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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur
Autoren: Jean Markale
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Roi Pêcheur.
    On se trouve certes en présence (à nouveau) d’une lignée royale, mais celle-ci n’est plus à la mode celtique : en tant que son petit-fils, Galaad est l’héritier direct du Roi Pêcheur. On a fait davantage encore, on a doté Lancelot d’ancêtres glorieux, sauf qu’ils sont bibliques , pour le coup. Il descend en effet de David et de Salomon, et le roi Ban de Bénoïc, son père, l’avait nommé Galaad. « Lancelot » n’est qu’un sobriquet postérieur. Le héros se serait-il montré indigne de son nom de baptême ? Sa faute majeure, c’est-à-dire ses relations adultères avec la reine Guenièvre, a en quelque sorte effacé son nom réel, dont son fils sera revêtu et, grâce à sa pureté, s’en montrera digne.
    Que d’ambiguïtés toutefois là-dedans ! La conception de Galaad le Pur résulte d’une « impureté », pis même, d’une odieuse tromperie. En donnant à la fille du Roi Pêcheur l’aspect de la reine Guenièvre, on a fait commettre à Lancelot un adultère d’intention. Certes, tout au long du cycle du Graal, les relations « coupables » ou « anormales » semblent de rigueur : le roi Arthur est né d’une tromperie et d’un adultère ; le futur fossoyeur du monde arthurien, Mordret, est né d’un inceste ; le bon chevalier Hector des Mares, frère de Lancelot, est issu d’un adultère de Ban de Bénoïc ; c’est d’une relation illégitime et secrète qu’est né le pur Hélain le Blanc, fils de Bohort, et ainsi de suite… Quant à Merlin, il est le produit de l’union scandaleuse d’une vierge et d’un diable. Et tout cela figure, froidement raconté, dans des récits qui prônent la morale chrétienne ainsi que les vertus de la virginité et de la chasteté.
    Le nom de Galaad est lui-même des plus équivoques. En effet, la référence à David et à Salomon en fait le nom biblique d’un pays montagneux à l’est du Jourdain, donc un terme hébraïque. C’est oublier qu’il existe une racine celtique gal - signifiant « puissant », ou encore « étranger », que l’on retrouve dans le nom des Gaulois et des Galates. Galaad ne serait-il pas « le Puissant », ou « l’Étranger » ? La chose n’a rien d’impossible, surtout si l’on tient compte du continuel mélange de noms bibliques et celtiques dans les récits arthuriens. Bien souvent, le vernis chrétien ou biblique sert seulement à dissimuler un élément païen très archaïque et qui, soit n’était plus compris, soit devait être éliminé.
    D’ailleurs, au milieu des chevaliers de la Table Ronde, Galaad est, quoiqu’on le sache fils de Lancelot, un « étranger ». Et, à l’analyse, son comportement durant la quête ne laisse pas d’être ambigu. Certes, il manifeste les signes prévus et prédits par Merlin. Certes, il agit en parfait chevalier, respectueux du droit et défenseur des justes. Certes, il sait manier son épée et n’hésite pas à combattre, pour peu qu’il se trouve engagé dans une affaire périlleuse. Néanmoins, il semble plutôt glisser sur la terre qu’y prendre réellement appui. Il est désincarné , contrairement à Lancelot et à Gauvain, bien sûr, mais également à Perceval et à Bohort qui vont être ses partenaires sur les chemins de Corbénic. On s’aperçoit alors qu’il sert seulement de guide, et que sa mission consiste surtout à mener à sa suite les deux hommes qui seront les « découvreurs » véritables du Graal. Et il n’est pas illogique qu’il meure immédiatement après avoir contemplé ce qui se trouvait à l’intérieur du Graal . Lui seul est admis à le faire : ni Perceval ni Bohort ne sauront jamais ce que contenait la coupe. Et Galaad aussi vite disparu du monde arthurien qu’il y était entré, voici Perceval qui refait surface, prêt, derechef, à jouer le premier rôle, Bohort n’étant plus alors que le témoin privilégié des merveilles du Graal.
    Si les versions divergent quant au sort final de Perceval, seule celle de Gautier Map le fait mourir quelques semaines après, dans un ermitage qu’il s’est construit près du palais de Sarras, nouvelle résidence du Graal. Les autres auteurs le couronnent tous roi du Graal, mais quelques-uns le font revenir à la cour d’Arthur, sa mission une fois accomplie. Quant à Wolfram von Eschenbach, il l’établit solidement dans l’étrange domaine de Montsalvage et en fait le père de Lohengrin, le « Chevalier au Cygne », ancêtre
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