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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur
Autoren: Jean Markale
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Girflet, fils de Dôn, Mabon, fils de Modron, Bedwyr et Kilourh, et bien d’autres chevaliers et barons, tous braves et valeureux, qui s’avouaient vassaux du roi Arthur.
    Quand ils eurent entendu l’office, ils sortirent de l’église et revinrent vers la forteresse, menant gaiement le plus grand tapage. En guise de passe-temps, ils se mirent alors à narrer chacun ce qui lui plaisait. Les uns parlaient d’amour, les autres de chevalerie, se proposant de chercher aventures où ils en pourraient trouver. On remarquait, au milieu de cette assemblée bruyante et désordonnée, le sénéchal Kaï. Il marchait en long et en large, d’une allure très désinvolte, brandissant une canne taillée dans une branche de pommier. Chacun prenait garde de bien s’effacer devant lui et lui laisser toute la place, car chacun redoutait sa langue acérée et les railleries discourtoises qu’elle proférait. Kaï ne respectait personne et s’arrangeait toujours pour provoquer des querelles parmi ses compagnons. Et ceux-ci, quitte à craindre sa méchanceté, s’inclinaient devant sa bravoure et son expérience d’autant plus volontiers que le roi l’aimait… Arthur, certes, n’eût pas toléré que quiconque causât du tort à l’homme qu’il avait longtemps cru son frère.
    Cependant, Kaï s’était approché d’Arthur : « Roi, lui dit-il, je pense qu’il est l’heure d’aller nous restaurer. » Arthur se retourna vers le sénéchal et lui rétorqua sur un ton furieux : « Kaï, tu es vraiment né pour être désagréable et pour parler sans réfléchir ! Tu n’as pas plus de cervelle qu’un oiseau ! Tu connais pourtant la coutume : quand je tiens ma cour plénière, en la fête de Pentecôte, nul ne se peut mettre à table avant qu’une aventure ne survienne ou qu’on n’apprenne quelque étrange nouvelle d’un chevalier ou d’une jeune femme. Va donc t’asseoir dans un coin et cesse de débiter des niaiseries ! » Or, Kaï n’eut garde d’aller s’asseoir. La faim le tenaillait, et c’est dans l’espoir de n’y plus penser qu’il alla écouter les propos qui s’échangeaient dans la grande salle. Il y avait là des gens de toutes conditions, des chevaliers, bien sûr, mais aussi des jongleurs et des courtisanes qui comptaient bien tirer profit de cette journée de fête. Les conversations se prolongèrent si fort après-midi qu’il n’était pas loin de trois heures quand le roi Arthur, enfin sensible à l’impatience générale, fit appeler Gauvain. « Mon neveu, lui dit-il, puisqu’il ne se passe rien, fais seller les chevaux. Nous allons partir et rechercher les aventures puisque celles-ci ne viennent pas à nous. Les chevaliers sont fort mécontents de ce retard, et il faut admettre qu’ils auraient dû dîner depuis longtemps. – Comme tu voudras, mon oncle, s’inclina Gauvain. Je vais donner des ordres. »
    Il dit alors aux écuyers et aux valets de seller les destriers et de préparer de telle sorte les équipements que chacun pût s’armer en cas de nécessité. Il les pria de faire diligence, ajoutant qu’il ne souffrirait aucun retard. Écuyers et valets se précipitèrent donc vers les logis pour y prendre les armes et vers les écuries pour s’y occuper des chevaux. Quand tout fut prêt et que les roncins furent chargés de vêtements et d’équipements, le roi et ses barons montèrent à cheval, ceignirent leurs épées, et l’on se mit en route vers la grande forêt que l’on appelait Brocéliande. On y était engagé déjà profondément quand le roi, prêtant l’oreille, demanda qu’on fît silence autour de lui. « J’entends une voix, dit-il, une voix qui semble appeler à l’aide. Il me faut aller de ce côté-là. Mais je veux être seul, sans compagnon. – Non, mon oncle, dit Gauvain. Laisse-moi te suivre. – Pour rien au monde ! s’écria Arthur. Personne ne m’escortera. N’insiste pas. – Fort bien, dit Gauvain. Puisque tu y tiens, personne ne te suivra. »
    Arthur demanda son bouclier et sa lance, puis, éperonnant son cheval, il se dirigea du côté où la voix avait retenti. Bientôt, il entendit les cris redoubler d’une étrange façon. Il parvint au bord d’une rivière au travers de laquelle se dressait un joli moulin dont la chute écumait à gros bouillons. À l’entrée du moulin, une femme s’arrachait les cheveux, se tordait les mains, criait et se lamentait avec tous les dehors d’un désespoir parfait. Le roi, pris
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