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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia
Autoren: Sara Poole
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le reste de la journée. Lorsque l’intendant me vit il se fendit d’un grand sourire, au point que je craignis pour sa mâchoire. Il semblait animé d’un tel sentiment de bonheur sans mélange à me retrouver en vie que je ne pus m’empêcher de penser qu’il avait peut-être misé un peu d’argent là-dessus. À sa place j’aurais certainement fait de même, car à l’évidence la cote en faveur de ma « résurrection » aurait été extrêmement avantageuse.
    Je lui fis un bref salut de la tête, puis tournai toute mon attention vers Borgia. Sa Sainteté, elle, n’avait pas du tout l’air d’apprécier que l’un de ses plus fidèles serviteurs soit de retour parmi les vivants. Au contraire, elle semblait prête à me renvoyer en enfer séance tenante.
    De toute évidence j’aurais dû être remplie de crainte, mais au lieu de cela un grand calme me gagna soudain. Son origine n’était pas un mystère pour moi : j’avais affronté ma plus grande peur, la quasi-certitude qu’en tant que créature des ténèbres, je ne pourrais rester dans la lumière de Dieu. J’étais entrée dans le lieu le plus sacré de tous, et j’avais survécu. En comparaison, affronter Borgia ne me semblait tout à coup plus si terrible que cela.
    Mais ce n’est pas pour autant que je coupai au spectacle de sa fureur.
    — Explique-toi ! me somma-t-il après que tous sauf César se furent prudemment éclipsés du bureau. Bonté divine, mais à quoi songeais-tu en mettant en scène pareille farce ? Nous avons même dit une messe pour toi, enfin ! Parbleu, mais tu as perdu la raison !
    — Et toi tu es resté en vie, rétorqua vivement César. Il regardait son père droit dans les yeux et ne vacilla point – même quand Borgia vira au violet.
    — Et dire que pendant tout ce temps vous étiez de connivence tous les deux, s’énerva le pape. D’un côté un fils déloyal, de l’autre une empoisonneuse perfide. Mais qu’ai-je donc fait au ciel pour mériter un tel fardeau ?
    Sérieusement ? Voulait-il vraiment qu’on lui dresse une liste ? Je n’avais que faire d’entendre le Vicaire du Christ sur Terre nous raconter combien il avait été abusé et maltraité.
    — Vous n’avez qu’un mot à dire, et je cesserai d’être un sujet de préoccupation pour vous, lui dis-je froidement.
    Par deux fois j’avais échoué à venger le meurtre de mon père et à nous débarrasser de Morozzi, car je m’étais sentie tenue de sauver Borgia. Cette charge d’empoisonneuse, que j’avais ravie à un autre en pensant qu’elle m’apporterait le pouvoir nécessaire pour tuer le prêtre fou, m’avait en fin de compte été d’un piètre secours.
    — Si tel est votre souhait, je me retirerai avec joie de votre service, poursuivis-je. Ainsi je serai libre de traquer Morozzi comme je l’entends. Rien d’autre ne m’importe véritablement, vous devriez le savoir.
    Ce n’était pas une vaine menace ; en cet instant, je pensais vraiment ce que je disais. Malgré les sentiments que je portais à César, l’idée d’en avoir terminé avec La Famiglia m’attirait presque irrésistiblement. Ils mettaient un tel point d’honneur à ne songer qu’à eux-mêmes, à piétiner tout le monde sans discernement, à avoir sans cesse les exigences les plus extravagantes, que l’air en devenait proprement irrespirable autour d’eux. Je me sentais tout à coup très lasse.
    — Francesca, commença César. Il avait l’air consterné, et je ne pouvais lui jeter la pierre : la moindre des choses aurait été de l’avertir avant de me lancer dans un tel discours. Pourtant il me connaissait à présent et devait savoir qu’il ne pouvait attendre pareille considération de ma part.
    Borgia, au contraire, avait l’air de se soucier si peu de mes paroles que c’en était suspect. Il prit le temps de me regarder de la tête aux pieds, comme pour s’assurer que j’étais bien vivante et qu’il ne parlait pas à un fantôme, puis me lança :
    — Rien d’autre ne t’importe, en es-tu bien sûre ? Que fais-tu de Lux, dans ce cas ?
    — Lux ? Qu’est-ce que c’est ? intervint César en fronçant les sourcils.
    Borgia haussa les épaules.
    — Cela dépend du point de vue d’où l’on se place. Certains vont te dire que c’est une assemblée de conspirateurs déterminés à user d’alchimie ainsi que d’autres moyens pour saper l’influence de notre Mère la sainte Église et ouvrir la voie au diable.
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