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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia
Autoren: Sara Poole
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que tout ce que je souhaite moi, c’est la paix.
    — Quel genre de paix exactement, dis-moi ? rétorqua César d’un ton non moins véhément. Nous nous trouvions dans l’une des nombreuses antichambres du palais du Vatican, où César avait réussi à acculer son frère entre la fin de la messe et le début des festivités en l’honneur du futur marié. Je faisais de mon mieux pour me fondre dans le décor, comme tout bon domestique doit savoir le faire. Mais je me fatiguais peut-être pour rien, car je doutais que Juan soit assez perspicace pour me reconnaître, ainsi accoutrée. Une femme osant s’habiller comme un homme ? Cela devait tout bonnement le dépasser.
    D’autre part, tout le monde savait que la strega était morte.
    — Une paix qui verrait Saint-Pierre en ruine et nous tous ensevelis dessous ? continua César. C’est ce genre de paix dont tu parles ? Figure-toi que l’homme que tu as protégé avait l’intention d’accomplir exactement cela. Mais enfin, comment as-tu pu faire alliance avec lui ? Comment ?
    — Tu mens ! Il n’a jamais souhaité pareille chose. Le père Morozzi est un émissaire du cardinal della Rovere venu apporter des messages d’amitié et de paix. Tout ce qu’il voulait, c’était convaincre notre père qu’ils n’avaient pas besoin d’être ennemis, ni de se faire la guerre ! Et tu as ruiné tout espoir d’y parvenir. Il m’avait bien dit que tu avais peut-être infiltré un espion dans ma maison, mais je n’ai pas voulu le croire. Quand il a compris qu’on l’avait repéré, il n’a eu d’autre choix que de partir, sans quoi il risquait de périr par ton épée.
    — Bougre d’imbécile ! rugit César. Mais bon Dieu, comment arrives-tu même à survivre en étant aussi bête ? Il est parti parce qu’il avait accompli ce qu’il était venu faire ; du moins le pensait-il. Que crois-tu, que ce sont des anges qui ont mis les barils de poudre dans la basilique et se sont arrangés pour qu’ils explosent tous pendant la messe ?
    — Bien sûr que non, répliqua Juan en regardant son frère d’un air renfrogné. Si ce que tu dis est vrai, c’est certainement la sorcière qui l’a fait, peut-être même avec ton aide. Dieu merci, elle est allée rejoindre l’autre monde.
    — Ça va lui faire un choc terrible d’apprendre que je suis encore en vie, lançai-je quand César eut quitté la pièce comme un ouragan, avec moi sur ses talons. Plus tard, il me faudrait faire le deuil des sentiments que m’inspirait la fuite de Morozzi – une fois de plus. Mais en cet instant précis j’aspirais surtout à calmer César : après tout, j’allais avoir besoin de son aide lorsque l’heure de l’entrevue avec son père sonnerait.
    Borgia avait en effet été informé de mon stratagème. Vittoro n’avait eu d’autre choix que de le mettre au courant, ce qui m’arrangeait à vrai dire, car ainsi il aurait eu tout le temps de rager et de tempêter en mon absence. Du moins l’espérais-je. Il ne me tardait pas précisément de le constater par moi-même, à vrai dire.
    Toutefois, plus l’heure avançait et plus ma détermination s’affirmait. Je me disais que je m’étais tout de même donné beaucoup de mal pour sauver le pape, sans parler du fait que j’avais risqué ma propre vie. D’accord, il croirait très certainement que ma véritable motivation dans tout cela avait été de tuer Morozzi, mais au final cela revenait au même : Borgia était vivant, et avec lui tous les grands projets qu’il avait pour La Famiglia. Cela devait bien compter pour quelque chose, non ?
    — Vas-tu lui dire ce que tu sais sur Juan ? m’enquis-je en suivant César dans le grand escalier de marbre menant au bureau papal.
    — À quoi bon ? répliqua-t-il sans se retourner. Jamais il ne me croira. Il pensera juste que j’agis par jalousie. Ce que j’ai de mieux à faire maintenant, c’est de m’assurer qu’il ne rejette pas la faute sur toi.
    J’étais partagée à l’idée que César livre bataille pour moi – je reconnaissais volontiers que son aide me serait précieuse, mais mon maudit caractère de femme indépendante s’y opposait. Quand bien même, mieux valait ne pas lui répondre, tant que je n’avais pas décidé du meilleur moyen de me tirer de ce mauvais pas.
    Borgia n’était pas seul ; plusieurs de ses secrétaires étaient présents, ainsi que Renaldo, qui passait en revue avec lui la liste des événements prévus pour
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