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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur
Autoren: Jean Markale
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C’est dans cette coupe que mon fidèle serviteur Joseph recueillit le sang de ma poitrine lorsqu’il me descendit de la Croix et me mit en son tombeau {67} . Mais tu ne l’as pas encore vu aussi manifestement que tu le verras un jour, et sais-tu où ? dans la cité de Sarras, au Palais Spirituel. Tu dois donc t’y rendre et accompagner cette coupe et cette table qu’on ne reverra jamais plus, et sais-tu pourquoi ? Parce que le saint Graal n’est pas assez honoré sur cette terre et qu’un jour ou l’autre, il pourrait devenir la proie des méchants.
    « Aussi t’en iras-tu demain matin jusqu’à la mer. Sur le rivage, tu trouveras la nef où tu pris l’Épée aux Étranges Renges. Mais tu ne seras pas seul : je désire que tu emmènes Perceval et Bohort qui ont été de fidèles compagnons de la quête. À vous trois, vous emporterez la table et la coupe, recouvrant celle-ci d’un voile afin que nul autre que vous ne la puisse voir. Vous partirez donc très tôt, dès le lever du jour, afin que votre départ n’ait d’autre témoin que le roi Pellès. Car il a été mon loyal serviteur et le sera encore longtemps. Galaad, je désire en effet que tu ne quittes pas ce pays sans avoir guéri cet homme qui a tant souffert et qui espère malgré tout en moi. Tu prendras la Lance et l’appliqueras sur la blessure de Pellès. C’est la seule chose susceptible de le guérir, et tu es le seul homme susceptible d’accomplir ce miracle.
    — Mais, dit Galaad, pourquoi ces neuf ne nous accompagneraient-ils pas ? – Parce que je ne le veux point, et parce que ceci doit être à la semblance de mes apôtres. De même qu’ils mangèrent avec moi le jour de la Cène, de même vous avez mangé aujourd’hui à la table du saint Graal. Et vous êtes douze, comme il y eut douze apôtres. Mais ensuite, de même que je les ai séparés pour les envoyer à travers le monde, de même vous séparé-je aujourd’hui les uns des autres. »
    Après avoir prononcé ces dernières paroles, l’homme nu dont les plaies aux mains, aux pieds et à la poitrine saignaient, disparut subitement sans qu’aucun des assistants pût savoir ce qu’il était devenu. Ils se regardèrent les uns les autres, doutant des visions qu’avaient vues leurs yeux et des paroles qu’avaient entendues leurs oreilles. Alors, Galaad se leva, s’approcha de la Lance posée sur la table, la prit entre ses mains et alla en placer le fer sur l’horrible blessure du roi Pellès. Celui-ci poussa un grand cri et se redressa. « Que Dieu soit béni ! s’écria-t-il. Voici la fin de mes souffrances ! Dieu a eu pitié de moi ! » Il se mit à pleurer abondamment, de joie et non plus de douleur. Il se leva comme s’il n’avait jamais été malade ou blessé, s’habilla et vint embrasser chacun des chevaliers présents, et, au comble de l’allégresse, il disait que son royaume était enfin sauvé puisque lui-même avait recouvré toute sa santé et son énergie.
    Sur la fin de la nuit, Bohort, Perceval et Galaad sortirent du manoir et descendirent dans la cour où les attendait le roi Pellès, plus valide qu’il ne l’avait jamais été. Il avait fait préparer leurs chevaux et leurs équipements. Et c’est en sa compagnie qu’ils descendirent jusqu’au port, situé à peu de distance du large estuaire que formaient la rivière et la mer. Là, se balançait la nef de l’Épée aux Étranges Renges, et, quand ils y furent montés, ils s’aperçurent que la table d’argent et le saint Graal se trouvaient à bord, recouverts d’un voile de soie vermeille qui jetait un tel éclat qu’on en était presque ébloui. Le Roi Pêcheur, qui était monté avec eux, contempla une dernière fois la merveille qu’il ne verrait plus jamais puisque, Dieu en avait ainsi décidé, le saint Graal allait sortir de son royaume. Ensuite, il dit à Galaad : « Bon Chevalier, sache que je n’ai jamais eu en ma vie pareil bonheur à celui que j’ai éprouvé en ta compagnie. Grâces te soient rendues pour m’avoir guéri des terribles souffrances que j’endurais, ainsi que pour avoir rendu la vie à mes gens que désespérait la vue de leurs terres incultes et stériles. Que Dieu te conduise maintenant où tu dois aller. » Puis, se tournant vers Perceval, il ajouta : « Quant à toi, beau neveu, je sais que ta mission n’est pas terminée et que tu seras longtemps encore le gardien de cette chose sainte que j’ai de mon mieux préservée de
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