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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur
Autoren: Jean Markale
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même sur lequel ils avaient découvert l’Épée aux Étranges Renges. Mais ce lit était des plus singuliers, car entièrement de bois et dépourvu de coussins. À sa tête était fichée une petite latte entre les planches, et une seconde au pied, toutes deux séparées par la largeur du lit dont les montants étaient soit blancs comme neige fraîche, rouges comme le sang, ou verts comme l’émeraude. À sa base enfin, pouvait se lire une inscription qui disait : « Seul le Bon Chevalier pourra s’allonger un jour sur cette couche faite du bois de l’Arbre de Vie. » Mais, jusque-là, aucun des trois compagnons n’avait éprouvé le désir de tenter l’épreuve.
    Un jour, cependant, où la mer était calme et le vent muet, Bohort et Perceval dirent à Galaad : « Ami très cher, tu ne t’es jamais couché sur ce lit. Il nous semble pourtant qu’il a été appareillé exprès pour toi, l’inscription l’indique assez clairement. Tu dois donc en user, Galaad, puisque tels sont les ordres du Seigneur. » Sans se faire autrement prier, Galaad s’y étendit donc de tout son long et tomba dans un profond sommeil. Il dormit de la sorte si longtemps que, lorsqu’il s’éveilla, la nef se trouvait dans un port que surplombait une vaste cité. « Où sommes-nous ? demanda-t-il. – À Sarras, répondit Perceval. Nous y sommes arrivés durant ton sommeil. » Au même moment, une voix se fit entendre, qui semblait apportée par le vent du large : « Chevaliers ! disait-elle, sortez de la nef, prenez à vous trois la table d’argent et portez-la dans la cité de Sarras, mais ne la déposez pas que vous n’ayez atteint le Palais Spirituel où Notre Seigneur consacra Joseph comme premier évêque de ce pays. »
    Ils allaient soulever la table quand ils aperçurent, sur les flots, la nef dans laquelle, jadis, ils avaient déposé le corps de Lawri, la sœur de Perceval. Et ils se dirent l’un à l’autre : « Par Dieu tout-puissant, cette demoiselle a bien tenu sa promesse de venir nous rejoindre ici ! »
    Ils prirent alors la table d’argent, Bohort et Perceval par-devant, Galaad par-derrière et, quittant la nef, ils se mirent en marche vers la cité. Ils arrivaient à la porte, quand Galaad eut une faiblesse et vacilla sous le poids de la table qui était très lourde. Or, sous la porte, se trouvait un homme qui, soutenu par des béquilles, attendait que les passants voulussent bien lui donner l’aumône pour l’amour de Dieu. Galaad le héla : « Brave homme ! viens et aide-nous à porter cette table ! – Ah ! seigneur, répliqua le mendiant, que dis-tu là ? Voilà dix bonnes années que je ne puis marcher sans le secours d’autrui ou de mes béquilles ! – Ne t’en soucie point, reprit Galaad, viens et lève-toi sans crainte, car tu es guéri. » À ces paroles, l’homme essaya de se lever et, à sa grande stupéfaction, y réussit parfaitement, se trouvant même aussi vigoureux que s’il n’eût jamais été infirme. Il courut donc à la table, la prit par le même bout que Galaad et, en entrant dans la cité, il claironnait à tous ceux qu’ils rencontraient le miracle que Dieu venait de réaliser pour lui.
    En arrivant au Palais Spirituel, très haute forteresse située aux confins de la cité, ils découvrirent qu’il était vide et inhabité depuis des lustres mais que, loin d’être en ruine, il semblait s’être pétrifié dans le temps. Ils se présentèrent à la porte, laquelle s’ouvrit d’elle-même, et entrèrent dans une grande salle où ils aperçurent les sièges que Notre Seigneur avait jadis apprêtés pour Joseph et ses compagnons, les gardiens du saint Graal. C’est dans cette salle que Bohort, Perceval et Galaad déposèrent la précieuse table, toujours recouverte du voile écarlate qui dissimulait aux yeux de tous la coupe d’émeraude ainsi que la mystérieuse lumière qui en émanait.
    Cependant, les gens de la cité étaient tous accourus pour regarder l’infirme qui venait d’être guéri, et ils se faisaient détailler par lui les circonstances du miracle. Quant aux trois compagnons, une fois qu’ils eurent déposé la table d’argent, ainsi que le leur avait commandé la voix, ils retournèrent au port et montèrent à bord de la nef où gisait la sœur de Perceval, et ils rapportèrent le corps au Palais Spirituel, le déposèrent dans un caveau, et rendirent à la mémoire de Lawri les honneurs qu’elle méritait, tout cela
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