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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur
Autoren: Jean Markale
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où la jeune fille persistait à se lamenter, malgré les consolations que lui prodiguaient Galaad et Bohort. « À quoi bon pleurer sur tes frères ? dit Perceval. Ils ont subi le sort qu’ils méritaient, et tu souffrais la première de leur violence et de leur folie. » La jeune fille, qui était extrêmement belle, se mit à regarder Perceval et il lui parut si singulièrement beau que, par courtoisie à son égard, elle sécha ses larmes. Au fond d’elle-même, elle ne pouvait s’empêcher d’en devenir amoureuse. Elle se disait que, s’il consentait à abandonner son Dieu pour ceux auxquels elle croyait, elle ferait volontiers de lui le seigneur de sa forteresse et des terres qui en dépendaient. Et elle se montrait si songeuse que Perceval finit par lui demander à quoi elle pensait.
    « Seigneur, répondit-elle, si j’osais, je te demanderais d’abandonner ta religion et de m’épouser. Tu serais le mieux aimé de tous les hommes, et je ferais de toi le maître de mes domaines. – Cela ne se peut ! répliqua sèchement Perceval. Sache-le, jamais je n’abandonnerai mon Dieu pour les tiens. Et j’ajoute que si tu avais été un homme, vu les dispositions qui sont les tiennes, tu aurais perdu la vie avec tous les autres. Mais, j’en suis sûr, tu reviendras d’erreur. » Sur ce, il alla rejoindre Bohort et Galaad qui examinaient la salle : émerveillés de la voir si vaste et si magnifique, ils déplorèrent que splendeurs semblables se trouvassent aux mains de mécréants. Au même moment, la jeune fille revint vers Perceval. « Seigneur, lui dit-elle, si tu veux bien me promettre de m’aimer comme un chevalier doit aimer une demoiselle, je suis décidée à adopter ta religion par amour pour toi. – Cela, je le peux, répondit Perceval. Sur ma foi de chrétien, je te promets, jeune fille, que, si tu acceptes de recevoir le baptême, je t’aimerai comme ceux qui croient sincèrement en Dieu doivent aimer les dames et les demoiselles {71} . – Seigneur, dit la jeune fille, je ne t’en demande pas davantage. »
    Elle fit à l’instant venir un saint ermite qui avait obtenu la permission de vivre dans la forêt. Aussitôt averti de la situation, il s’empressa si bien de la baptiser, elle et ses suivantes, que, tout heureuse d’être chrétienne, elle changea complètement de dispositions d’esprit. L’ermite demeura longtemps auprès d’elle, l’instruisant dans sa doctrine et célébrant pour elle les offices. La jeune fille mena alors une existence vertueuse et gouverna sagement ses domaines.
    Quant aux trois compagnons, fort satisfaits de l’heureux dénouement de leur aventure, ils regagnèrent sans tarder la nef qui les attendait au rivage, sous les murailles de la forteresse. À peine y étaient-ils montés, que le vent se leva et gonfla les voiles, les emportant rapidement vers la pleine mer. À cela, ils connurent que Dieu lui-même les avait menés en ce pays pour y faire œuvre de missionnaires.
    Ils naviguèrent trois jours et trois nuits et, au matin du quatrième jour, s’aperçurent qu’ils se trouvaient dans un petit port. Une foule énorme assaillait le rivage et se pressait aux portes d’un château. Galaad interrogea un jeune écuyer qui en venait sur le propriétaire de celui-ci : « Il appartient à la reine Jandrée, seigneur, répondit-il. Elle s’est fait conduire devant la porte avec tous ses gens, car on lui a mandé que les trois chevaliers du Château Enragé étaient morts et que trois chevaliers étrangers, après s’être emparés de la forteresse, avaient fait baptiser la demoiselle. Elle s’étonne fort de ces événements et redoute qu’on ne la dépouille de ses terres, car son frère Madaglan d’Oriande étant mort, lui aussi, des mains d’un chevalier du roi Arthur, elle ne peut espérer de secours de personne. On lui a dit également que l’un des vainqueurs du Château Enragé – celui qui possède un bouclier orné d’une croix vermeille, et qu’on nomme le Bon Chevalier – était invincible. Aussi lui inspire-t-il tant de crainte qu’elle préfère gagner un autre de ses châteaux, plus solidement et plus sûrement fortifié que celui-ci. »
    Le jeune écuyer s’étant retiré, les trois compagnons s’entre-regardèrent, perplexes quant à la conduite qu’ils devaient tenir. « Si nous sommes ici, dit enfin Bohort, c’est que Dieu nous y a menés. Il nous faut donc agir. – Tu as raison, dit Galaad, allons trouver
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