et moi y entrerons quand même, car nous sommes persuadés qu’à lui seul Dieu a plus de pouvoir que tous les diables de l’enfer réunis. » Et, sans plus s’attarder, Galaad, Bohort et Perceval franchirent la porte et se dirigèrent vers la haute tour. Or, depuis l’une des fenêtres, la jeune fille dont avait parlé le malheureux gardien les avait aperçus ; et la croix vermeille du bouclier de Galaad n’avait pas manqué de la renseigner sur leur religion. Aussi se précipita-t-elle au-dehors pour les devancer : « Seigneurs ! s’écria-t-elle, n’allez pas plus loin et n’entrez pas dans cette tour ! Trois des plus beaux chevaliers qu’on ait jamais vus y jouent au trictrac et aux échecs, mais leur beauté n’a d’égale que leur cruauté et, de rage, pour peu qu’ils vous voient, ils vous feront périr ! – Jeune fille, répondit Galaad, si Dieu le veut, ainsi que toi-même, rien de tel n’adviendra, mais un bel et bon miracle. Pourquoi s’étonner ? Ceux qui refusent de croire en Dieu deviennent enragés quand ils voient ce qu’il est capable d’accomplir ! » Sans plus attendre, les trois compagnons pénétrèrent dans la tour et montèrent jusqu’à la chambre ou se tenaient les trois frères. Au vu des intrus, ceux-ci se levèrent d’un bond, et, roulant des yeux furibonds, se déchirèrent les vêtements en hurlant comme des démons, puis s’emparèrent de hallebardes et d’épées qui se trouvaient disposées là, bien résolus à venger l’injure ; mais leur démence devint si furieuse qu’ils se précipitèrent les uns sur les autres, s’entre-déchirèrent et s’entre-tuèrent sans causer le moindre mal aux trois compagnons.
    Cependant, la jeune fille manifestait son désespoir que ses propres frères eussent ainsi trouvé la mort, elle se lamentait, pleurait, déplorait de n’avoir pu intervenir afin de les calmer : « Ah ! jeune fille ! dit Perceval, cesse de pleurer, je t’en prie. Renonce plutôt à tes croyances néfastes, car tous ceux qui refuseront de croire en Dieu périront tels des enragés ou tels des démons. » {69} Galaad fit emporter les trois cadavres par des écuyers et leur ordonna de les jeter à l’eau. Puis, quand ils se furent exécutés, il les tua tous parce qu’ils refusaient de croire en Dieu {70} . Ainsi la forteresse fut-elle entièrement débarrassée des païens. Seules furent épargnées la jeune fille et les femmes qui la servaient.
    Perceval redescendit vers la porte de la forteresse libérer l’esclave chrétien qui les avait avertis. Il lui ôta sa chaîne et le mena dans la grande salle
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