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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur
Autoren: Jean Markale
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conformément aux volontés qu’elle avait elle-même exprimées.
    L’arrivée des trois compagnons dans la cité de Sarras n’était évidemment pas passée inaperçue. Chacun racontait de quelle manière ils avaient guéri le mendiant et transporté une table dans le Palais Spirituel. Quand le roi de la cité, qui se nommait Escoran, apprit ces nouvelles, il en fut si intrigué que, sans tarder, il ordonna d’amener les étrangers dans son palais. Ils ne manquèrent pas de se rendre auprès de lui et, après qu’ils l’eurent salué avec la plus grande courtoisie, il leur demanda qui ils étaient, ce qu’ils venaient faire dans sa cité et ce qu’ils avaient apporté sur la table d’argent. Galaad et ses compagnons lui dirent la vérité et lui racontèrent les merveilles du saint Graal, l’avisant aussi des pouvoirs dont Dieu avait doté la coupe d’émeraude.
    Mais le roi Escoran n’était pas chrétien. Au récit que lui fit Galaad, il ne put s’empêcher de rire. Et comme les trois compagnons insistaient pour le convaincre, il finit par se mettre en colère et par ordonner qu’on les emprisonnât, tels des imposteurs désireux d’abuser de la crédulité publique. Il avait également commandé qu’on les laissât sans nourriture et sans boisson. Mais Bohort, Galaad et Perceval furent à peine au cachot que Notre Seigneur, qui ne les avait pas oubliés, leur envoya le saint Graal : et ils furent nourris et abreuvés aussi longtemps qu’ils demeurèrent enfermés.
    Au bout de deux semaines, le roi Escoran se sentit très mal. Se devinant atteint d’une maladie mortelle, il manda les trois compagnons près de lui et leur cria merci pour les avoir ainsi maltraités. Ils lui pardonnèrent de bon cœur et le réconfortèrent en ses derniers instants, car il mourut peu après.
    Après les obsèques, les gens de la cité se trouvèrent dans un grand embarras, car Escoran n’avait aucun héritier, et eux-mêmes ne savaient qui choisir pour lui succéder. Ils se consultèrent longuement et, pendant qu’ils discutaient âprement, une voix se fit entendre au-dessus d’eux, qui leur disait : « Prenez le plus jeune des trois compagnons étrangers qui ont été si longtemps emprisonnés. Il vous protégera et vous donnera de bons avis tant qu’il vivra parmi vous. » Ils obéirent à l’ordre de la voix, allèrent chercher Galaad et en firent leur seigneur en lui posant une couronne sur la tête. Or, lui, quoiqu’il n’eût aucune envie de régner sur cette cité, n’eut garde de se récuser car, faute de consentir, lui-même et ses compagnons eussent été sûrement massacrés.
    Seulement, une fois maître du pays, il fit placer sur la table d’argent une arche d’or sertie de pierres précieuses dont il couvrit le saint Graal. Et, tous les matins, dès qu’il était levé, il venait avec ses deux compagnons dire ses prières et faire ses oraisons dans la grande salle du Palais Spirituel. Or, un jour qu’ils se trouvaient en méditation devant la coupe d’émeraude, ils aperçurent un bel homme en habit d’évêque qui, après être resté très longtemps agenouillé devant la table, se mit à célébrer le rituel de la messe. Lorsqu’il en fut à l’offertoire, il ôta la patène de sur la coupe et appela Galaad : « Viens, fidèle entre tous fidèles, viens, et tu verras ce que tu as toujours désiré voir. »
    Galaad s’avança vers la table et s’inclina au-dessus de la coupe. Et à peine y eut-il jeté les yeux qu’il se mit à trembler, car sa chair mortelle apercevait les choses spirituelles. Il tendit les mains au ciel et dit : « Seigneur, je t’adore et je te remercie d’avoir exaucé mon désir, car je vois à découvert ce qu’aucune langue ne saurait décrire ni aucun cœur imaginer. Je contemple ici l’origine des grandes hardiesses et la cause des prouesses. Je vois ici les merveilles de toutes les merveilles. Puisqu’il en est ainsi, doux Seigneur, puisque tu m’as octroyé l’objet de tous mes désirs, je te supplie de me faire passer, en l’état de joie où je me trouve, de la vie de la terre à la vie du ciel, car il ne me serait plus possible de continuer à vivre maintenant que me sont connus les grands secrets du monde. »
    Bohort et Perceval le virent alors s’agenouiller et distinguèrent nettement l’homme vêtu d’habits épiscopaux : il se penchait vers Galaad et lui tendait une hostie qu’il venait de prendre dans la coupe
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