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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur
Autoren: Jean Markale
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fils du roi Loth d’Orcanie. Mordret tout spécialement lui inspirait un indicible dégoût. Il est vrai qu’un jour, Lancelot l’avait vu tuer froidement un inoffensif vieillard qui lui révélait un secret terrible. Ce crime, il n’avait pu l’oublier, pas plus que bannir de sa mémoire le secret qui concernait Mordret. Mais il s’était juré en lui-même de ne jamais dire à quiconque ce qu’il savait, et il se contentait d’éviter le plus possible de se trouver face à celui que chacun croyait un fils du roi Loth.
    Vers le milieu de l’après-midi, parut une très belle jeune fille, vêtue d’un grand manteau blanc, montée sur un palefroi gris et suivie d’un écuyer chevauchant un roncin. On voyait qu’elle était venue à grande allure, car son cheval était couvert de sueur. Elle se dirigea vers l’endroit où se tenait Arthur, mit pied à terre, s’inclina devant lui et dit : « Roi Arthur, que Dieu te bénisse et garde ton royaume ! – Sois la bienvenue, jeune fille, répondit le roi, quelle que soit ta requête. – Je voudrais savoir si Lancelot du Lac, le fils du roi Ban de Bénoïc, se trouve ici, dit-elle. – Oui, répondit Arthur, assurément, il est ici. Il joue aux échecs sous le grand arbre que tu vois là-bas, au bout de la prairie. »
    La jeune fille s’en alla rapidement auprès de Lancelot, le salua et lui dit : « Lancelot, je viens de la part du roi Pellès et je te prie de me suivre jusqu’à la forêt ». Lancelot lui demanda de quel seigneur elle dépendait. « De celui dont je te parle, répondit-elle. – Mais quel besoin as-tu donc de moi ? – Tu le verras bien. Je ne puis t’en dire davantage pour l’instant. – Par ma foi, dit Lancelot, je te suivrai très volontiers. » Et, sans plus attendre, il commanda à un valet de seller son cheval et de lui apporter ses armes. Tous ceux qui se trouvaient dans la prairie furent affligés, car ils savaient bien que rien ne pourrait retenir le fils du roi Ban. La reine s’était approchée. « Qu’est-ce donc, Lancelot ? dit-elle d’un ton sévère. Prétends-tu nous quitter trois jours avant le jour solennel où le roi tient cour plénière ? » C’est la jeune fille qui répondit : « Dame, ne t’inquiète pas. Sache que Lancelot sera de retour dès demain, avant l’heure du dîner. – Dans ce cas, qu’il parte, dit Guenièvre, mais s’il avait dû s’absenter plus longtemps, je ne l’aurais pas laissé s’éloigner de bon cœur ! »
    Lancelot enfourcha son cheval, et la jeune fille sauta sur le dos de son palefroi. Et ils s’en furent, là-dessus, sans plus de cérémonies, accompagnés du seul écuyer qui escortait la jeune fille. Une fois sortis de la prairie, ils chevauchèrent jusqu’à la forêt, puis, ayant emprunté la grand-route, arrivèrent au bout d’une heure dans une vallée bien abritée où serpentaient de multiples ruisseaux. À l’autre extrémité du chemin, Lancelot aperçut les bâtiments d’un monastère. Dès qu’ils furent parvenus à proximité, la jeune fille se dirigea vers la porte et, après que l’écuyer eut appelé, cette dernière s’ouvrit toute grande. Mettant pied à terre, ils entrèrent tous trois.
    Des religieuses occupaient ce couvent. Quand elles surent que Lancelot du Lac venait d’arriver, elles vinrent à sa rencontre pour lui faire bon accueil, et on le mena dans une chambre où il put être désarmé. Or, pendant qu’on s’affairait autour de lui, il aperçut, couchés dans deux lits, ses cousins Bohort et Lionel, fils du roi de Gaunes. Tout joyeux, il s’approcha d’eux et les réveilla, car ils dormaient d’un profond sommeil. Ils s’embrassèrent avec beaucoup d’affection. « Seigneur, dit Bohort, quelle aventure te conduit ici ? Nous pensions te retrouver à Kamaalot ! » Lancelot leur conta alors comment la jeune fille dont il ignorait le nom l’avait amené en ce monastère sans qu’il sût dans quel but. Pour Bohort et Lionel, ils se rendaient de conserve à la cour d’Arthur quand, la nuit les ayant surpris, ils avaient accepté l’hospitalité des religieuses.
    Tandis qu’ils s’entretenaient ainsi, tout heureux de s’être retrouvés après une si longue séparation, on introduisit dans la chambre un jeune homme d’une telle élégance et d’une telle beauté que Lancelot pensa n’avoir jamais vu son pareil au monde. La religieuse à l’aspect le plus digne – ce devait être l’abbesse – le menait
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